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Migration des batraciens perturbée

Edition N°18 – 12 mai 2021

Pose de barrage à batraciens à Bellelay : 10 mars 2021. (photos ps)

Cette année encore, comme tous les ans au printemps, près de 800 mètres de barrage à batraciens ont été installés à l’ouest et à l’est de Bellelay par une équipe de volontaires soutenus dans la mise en place et le démontage par deux employés des ponts et chaussées, un appui apprécié.

Bellelay, nœud routier avec ses trois liaisons en direction des Genevez, Tavannes et Petit-Val représente un danger mortel dans le parcours migratoire de milliers de batraciens venant du nord.

C’est la 21e année que des barrages ont été posés. Tout a commencé en l’an 2000 lorsque plusieurs personnes émues par l’hécatombe de batraciens se sont approchées de Willy Houriet, enseignant les sciences naturelles à l’école secondaire de la Courtine. Pendant douze ans, avant le début des cours et avec l’aide d’élèves volontaires, la traversée de la route menant aux Genevez a été sécurisée.

Une action en amenant une autre, sur l’impulsion de Maurice Wisard, de nouveaux filets ont été disposés à l’entrée est de Bellelay en 2006. Une initiative privée conduite et financée par cinq personnes. Activité reprise ensuite par la Libellule, association régionale pour la protection de la nature, en collaboration avec un groupe de volontaires, qui apporte aujourd’hui son soutien à Gauvain Saucy, coordinateur de l’action et ancien élève de Willy Houriet.

Une tâche quotidienne

Chaque jour dès 8 heures du matin, du 10 mars au 30 avril, une quinzaine de bénévoles se sont succédés pour parcourir les trois secteurs de barrage. En fonction de l’affluence, il faut compter entre une à trois heures pour assurer leurs tâches qui consistent à délivrer les crapauds, grenouilles et autres tritons piégés durant la nuit et les transporter en toute sécurité dans les étangs du Domaine et de La Noz. Mais avant, il s’agit de les identifier selon leur espèce, leur sexe et de différencier les jeunes des adultes. Pour cela nul besoin d’être au bénéfice d’un master en biologie. Un descriptif simple tenant sur une page A4 apporte toutes les informations nécessaires. Avis aux volontaires.

A cinq reprises, des ramassages nocturnes en début de nuit ont aussi été effectués rassemblant 2933 individus dont 965 étaient sur le chemin du retour. Il convient de rappeler que ces animaux, contrairement aux idées reçues, ne passent qu’un temps limité dans les étangs. Toutes les données sont ensuite transmises au karch, Centre suisse de Coordination pour la Protection des Amphibiens et Reptiles de Suisse.

Des résultats au-dessous de la moyenne

Au total, ce sont 4952 batraciens, essentiellement des crapauds communs et des tritons alpestres qui ont transités cette année. Un résultat inférieur aux années précédentes qui semble marquer une baisse régulière.

Autre fait à remarquer, sur les cinquante jours de relevés, deux nuits ont vu passer 45 % de la migration et douze jours suivis n’ont enregistré aucun passage.

La neige, le temps sec et froid ont influencé à plusieurs reprises la migration de ces batraciens, qui en ce qui concerne les crapauds et les grenouilles peuvent parcourir jusqu’à 8 km pour rejoindre leur lieu de reproduction. Mission accomplie pour les bénévoles à majorité féminine qui, quel que soit le temps, avec ou sans petites bêtes sympathiques au rendez-vous, ont accompli une bonne action ou simplement profité d’une balade matinale. Le rendez-vous est déjà pris pour l’année prochaine.

Patrice Neuenschwander

Dernier ramassage : le 30 avril 2021.  

 

Pose de barrage à batraciens à Bellelay : 10 mars 2021. (photos ps)