Le 14 juin 2019, la Maison de l’enfance «Les Ecureuils» de Corgémont sera fermée pour cause de grève. Ses collaboratrices revendiquent, entre autres, la valorisation sociale et financière des métiers perçus comme «féminin» comme stipulé dans le manifeste pour la grève féministe et des femmes. Les parents ont été prévenus de cette fermeture exceptionnelle.
Les éducatrices de l’enfance sont concernées sur plusieurs plans par la grève des femmes. Le métier est exercé en très grande majorité par des femmes et perçu comme typiquement féminin. Il est assimilé à des activités d’éducation principalement assignées aux femmes et dévalorisé sur les plans social et économique. Le parallélisme entre le travail de prise en charge des enfants et le travail domestique reste très répandu. L’idée selon laquelle les métiers de la petite enfance mobilisent des qualités féminines et maternelles qui seraient «naturelles» souffre des stéréotypes de genre assignant aux femmes un instinct de maternage. Leurs compétences professionnelles passent dès lors au second plan car considérées comme «innées». La reconnaissance salariale des éducatrices est ainsi très faible. Le désengagement partiel des femmes du travail domestique en raison de leur plus grand engagement dans le travail productif est à l’origine d’un besoin accru de garde extrafamiliale des enfants. Ici, les éducatrices se retrouvent spectatrices d’un phénomène sociétal qui engendre des inégalités entre les hommes et les femmes, puisque c’est principalement les mères qui voient leur activité professionnelle modifiée à l’arrivé des enfants dans la famille. Une des missions des éducatrices est de développer une action professionnelle égalitaire et non discriminante entre les filles et les garçons. Elles sont formées à cela car gommer les stéréotypes de genre est bien souvent contre-intuitif. Si ces stéréotypes sont bien présents dès la petite enfance, ils ne sont pas encore figés dans la représentation des enfants. «Notre métier nous tient à cœur. Parce que nous sommes engagées auprès des enfants et de leurs familles, nous voulons l’égalité et la fin des discriminations de genre», relève l’équipe de la Maison de l’enfance. La Maison de l’enfance est une institution associative subventionnée par le canton de Berne, la Maison de l’enfance de Corgémont emploie 13 personnes dont 3 en formation. 27 familles profitent de cet accueil.
(cp)