Sport

Mais qui sera donc le roi de l’arène?

Edition N°17 - 1er mai 2019

De gauche à droite: Manuel Evalet (président d’organisation); Manfred Bühler (président du comité des dons), Reinhard Jossen (président de l’Association des lutteurs du Jura bernois). (photo jh)

Les 17, 18 et 19 mai, la commune de Péry-La Heutte accueillera la 92e édition de la Fête de lutte du Jura bernois, combinée à la 1135e bougie de Péry. 

Il y a 1135 ans, période à laquelle on ne savait pas encore peindre la perspective, période à laquelle le monde ne se brossait pas encore les dents, période à laquelle l’Europe était divisée entre empires, tribus et principautés, période 400 ans plus jeune que la Suisse, Péry existait déjà. Au 9e siècle, on ne se battait pas encore à la culotte dans des ronds de sciure, on ne se baladait pas entre les stands de crêpes en attendant les résultats de la tombola ou du tournoi de beach-volley. Les temps changent!

Selon les mots du président d’organisation Manuel Evalet,«le grand invité de ce week-end sera le mot fête». Fête de lutte, fête musicale, fête populaire, fête culinaire, fête intergénérationnelle et fête villageoise! Ça en fait beaucoup, mais cela ne semble pas effrayer les Pérysiens. 

Avec huit couronnés fédéraux

Avec d’autres chiffres, on obtient 600, 100, 4, 300, 400, 350, 8 et 3000. Les organisateurs attendent en tout cas 3000 personnes sur tout le week-end, avec une fin en apothéose pour le dimanche. Pas moins de 350 bénévoles sont engagés pour que la fête dégage toute sa saveur. Une grande tribune de 600 places assises et 400 autres places assises autour de ce qui est pour l’instant un «champ de patates» feront office de stade. Dans ce stade, 300 lutteurs – dont 8 couronnés fédéraux – se battront dans 4 ronds de sciure: les jeunes lutteurs le samedi, puis les actifs le dimanche. Et pour que l’arène culottée resplendisse de mille feux, 100 mètres cubes de sciure sont nécessaires. Outre la lutte, divers groupes musicaux assureront l’ambiance. On retrouvera des locaux tels que les Tüttli’s, des régionaux tels que les sonneurs de cloches d’Orvin, et aussi les Alpin Vagabunden, un peu moins locaux… Céramique, forge, huilerie et vitraux seront au menu de la découverte de l’artisanat du village. Effectivement, nous nous égayerons, mais nous contemplerons également l’histoire et la culture. 

Moment fédérateur et convivial

Cette 92e Fête de lutte du Jura bernois est la pointe de l’iceberg des cultures, traditions et histoires de notre région et de notre pays. Il s’agit là du résultat des palimpsestes jurassiens bernois, un couronnement qui aura lieu à la mi-mai à Péry. Il y a la joie de se retrouver, de passer du bon temps, de parler suisse-allemand et de tenir la culotte de ses amis-ennemis. Des traditions telles que les passes successives qui peuvent voir plusieurs vainqueurs finaux, le pavillon des prix où chacun, dans l’ordre du classement, déambule et choisit ce qui lui plaît, la chemise ou le pantalon blanc, ou encore les prix vivants. Si on vous parle de Fabien ou de Simone, vous saurez qu’il ne s’agit ni du cousin de la bergère, ni d’une dame qui s’ignorait, mais bel et bien d’un taureau et d’une génisse. Un prix en nature, vivant, que les deux premiers s’empresseront probablement de ramener à la maison. A travers ces traditions et la modernité actuelle, les organisateurs veulent un mélange. Un mélange de générations, d’influences, de récompenses, de nourritures (paella, sanglier à la broche, etc.), de musiques, de sports et de langues. Les sociétés locales seront également de la partie et représenteront la richesse de la région. Nous admirerons ainsi des trésors dans la diversité et la mixité. Même si la lutte est un sport de combat pour gros bras, c’est avant tout un moment fédérateur, convivial et festif. 

John Utermann 

Tableau magique!

Lors de la présentation des lutteurs, Reinhard Jossen, président de l’association des lutteurs du Jura bernois, était presque ému devant le tableau qui animera cette 92e édition. Pour lui, on n’a jamais eu un niveau aussi élevé. Nous retrouverons 8 couronnés fédéraux dont un ancien roi de la lutte et 19 couronnés cantonaux. Parmi les plus connus et les favoris, nous citerons Kilian Wenger, Patrick Schenk, Florian Gnägi, Thomas Sempach, Bernhard Kämpf, Niklaus Zenger, Remo Käser et Philipp Roth. 

Lukas et Maël sérieux outsiders 

Matthias Aeschbacher, Lukas Renfer et Maël Staub font office d’outsiders et peuvent sincèrement prétendre à la victoire. Outre les lutteurs bernois, les organisateurs ont invité les lutteurs lucernois du Wiggertal. Cette tradition d’inviter un club ami perdurera donc encore pendant la fête. En résumé, avec ce tableau très intéressant, nous espérons un magnifique spectacle. Qui plus est, chauvins comme nous sommes, une victoire d’un régional de l’étape nous ferait le plus grand des plaisirs. Nous l’attendons depuis 1974 et la victoire d’Andreas Röthlisberger de Saicourt. La fête avait lieu à Courtelary. Espérons que l’air pérysien sourira aux lutteurs du Jura bernois…

(jh)

De gauche à droite: Manuel Evalet (président d’organisation); Manfred Bühler (président du comité des dons), Reinhard Jossen (président de l’Association des lutteurs du Jura bernois). (photo jh)