A l’exception de Francis Pellaton (Moutier à venir), les élus antiséparatistes (UDC, PLR, PSJB) du Conseil de ville de Moutier ont décidé de démissionner. Ce coup d’éclat survenu lors de la séance du législatif du lundi 28 juin s’explique par le fait que la motivation n’est pas du tout de mise pour procéder au transfert de la ville de Moutier dans le canton du Jura. Les élus concernés préfèrent donc s’effacer pour laisser la place à des personnes en phase avec ce projet. Morena Pozner (PSJB), Patrick Röthlisberger, Steve Léchot (PLR) et Patrick Tobler (UDC) ont convoqué les médias le mardi 29 juin dans leur fief du Cheval Blanc pour expliquer leur décision.
« Nous ne voulons pas jouer un rôle de serre-frein pour Moutier ! » Tel est en substance le message qui s’est dégagé des propos tenus par les intervenants à ce rendez-vous politique qui s’est déroulé en présence d’un dispositif journalistique de la même envergure qu’un point presse de la « Nati ». On exagère à peine… En effet, ce ne fut pas facile de se frayer un passage pour accéder à la table occupée par les ténors du camp antiséparatiste à Moutier.
« Le canton du Jura hérite d’un sacré boulet ! »
« C’est avec regrets que nous allons nous retirer de toutes fonctions politiques à Moutier. Oui avec regrets, bien que les motivations des divers élus soient différentes, nous avions principalement espoir d’œuvrer pour le bien de notre ville. Malheureusement, à l’heure du bilan, il faut bien admettre que cette fichue Question jurassienne aura empêché toutes décisions politiques sensées », signale Patrick Tobler. « J’en veux pour exemple les comptes de la ville de Moutier. Toutes mes excuses, mais il y a clairement tromperie derrière cet exercice, un manquement grave au devoir du respect du citoyen. Qu’on ne vienne pas me dire que le vote n’a rien à voir là-dedans. Mais je m’en veux aussi d’avoir pu croire en nos autorités comme quoi elles auraient le courage de prendre le taureau par les cornes. Une fois de plus, nous étions trop honnêtes, sans imaginer les manigances que peuvent mettre en place nos adversaires. » Et Patrick Tobler d’ajouter : « Nous basant sur la liberté de tout être humain et de tout élu, nous démissionnons. La majorité séparatiste désire aller rapidement vers son transfert ? Pas de problème ! Nous ne serons pas présents pour porter le chapeau de ce désastre programmé. Les autonomistes ont imposé un choix institutionnel à une courte majorité, c’est désormais à eux de l’assumer. Je n’ai aucune raison de penser que le canton de Berne va mettre les pieds au mur, mais les choses prennent du temps quand il faut faire voter deux Parlements cantonaux, deux populations et les Chambres fédérales. Nous souhaitons beaucoup de courage aux Prévôtois qui vont subir le démantèlement de leur ville. Nous avons même une petite pensée envers les Jurassiens du canton, qui vont hériter d’un sacré boulet… J’espère cette fois sincèrement me tromper, comme le dit un certain maire, au Jura tout ira mieux, puisse le bon Dieu l’entendre pour le bien de nos citoyens. »
Des acteurs inutiles !
De son côté, Patrick Röthlisberger (PLR) relève que « la vision d’avenir que nous avions était clairement le développement de la ville dans son bassin naturel qui est le Jura bernois et le canton de Berne. Un avenir tourné vers Bienne et non pas vers Bâle. Ce but ainsi que les intérêts qui y sont liés n’étant plus de mise, nous pensons avec raison que notre place n’est plus au Conseil de ville et qu’il faut laisser les personnes en phase avec ce nouveau projet siéger afin qu’elles prennent en main l’avenir de Moutier et son intégration dans le canton du Jura. Nous sommes certains que nos électeurs comprendront notre démarche. » Patrick Röthlisberger a ensuite dressé l’inventaire des dossiers à problèmes comme la rénovation des vestiaires et de la buvette de la piscine ; les Pavillons de la Birse ; l’école ménagère avant de mettre le doigt sur des dysfonctionnements : « Dans certaines commissions, les décisions sont prises par le bureau entièrement séparatiste, et ne sont même pas remontées aux membres par PV. Et la liste des dysfonctionnements pourrait encore être allongée (caisse de pension, Forum de l’Arc, etc.). Pour toutes ces raisons, nous ne voulons plus être des acteurs qui ne peuvent rien faire, parce que minorisés. Nous ne voulons plus servir d’alibis pour des projets foireux. D’où nos démissions avec effet immédiat. »
Une réconciliation bidon
Steve Léchot a précisé que la décision de démissionner n’était pas émotionnelle mais rationnelle. Il a aussi signalé que le fait d’insuffler du sang neuf par le biais de personnes acquises au projet de transfert de Moutier dans le canton du Jura, allait éventuellement revivifier le Conseil de ville. S’agissant des promesses de réconciliation émanant du camp séparatiste, il explique que c’était juste du vent, aucune table ronde n’ayant été mise en place par les gagnants du vote du 28 mars. Morena Pozner a précisé que son projet à elle était d’œuvrer pour faire rayonner le Jura bernois. En réponse à la question d’une journaliste lui demandant si elle ne redoutait pas d’essuyer des critiques de ses électeurs après cette démission, Morena Pozner a relevé que ce ne sont pas des réactions négatives qui pleuvent, mais plutôt des félicitations. Les viennent-ensuite des partis antiséparatistes ont également décider de ne pas siéger. On notera encore que des élections complémentaires devront être organisées pour procéder au remplacement des treize démissionnaires.
Olivier Odiet