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Pas question de baisser les bras !

Edition N°2 – 20 janvier 2021

Il n’y aura pas de version papier pour le programme du premier semestre 2021 du Centre Culturel de la Prévôté de Moutier (CCPM) intitulé « Conquête ». Mais un nouveau site web vient de voir le jour. Plus beau, plus convivial, plus complet que le précédent et surtout plus souple que le papier. Ce qui permet de jongler avec les annulations et les reports de spectacles, si nombreux en cette période de pandémie. Au grand dam de la programmatrice Brigitte Colin, qui refuse pourtant de baisser les bras.

« Conquête », c’est le thème de la saison janvier à juin 2021 du CCPM. Un thème illustré par des dessins évoquant la conquête de l’espace de la graphiste Débora Beuret. Mais c’est aussi une référence à une citation d’André Malraux, chère à Brigitte Colin : « La culture ne s’hérite pas, elle se conquiert. » Et c’est particulièrement vrai aujourd’hui. Il faut en effet beaucoup de courage, de ténacité et d’imagination pour continuer à œuvrer pour la culture, puisqu’officiellement c’est un domaine considéré comme non-essentiel. Une conception que ne partage évidemment pas la programmatrice du CCPM : « Quand on veut décimer un peuple, c’est son art qu’on détruit en premier, car c’est son âme », affirme-t-elle.

Fermetures, annulations, reports

Le lot quotidien de Brigitte Colin, depuis le début de la pandémie, c’est l’incertitude. Depuis des mois elle navigue à vue, alternant entre ouverture et fermeture, avec ce que cela implique au niveau de la programmation : « Un spectacle, une exposition, cela se prépare au moins un an à l’avance. Il y a toute une série de paramètres à régler (disponibilité des artistes, disponibilité des salles, contact avec les écoles, etc.). A cela s’ajoute la communication, qui ne peut pas être faite à la dernière minute si l’on veut attirer le public. » Pourtant, depuis près d’un an, c’est au jour le jour qu’il faut gérer. « Depuis février dernier, nous n’avons pu accueillir que 4 spectacles alors qu’habituellement nous avons une trentaine d’évènements par année. » Moins de spectacles, ne signifie pas pour autant moins de travail : « Je passe mon temps à tricoter et à détricoter le programme. A la fin, le fil s’use », confie Brigitte Colin.

Pas de statut pour les artistes

Mais c’est le sort des artistes qui touche le plus Brigitte Colin, elle qui a été comédienne et sculptrice avant de gérer le CCPM : « En Suisse, le statut des artistes n’est pas reconnu. Ils n’ont plus de travail et les aides tardent à venir. C’est dramatique. » Elle est d’autant plus amère que les solutions imposées ne sont pas inéluctables. « En Corée du Sud, par exemple, les musées et les galeries d’art sont toujours restés ouverts, moyennant bien sûr des mesures de précaution. » Des mesures qui ont aussi été prises par les acteurs culturels en Suisse qui seraient même prêts à aller plus loin en n’ouvrant musées et galeries que sur rendez-vous pour garantir un nombre limité de visiteurs. « Mais de toute manière, il n’y aura jamais autant de visiteurs dans les galeries d’art ou dans un musée que de clients dans les supermarchés, ou de skieurs au pied des remonte-pentes, qui eux restent ouverts. C’est incohérent. » 

Un nouveau site web 

Mais plutôt que de baisser les bras, Brigitte Colin a décidé de faire face et de continuer à se battre pour soutenir les artistes et la culture. Premier projet qui vient de voir le jour : un nouveau site web créé par l’agence Giorgianni&Moeschler et illustré par la graphiste Débora Beuret. Ce nouveau site (www.ccpmoutier.ch ), plus convivial et plus complet que le précédent, permet aux usagers de suivre au jour le jour les modifications de la programmation. Au chapitre des nouveautés, une rubrique « En Prévôté » qui relaie tous les événements qui ont lieu à Moutier grâce à un flux qui relie au site du culturoscoPe, incontournable pour la culture dans l’arc jurassien (www.culturoscope.ch).

Autre projet dans le pipeline : miser encore plus sur la situation privilégiée du CCPM : « Nous avons la chance d’être situés en plein cœur de la ville dans une rue passante et d’avoir trois grandes vitrines. Nous pouvons y monter de petites expositions et le public peut en profiter même si la galerie reste fermée. » 

Claudine Assad