Sous ses airs d’homme tranquille et serein, Emmanuel Koller dissimule une capacité d’adaptation qui force l’admiration. On en veut pour preuve sa facilité à se fondre dans le moule au Conseil communal de Delémont alors que sa carte de visite était pourtant vierge de tout mandat politique. Mais reprenons les choses dans l’ordre chronologique. Si l’actuel directeur de la Caisse de pensions de la République et Canton du Jura a été parachuté à l’Exécutif de Delémont en mars 2022 pour remplacer Ernest Borruat, c’est tout simplement à la suite des refus des viennent-ensuite qui figuraient dans le classement de l’élection d’octobre 2017. Du coup, le ministre Martial Courtet l’a sollicité pour occuper cette fonction et le tour était joué. Un coup visiblement fumant, le PDC Emmanuel Koller ayant été reconduit dans sa fonction lors des élections communales d’octobre 2022 sous l’étiquette de l’Entente bourgeoise « Ensemble pour Delémont ». Une surprise ? « Disons que le fait d’être un candidat sortant représente toujours un atout non négligeable lors d’une élection. Et puis je suis bien intégré dans la vie sociale de la ville, notamment au sein des SR Delémont », remarque-t-il.
Département XXL
Hériter du dicastère de l’UETP n’est pas forcément un cadeau, ce département étant sans aucun doute le plus exposé avec celui de Damien Chapuis (mairie et promotion économique). Emmanuel Koller n’étant pas effrayé par le travail, il s’attelle à sa tâche avec le sérieux requis. Mais de quoi son dicastère est-il composé, au fait. Il traite de l’aménagement local, de l’urbanisme, de l’agglomération, du patrimoine immobilier communal, des permis de construire, des travaux publics, de la mobilité douce, de la protection de l’environnement, des routes, des canalisations, cours d’eau et déchets. De quoi se faire un sang d’encre, non ? « Vous savez, je n’ai pas l’ambition de changer le monde. J’exerce cette fonction avec humilité en essayant de faire avancer les projets en étant à l’écoute des gens. Le paradoxe de cette ville pour la commune, c’est de la maintenir attractive tout en devant réduire la voilure puisque les comptes 2022 ont bouclé sur un déficit de 3,3 millions de francs après un prélèvement de 2,5 millions dans la réserve budgétaire. Nous avons toutefois décidé de ne pas toucher à la quotité d’impôt de 1.9 », poursuit-il. « Je me demande souvent pourquoi de nombreuses personnes qui travaillent à Delémont ne s’y installent pas. Une partie de la réponse se trouve probablement au niveau d’un déficit d’image. Il est primordial de pouvoir vendre nos atouts. Un effort tout particulier sera donc aussi consenti dans le domaine du marketing, pas uniquement pour attirer des gens et des entreprises du Jura, mais en lorgnant également du côté de Bâle qui dispose d’un impressionnant bassin de population. Dans cet ordre d’idées, des contacts ont d’ores et déjà été établis avec les autorités bâloises. Le dossier suit son cours… » Reste à espérer que l’appel sera entendu de manière à remplir progressivement les 450 logements vacants à Delémont. Une chose demeure certaine : les arguments visant à séduire de potentiels nouveaux habitants ne manquent pas. En effet, Delémont a énormément investi ces dernières années pour se développer et cette politique portant le sceau du dynamisme et de l’intelligence a porté ses fruits. On pense bien sûr à l’implantation du Théâtre du Jura, mais également aux deux bâtiments emblématiques de La Poste Suisse à proximité de la gare. Ils abritent quatre-vingt-neuf logements, des commerces, des bureaux, un bureau de poste, un hôtel quatre étoiles de quarante-quatre chambres ainsi qu’un parking couvert de 170 places. Autre fait réjouissant pour Delémont : le projet de construction d’un nouvel établissement de l’H-JU près de la gare avec un modèle de financement public-privé. On le voit : Delémont a certes mal à son porte-monnaie, mais la frilosité ne s’empare pas pour autant des autorités communales. C’est aussi cet esprit d’initiative permanent qui a incité Emmanuel Koller à s’engager pour la collectivité publique. Visiblement sans le regretter…
Olivier Odiet