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Les souvenirs d’une jeunesse merveilleuse

Edition N°19 – 18 mai 2022

Michel Leuenberger pose ici devant une plaquette qui reflète à merveille le déroulement de sa nouvelle étape de vie. (photo oo)

Mémoire vivante du village de Belprahon, l’ancien maire Michel Leuenberger (79 ans) s’illumine au moment d’évoquer des souvenirs « d’une jeunesse merveilleuse » pour reprendre sa propre expression. A l’époque, le mélange intergénérationnel était plus marqué qu’aujourd’hui, ce qu’il regrette avec un brin d’amertume. Rencontre avec un retraité qui a tout donné pour le village de son cœur en passant quarante ans au sein des autorités, soit douze ans au conseil communal et vingt-huit ans à la mairie. Une longévité qui impose le respect. Merci pour tout, Michel !

Excepté les neufs premiers jours de sa vie passés à la maternité de Moutier, Michel Leuenberger n’a jamais quitté Belprahon : « Je ne suis pas le doyen, mais le plus ancien des villageois », souligne-t-il. Cet ex-mécanicien des usines Pétermann, Bechler et Tornos ne voudrait être déraciné de son village pour rien au monde puisque son cœur bat pour cette localité à l’architecture « rustico-moderne » qui compte aujourd’hui près de 275 habitants. « Nous avons même connu un pic de 342 âmes lors de l’implantation de nouveaux quartiers au bas du village, mais la barre des 350 n’a jamais été franchie », glisse-t-il dans une discussion truffée d’anecdotes et de touches d’humour. « Je n’étais pas fils d’agriculteur, mais en étant jeune, j’allais régulièrement aider les copains dans l’exploitation de leurs parents pour qu’ils terminent les travaux de la ferme plus vite. Nos loisirs de l’époque, nous les passions sur la place du terrain de foot actuel ou au stand de tir. » Entré au Conseil communal de Belprahon en 1973, il a créé le Club Sportif Belprahon une année plus tard avec le regretté Gérard Sauvain et André Joray. Cette société compte aujourd’hui quatre sections, soit le foot, la pétanque, le volley féminin et les marcheurs. Lors de ses années de gloire, Belprahon comptait une épicerie, une laiterie, le restaurant de la Croix-fédérale et une poste. « Tout a disparu. Même le restaurant du Raimeux a fermé ses portes. Les villageois n’ont donc plus que le terrain de foot pour se retrouver et partager des moments de convivialité. » 

Ambiance exemplaire

Toujours au chapitre de ses souvenirs de jeunesse, Michel Leuenberger rappelle que rien ne tombait du ciel. Pour obtenir quelque chose, il fallait passer par la case « dur labeur » : « J’ai pu acheter mon premier vélo, d’occasion bien sûr, en mettant de côté l’argent récolté lors de la vente de lapins. D’autres travaux nous permettaient de gagner deux trois sous comme la mise en place de barrages à Raimeux, l’entretien des barrières et la pose de piquets. » Durant son long règne au sein des autorités, Michel Leuenberger a vu de nombreux projets se concrétiser, mais en aucun cas il ne voudrait tirer la couverture à lui : « Je n’ai rien fait tout seul, c’est un travail d’équipe ! » s’exclame-t-il. Le goudronnage de la route, effectué à deux reprises ; le réalisation du réseau d’eau découlant d’un arrangement avec Moutier et la mise en place de l’électricité souterraine émergent au moment de dresser la liste des projets d’envergure mis sous toit durant quatre décennies. « Nous avons toujours dû fixer nos priorités en tenant compte de la situation financière et ce scénario est encore valable aujourd’hui », confie-t-il. Si notre interlocuteur a décidé de rempiler pour quatre ans à la mairie en 2016 alors que son idée initiale était de transmettre le flambeau à un jeune, qui n’a hélas jamais pointé le bout de son nez, c’est tout simplement parce que l’ambiance régnant entre les membres du conseil, la secrétaire, la caissière et les retraités attelés à différents travaux (voirie, taille des arbres, déneigement, déchetterie, entretien de la place de sports, etc.) valait son pesant d’or. Vous avez dit exemplaire ? 

Servir et disparaître

Aujourd’hui, Michel Leuenberger s’est totalement distancé du ménage communal et ne participe même plus aux assemblées communales. « J’ai fait mon temps. Ce n’est plus à moi de chercher des solutions », signale-t-il. Mettre la gomme et s’effacer est une phrase qui résume à merveille la transition opérée par cette personnalité attachante qui n’a jamais eu d’autre ambition que celle de rendre service aux citoyens de son village. Confortablement installé sur sa terrasse, il passe désormais des heures à se plonger dans des livres se référant à sa grande passion : l’histoire de la Première et de la Deuxième Guerre mondiale : « J’ai attrapé ce virus sans vraiment savoir pourquoi », ajoute-t-il. Un sacré paradoxe pour cet homme qui a toujours joué la carte de l’apaisement dans le contexte sulfureux de la Question jurassienne à Belprahon… 

Olivier Odiet                   

 

 

Michel Leuenberger pose ici devant une plaquette qui reflète à merveille le déroulement de sa nouvelle étape de vie. (photo oo)