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Le mécano devenu directeur des ventes !

Edition N°15 – 20 avril 2022

Francis Koller : un Delémontain fier d’être devenu Prévôtois. (photo oo)

Delémontain arrivé à Moutier en 1974, Francis Koller ne trouve toujours pas les mots pour témoigner sa reconnaissance à Tornos qui l’a non seulement comblé sur le plan professionnel, mais qui lui a également servi l’amour sur un plateau via la rencontre avec sa future épouse Ginette. Aujourd’hui âgé de 75 ans, le fondateur et ancien directeur de SIAMS met son savoir au service de la Fondation Santé Prévôtoise qui récolte des fonds pour soutenir l’installation de cabinets médicaux ainsi que les institutions déployant leurs activités en ville de Moutier et environs dans le domaine des soins. Quand s’arrêtera-t-il, l’ami Francis ?

Décrire Francis Koller comme étant le plus Prévôtois des Delémontains équivaut à enfoncer une porte ouverte tant cela semble relever de l’évidence. Ce que nous ignorions, en revanche, c’est que son intégration en Prévôté fut loin d’être une formalité : « Contrairement à Delémont qui proposait des terrasses pleines et des fins de semaine animées, la ville de Moutier me semblait particulièrement calme. Plutôt que de sortir en ville après le boulot, les gens se reposaient. C’était l’époque des « dimanches sans voiture » et quand j’arrivais à Moutier en train, la ville était déserte. Un sacré contraste avec Delémont. Je me souviens aussi qu’en venant de l’extérieur, il n’était pas facile d’entrer et de se faire accepter dans les cercles prévôtois. Fort heureusement, la situation a évolué et Moutier est presque devenue une ville festive. Comment expliquer cette métamorphose ? Des événements comme la Braderie prévôtoise ou la Quinzaine culturelle sont des éléments qui ont fait exploser cette retenue. On a invité les gens à participer à la vie associative et la mue s’est opérée tout naturellement », explique Francis Koller. « Je pense que SIAMS a lui aussi contribué à faire changer les choses. Cette manifestation a engendré un réel engouement dans la région et l’on a même vu, lors des premières années, des décorations de vitrine avec des anciennes machines du Musée du tour automatique. Il est clair que de toutes mes activités économiques, c’est le SIAMS dont je suis le plus fier. On vient de sortir de la 17e édition et j’ai encore pu constater l’ambiance relationnelle exceptionnelle qui règne entre les partenaires économiques. C’est absolument génial ! » s’exclame-t-il. Si Francis Koller a pu prendre le temps nécessaire pour faire rayonner le SIAMS, c’est aussi grâce à son employeur qui s’est montré particulièrement flexible avec lui : « Sans l’autorisation du conseil d’administration de Tornos, je n’aurais jamais pu vaquer à toutes mes activités économiques. Si j’ai toujours été soutenu, c’est sans doute aussi parce que l’entreprise y trouvait son compte en termes d’image. Il faut dire que je n’ai jamais fait des choses qui n’étaient pas raisonnables. Cela dit, j’ai quand même parfois éprouvé certaines craintes, dont la pire était de me retrouver un jour en photo dans le journal en coupant le ruban du SIAMS et qu’à la page suivante, on annonce des licenciements chez Tornos. »

Rôle de rassembleur joué à la perfection

Francis Koller relève aussi que le fait de n’avoir jamais pris position dans la Question jurassienne lui a ouvert une autoroute qui se serait probablement transformée en chemin tortueux dans le cas contraire. « En tant que Delémontain, les ministres jurassiens de l’époque étaient tous des amis d’enfance et le courant passait forcément bien entre nous. Comme j’occupais la fonction de président de la CEP, je me suis également senti très proche des autorités bernoises avec lesquelles je n’ai jamais connu le moindre problème. Au SIAMS, nous avons organisé la réception des exposants avec les deux cantons. Et dans la foulée, les Neuchâtelois nous ont rejoints eux aussi. » Francis Koller a toujours joué son rôle de rassembleur à la perfection, mais le fait de ne pas véhiculer d’étiquette politique était un couteau à double tranchant : « Croyez-moi, cette neutralité n’a pas toujours été facile à gérer. » Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elle suscitait de la méfiance dans un paysage socio-économique où les têtes qui dépassent ont pratiquement toutes dévoilé leur appartenance politique. Mais c’est bien connu, Francis Koller ne fait rien comme les autres… Prenez sa carrière professionnelle, par exemple. Vous en connaissez beaucoup des employés qui commencent par un apprentissage de mécanicien pour finir directeur des ventes ? C’est pourtant un tel scénario qui s’est dessiné chez Tornos. « Après mon apprentissage de mécanicien, j’ai renchéri avec un apprentissage de dessinateur. Et après, j’ai commencé de travailler à la vente. » Un parcours insolite et exemplaire qu’il ne serait tout simplement plus possible de suivre aujourd’hui. Jamais avare en anecdotes, Francis Koller a confié que Tornos lui avait même permis de rencontrer son épouse Ginette, Prévôtoise pure souche, qui travaillait elle aussi au sein de ce fleuron de la machine-outil. « J’ai déménagé à Moutier en 1974. Je m’en souviens, car c’était l’année de mon mariage. » Lorsqu’on demande à Francis Koller un fait marquant de l’époque en Prévôté qui lui manque aujourd’hui, sa réponse fuse : « C’est de ne plus voir évoluer le FC Moutier en LNA », glisse-t-il, tout sourire. « D’un point de vue industriel, l’évolution est plutôt positive. Contrairement à d’autres régions, nous n’avons pas assisté à un quelconque démantèlement, à Moutier. Vous savez, on parle de Tornos, mais il n’y a pas qu’elle. On dénombre moult entreprises leaders dans la mécanique et le décolletage et c’est très réjouissant. » Au fait, comment Francis Koller envisage-t-il l’avenir à Moutier ? « Je pense que les choses vont se corriger, si correction il y a à faire. Il faut simplement laisser du temps au temps. Certains s’affolent au niveau de la démographie de la ville, pas moi. Pourquoi vouloir à tout prix viser plus d’habitants ? Moutier est une ville bien proportionnée et si la population venait à augmenter considérablement, des montants importants devraient être injectés pour procéder à une adaptation des infrastructures. Et puis, on voit ce qui se passe ailleurs. Les nouveaux habitants affluent et cela donne des cités-dortoirs. Pas de ça chez nous ! »

Sa chance ? La santé !

Si Francis Koller n’a jamais songé à préparer sa retraite, c’est tout simplement parce qu’il n’a pas de retraite. « A l’âge de 75 ans, j’ai beaucoup de chance d’être en santé et de pouvoir continuer à m’impliquer dans des activités passionnantes », confie-t-il. Nous l’avons d’ailleurs rencontré dans son bureau situé au cœur du secteur de la gare à Moutier où il met son savoir au service de la Fondation Santé Prévôtoise. Cette institution à but non lucratif a vu le jour en 2017, à l’initiative de l’Hôpital du Jura bernois et de la Municipalité de Moutier. « Elle encourage les médecins généralistes et une médecine de proximité qui contribue à préserver un lien social essentiel », peut-on lire dans sa brochure de présentation. « Au moyen des fonds récoltés, la Fondation soutient l’installation de cabinets médicaux, ainsi que les institutions déployant leurs activités en ville de Moutier et environs dans le domaine des soins. » Les donateurs se voient offrir l’opportunité de soutenir cette Fondation sous différentes formes : don unique ; soutien régulier s’inscrivant dans la durée ; procéder à un lègue avec générosité et conviction d’un patrimoine total ou partiel ; impliquer son entreprise dans une action de mécénat.

Au chapitre des loisirs, Francis Koller a définitivement rangé son équipement de motard au placard, en 2021 : « Je ne voulais pas faire l’année de trop », relève-t-il. « Avant de rendre les plaques, je me suis quand même offert le col du Stelvio. C’est un peu comme quand on vend son vélo, l’étape qui précède est l’ascension du Mont-Ventoux. » Avec ou sans moto, Francis Koller continue de mettre du piment dans sa vie trépidante. Mais où va-t-il donc puiser toute son énergie ? Dans la source intarissable de la passion, pardi !

Olivier Odiet

 

Francis Koller : un Delémontain fier d’être devenu Prévôtois. (photo oo)