Politique

Les politiques rendent le ciel nuageux !

Edition N°17 – 1er mai 2024

Flavio Torti : « L’entente entre les entrepreneurs de nos deux régions est bonne et constructive. » (photo pad)

La section Jura bernois de la SSE n’a pas mâché ses mots lors de cette assemblée générale, tenue le mardi 23 avril. Depuis vingt ans, Jura et Jura bernois collaborent sans difficulté ni ambiguïtés sur le terrain de la formation des apprentis maçons et constructeurs de route. Or, à l’horizon de janvier 2026, date du transfert de Moutier, certains nuages s’amoncellent.

La Halle des maçons à Moutier, fruit de la coopération entre les sections Jura et Jura bernois de la SSE, se situe stratégiquement sous le pont de l’A16, à l’abri de la pluie, bénéficiant de l’entrée et sortie de l’autoroute, et non loin de la gare, atteignable facilement à pied. De plus – détail non négligeable –, le lieu de formation se trouve à la vue des automobilistes circulant autour du rond-point, sortant de l’A16 ou y entrant : les jeunes en formation dans le secteur de la construction des deux régions ne sont donc pas placés hors de vue, mais bien visibles par tous. Une visibilité bienvenue, agissant comme un rappel constant des activités formatrices qui s’y déroulent.

Damien Plumey, responsable de la Halle, a fourni la meilleure explication – celle qui s’appuie sur les chiffres – de la raison de la fierté des entrepreneurs régionaux actifs dans le domaine de la construction. L’année dernière, nonante et un apprentis du Jura et du Jura bernois se côtoyaient en ces lieux afin d’entamer ou de poursuivre leur formation pratique – des volées composées au total de vingt-trois maçons et de treize constructeurs de route. Des chiffres, selon le président de la SSE-JB Flavio Torti, « enviés partout en Suisse romande ». Un autre taux de participation réjouissant concerne les divers cours de formation continue pour machinistes (500 personnes !), grutiers ou chefs d’équipe, ce qui constitue pour Damien Plumey « la preuve que la qualité de la formation est tenue en haute estime par tous les entrepreneurs de la région ».

L’ombre au tableau, fruit résultant du « combat de coqs entre politiques » et non de la symbiose entre entrepreneurs des deux régions, concerne la formation des constructeurs de routes.  Paolo Cattoni, membre du comité : « Actuellement, les maçons du Jura-Jura bernois vont à Delémont, les constructeurs de route du Jura-Jura bernois fréquentent Moutier », rappelle-t-il. « Aujourd’hui, il n’y a toujours pas d’accord trouvé en ce qui concerne les constructeurs de routes. Il y a donc une grande incertitude en ce domaine. Nous avons été questionnés à ce sujet, et notre section a renvoyé les politiques à leurs études. Si ces derniers ont pu s’entendre sur presque tout, on ne comprend pas pourquoi ils n’arrivent pas à s’entendre autour de la question des constructeurs de routes. Nous leur avons écrit qu’on regrette cela. Mais depuis, nous sommes sans nouvelles. »

« La formation est trop importante pour la laisser aux mains des politiques », a insisté le président de la SSE-Jura, Pierre-André Raboud. « On a des entreprises et une formation de qualité, la preuve par les multiples champions suisses qui sortent de chez nous. La proximité est très importante, et les sections du Jura et du Jura bernois ont la même vision des choses. La politique ? Ce qui compte pour nous, c’est de disposer d’une relève composée de gens compétents qui assureront l’avenir ! Le Jura et le Jura bernois doivent proposer des solutions qui vont dans le sens de la défense des intérêts de nos apprentis et de la formation professionnelle. »

Ne pas changer quelque chose qui fonctionne

Le mot de la fin sur le sujet revint au président Flavio Torti. « L’entente entre les entrepreneurs de nos deux régions est bonne et constructive. Nous sommes pragmatiques, il n’y a pas d’affrontements de roitelets entre nous. Nous cherchons et trouvons des solutions, et ça, c’est cool, c’est mérité et il n’y a pas de raison de changer, Punkt Schluss. Notre objectif, avec nos collègues jurassiens, est et sera toujours d’assurer une formation de grande qualité. Ce que nous voulons, c’est que nos apprentis ne soient pas à nouveau obligés de faire 60 kilomètres pour aller se former à Colombier, à Tolochenaz, ou je ne sais où encore. Ceci a toujours été notre cheval de bataille, et ça le restera. »

La balle est donc désormais dans le camp des politiques. Reste à espérer que ces derniers ne s’infligent pas un autogoal.

Pablo Davila

Flavio Torti : « L’entente entre les entrepreneurs de nos deux régions est bonne et constructive. » (photo pad)