Portraits

«Je ne pleurniche pas, je constate»

Edition N°20 - 22 mai 2019

Devant les médias régionaux, François Vorpe s’est plongé dans son livre «La vie en roux» pour y extraire un passage de son choix. (photo oo)

«J’aimerais juste apporter une petite goutte à la compréhension des gens vis-à-vis des roux». Tels sont les mots prononcés par François Vorpe lors de la présentation de son livre «La vie en roux» qui s’est tenue dans le cadre idyllique de La Neuveville. Le même qui lui avait déjà servi de décor pour la sortie de son premier livre «Passionnément croque-mort» en 2012. Marier une toison rousse avec le bleu du lac, en voilà une idée originale… 

«A la plage, je suis plus intéressant que Georges Clooney bronzé.» «Si les gens qui se moquaient de moi à l’époque sont devenus sympas, c’est probablement parce qu’ils ont compris que je suis moins con que j’en ai l’air.» «Je n’ai jamais été un concurrent pour un mec qui convoitait une fille puisque les nanas me fuyaient» ou encore «Les rousses sont magnifiques, mais les roux sont moches.» Comme Christian Constantin, François Vorpe a le sens de la formule percutante. C’est donc en buvant littéralement ses paroles que les journalistes régionaux ont découvert l’enfer vécu par les roux de l’enfance à la vie adulte en passant par l’adolescence. «Je n’ai surtout pas écrit ce livre pour jouer le Calimero qui pleure, mais simplement pour apporter une petite goutte à la compréhension des gens vis-à-vis des roux», a-t-il confié. «Ma démarche ne vise pas à protéger les adultes qui arrivent à se débrouiller, mais aux enfants qui se retrouvent systématiquement agressés en raison de leur couleur de cheveux. J’aimerais bien que cette situation puisse évoluer.» Aujourd’hui, François Vorpe n’en veut pas aux enfants qui lui ont en fait voir de toutes les couleurs dans la cour de récréation. «J’étais différent, donc je devenais forcément une cible privilégiée. Les auteurs de toutes ces moqueries ne se rendaient même pas compte du mal qu’ils pouvaient me faire. Je ne leur en tiens pas rancune. En revanche, j’en veux toujours à cette institutrice qui s’est montrée odieuse avec moi.» 

Trouver des astuces pour échapper aux moqueries 

Pour tenter de focaliser l’attention des enfants sur une autre particularité que celle de sa couleur de cheveux, François Vorpe a utilisé différentes astuces, dont l’humour et le sport. «Dans le train, mes gags faisaient mouche, alors j’y ai pris goût.» Autre source de délivrance: le hockey sur glace: «Je jouais derrière et c’est vrai que j’arrivais parfaitement à me faire respecter vu ma stature imposante», souligne-t-il. «Le seul avantage de toutes ces agressions, c’est qu’elles m’ont véritablement blindé, vacciné. Quand quelqu’un veut se moquer de moi aujourd’hui, je lui dis: même si tu reprends de l’élan, ça ne va pas me toucher. Je suis conscient que le fait d’avoir été humilié m’a forgé un caractère qui m’a permis d’acquérir une bonne situation professionnelle, mais sans cette couleur de cheveux, je serais encore allé plus loin, j’en suis convaincu.» 

Allergique à l’humiliation

Si François Vorpe a écrit «La vie en roux», c’est aussi pour que ses enfants puissent mesurer à quel point il a souffert de cette situation: «A la maison, je n’ai jamais fait la moindre allusion à cette discrimination. D’où l’étonnement de ma fille en prenant connaissance du livre.» En rédigeant son ouvrage publié aux éditions du Roc à Saint-Imier, François Vorpe admet qu’il s’est un peu libéré de son traumatisme. Mais il reste néanmoins toujours allergique à l’humiliation: «C’est quelque chose de terrible que je ne pourrai jamais accepté.» 

Tous au Festival des Roux!

Déjà existant en France, un Festival des Roux sera organisé de manière interactive par François Vorpe du 28 au 30 novembre prochain aux Breuleux à la salle des Planches. Une belle occasion d’échanger des expériences et de partager des moments de convivialité sans distinction de couleurs de cheveux. 

Olivier Odiet

Devant les médias régionaux, François Vorpe s’est plongé dans son livre «La vie en roux» pour y extraire un passage de son choix. (photo oo)