Du spectacle à l’écriture, il n’y a qu’un pas que Rachel Monnat n’a pas hésité à franchir pour rédiger deux romans dont celui qui a été écrit en premier, « Un jour, j’ai jailli », s’est finalement vu brûler la politesse dans la hiérarchie des sorties par le deuxième intitulé « L’intouchable nudité » qui évoque le thème de la modèle pour artistes. Même si certaines expériences de modèle ont été vécues par l’auteure ajoulote, ce roman comprenant 260 pages reste une fiction.
Parallèlement à ses études d’infirmière, Rachel Monnat a pratiqué la flûte à bec et le chant. Elle a travaillé six ans comme infirmière, avant de quitter cette voie pour devenir modèle pour peintres, dessinateurs et sculpteurs. Un métier dont elle a connu l’existence par une conversation. Cette expérience lui a permis de se recentrer, d’apprendre à se connaître, à retrouver ce qu’elle avait perdu dans le monde médical. Sa notoriété est montée en flèche grâce à deux spectacles, soit « Rachel et ses amants », qui parle des hommes et de la découverte de la sexualité. Dans son deuxième spectacle, « Le sexe de la modèle », elle relate son expérience de modèle où elle recrée l’ambiance d’un atelier, nue sur son socle, comme si elle posait devant des peintres, alors qu’elle est devant le public et raconte ses pensées et sa vie. Rachel Monnat a tourné entre 2012 et 2015, dans toute la Suisse romande, aux festivals Off d’Avignon en 2013 et 2014, ainsi qu’à Paris pendant trois mois. Elle a rencontré un éclatant succès auprès du public, avec 130 représentations et plus de 8000 spectateurs. Depuis 2015, l’Ajoulote évolue dans l’univers de l’écriture, tout en continuant d’approfondir ses thèmes fétiches : la sexualité et la nudité. « Mon premier livre « Un jour, j’ai jailli » fait écho à mon spectacle « Rachel et ses amants », créé en 2012. En 2019, je me suis plongée dans l’écriture d’un deuxième roman « L’intouchable nudité ». Ce livre tire un parallèle avec mon deuxième spectacle « Le sexe de la modèle », créé en 2014 au Festival Off d’Avignon. »
Mais à quoi pense donc une modèle quand elle est immobile, nue devant une vingtaine d’élèves qui la dessinent ? Ils sont concentrés à la croquer avec les bonnes proportions ; elle est là, dépouillée, dans son plus simple appareil, sans bouger ; pourtant elle ne s’est jamais sentie aussi libre. Le roman de Rachel Monnat se construit dans les pensées de la modèle. Orianne raconte ce qu’elle voit, ce qu’elle entend, ce qu’elle vit ; elle se rappelle des conversations avec sa famille, ses amis ; elle pense, rêve, imagine, philosophe, délire, se confie à Jules, souhaite arrêter son métier d’infirmière ; ne comprend pas pourquoi la nudité est encore si tabou, pourquoi on la lie à la sexualité. Elle mène sa quête et découvre des secrets dans sa famille… En tant que fille de libraire, Rachel Monnat a privilégié les librairies de Suisse romande pour écouler son roman qui sort en ce mois d’avril. En automne 2021, paraîtra « Un jour, j’ai jailli », son autobiographie qui s’articule autour de la sexualité.
(cp-oo)
www.accrosens-editions.com
Défi audacieux
Rachel Monnat n’a pas été très en veine à l’époque où elle cherchait une maison d’édition : « J’ai reçu des réponses négatives, mais aussi deux positives. J’ai d’ailleurs presque signé avec un éditeur. Cependant, l’un me demandait de faire des coupures dans les fondements même du livre. Nous n’avions donc pas la même vision de son impact. Pour l’autre éditeur, nous étions en accord pour le contenu, en revanche, nous n’étions pas en harmonie pour la promotion », confie-t-elle. « En août 2020, je me suis arrêtée pour réfléchir… Est-ce que je continue de chercher un éditeur, ou est-ce que je me lance comme éditrice ? La deuxième solution me semblait insurmontable, car je désirais être aiguillée, validée, conseillée par un éditeur.
Pourtant aucun n’avait répondu à mes questions. En discutant avec un couple d’amis, ils m’ont dit : « Il faut que tu acceptes ton rôle de leader ! » La phrase a tilté ! Je n’arrivais pas à me soumettre aux habitudes des maisons d’éditions. Autour de moi, cela paraissait une évidence que je fonde Accrosens éditions. J’étais la seule à avoir mis des œillères. « Accrosens » représentait déjà mes projets artistiques. Et tout se déroule aisément, je me renseigne, je trouve mes réponses, j’exécute mes idées. Je n’ai pas besoin d’espérer que l’éditeur soit d’accord de me suivre… Et ce métier est bien plus créateur que ce que je pensais au départ ! Même si ma plume me démange pour commencer mon troisième livre… ne sachant par lequel commencer des trois romans en attente », conclut-elle.
(cp-oo)