Portraits

« On casse les codes et on l’assume ! »

Edition N°6 – 15 février 2023

Les quatre coproducteurs d’Autica. Maé Bouquet, Joris Tissot, Rosa Ikni et Alissia Cali. (photo ldd)

Ils sont six à faire vivre leurs projets, quatre à les coproduire, et possèdent une passion commune : le cinéma. Bien qu’encore jeunes, les membres d’Autica (chaîne YouTube) fonctionnant comme une société de production, ont déjà publié une vingtaine d’œuvres sur internet et sont loin de vouloir s’en tenir là. Entre deux écritures de scénario, ces passionnés ont bien voulu nous introduire à leur univers…
3, 2, 1, action !

C’est avec la jeune Alissia Cali que tout commence. Alors âgée de 14 ans, elle commence à réaliser ses propres histoires avec des amis, uniquement animée par son goût du 7e art. Puis, petit à petit, d’autres la rejoignent, eux aussi désireux de s’essayer au cinéma : c’est ainsi que Rosa Ikni et Maé Bouquet intègrent en 2016 ce qui sera dès lors Autica Production, plus tard encore rejoints par le cousin d’Alissia, Joris Tissot. 

Par la suite, deux membres moins actifs, Mélodie et Jonathan, viendront encore grossir les rangs de l’équipe. Aujourd’hui, plus âgés, plus expérimentés mais aussi plus organisés, ils tiennent chacun des rôles très précis au sein de la production : Alissia au montage, Rosa au son, Maé pour la musique alors que Joris est le référent du réalisme. A côté de cela, ils sont tous aussi acteurs et scénaristes… et complètement autodidactes. 

« Si tu veux faire des films, t’as juste besoin d’un truc qui filme »

Cette citation du chanteur Orelsan ci-dessus illustre en effet bien leurs débuts : « On a commencé avec peu de moyens, juste une petite caméra qui captait aussi le son », se souvient Rosa. S’ils détiennent aujourd’hui de meilleurs équipements, la question subsiste : comment apprend-t-on à faire un film en partant de rien ? « Non seulement avec un travail d’observation, répond Alissia, mais aussi par introspection. » Elle s’explique : « Comme on est autodidactes, on a commencé par faire les choses à notre façon, puisqu’on n’avait aucune idée des codes. Et puis à force de comparer, de voir et de rechercher, on s’est rendu compte qu’il existait certaines techniques à ne pas négliger, et on les a apprises. Tandis qu’il y en a d’autres où l’on s’est dit que cela ne nous correspondait pas, donc on les a laissées de côté…On casse les codes et on l’assume. » 

Soucieuse d’être authentique, l’équipe se caractérise en plus par sa volonté de profondeur. Ainsi, dans la plupart de ses courts-métrages, un message ou une morale vient questionner le spectateur à la fin, parfois de manière cachée : « On joue beaucoup sur une double lecture », affirme Maé. Attentif, leur public se dit d’ailleurs souvent touché ou ému par ce que les producteurs proposent. 

Une exception cependant : la série qui s’intitule Cap ou pas Cap ? et qui est toujours en cours s’inscrit plutôt dans un registre d’horreur, ce qui montre la polyvalence du groupe. Car s’ils versent plutôt dans le court-métrage, les cinéastes se sont aussi déjà essayés au long format, au festival et se montrent ouverts à toutes les opportunités, tant qu’elles correspondent aux valeurs qu’ils prônent. 

« C’est une partie de nous » 

Mais Autica ne leur permet pas de vivre, ou du moins pas encore. Ainsi, chacun a dû apprendre à mêler sa vie de tous les jours à l’investissement que demande la production. Maé souligne : « C’est une partie de nous, ce n’est pas juste un club dans lequel on va de temps en temps… C’est vraiment une partie de notre vie, donc on fait en sorte de lui laisser suffisamment de place tout en faisant ce qu’on est obligés de faire à côté. »

Pour Rosa, membre la plus jeune du groupe, cela a été particulièrement difficile l’an dernier, lorsqu’elle a d’abord terminé le gymnase puis commencé un nouveau travail, le tout à quelques mois d’intervalle. 

« De temps en temps, c’est le stress qui prend le pas sur la passion, même si ça finit toujours par s’arranger », avoue-t-elle. Toutefois, malgré la pression, l’équipe réussit à sortir des projets sur sa chaîne YouTube Autica Production de manière régulière, une fois par mois environ. Et bien qu’ils nourrissent l’espoir de devenir connus un jour, ce n’est pas pour la gloire, mais bien pour les messages qu’ils ont à faire passer au monde. 

Tamara Makarov

Les quatre coproducteurs d’Autica. Maé Bouquet, Joris Tissot, Rosa Ikni et Alissia Cali. (photo ldd)