Actualités

Passionné par la diversité du travail

Edition N°15 – 19 avril 2023

Fabrice Zavagnin : un chef de service pointilleux, jovial et persévérant. (photo oo)  

Chef des travaux publics à la Municipalité de Moutier depuis 2007 en remplacement de Jean-Louis Aubry, Fabrice Zavagnin s’est prêté au jeu de l’interview sans jamais pratiquer la langue de bois. De l’achat d’un véhicule 100 % électrique pour le ramassage des poubelles à la gestion des déchets toujours plus problématique en passant par les répercussions de la situation financière précaire de la ville sur son service, il n’a jamais cherché à noyer le poisson. La transparence, c’est en quelque sorte sa marque de fabrique, ce qui ne manque pas de l’honorer.  

Après avoir effectué toute sa scolarité obligatoire à Tramelan, Fabrice Zavagnin a suivi un apprentissage de dessinateur en machines dans cette même localité. Une voie rapidement abandonnée pour embrasser une formation de dessinateur en génie civil à Neuchâtel avec un deuxième CFC à la clé. Mais ce qui rend Fabrice Zavagnin le plus fier, c’est d’avoir fréquenté l’école d’ingénieurs à Lausanne en cours du soir durant cinq ans parallèlement à sa profession de dessinateur en génie civil. « Ce n’était pas forcément évident de tenir la distance sachant que ces cours étaient dispensés à raison de trois à quatre fois par semaine en soirée plus le samedi. Au départ, nous étions vingt-huit et, à l’arrivée, on s’est seulement retrouvé à quatre plus trois personnes qui avaient redoublé », explique-t-il. Le marché du travail connaissant un creux sur l’Arc lémanique lorsqu’il a terminé son école d’ingénieurs en 1997, Fabrice Zavagnin et son épouse ont déménagé à Moutier. Un choix prémonitoire ? Poser la question, c’est y répondre. Après avoir retrouvé de l’embauche à Neuchâtel chez son ancien employeur, une porte s’est ouverte à lui au bureau sd ingénierie Jura SA à Moutier. Une riche expérience qui lui a permis de se familiariser avec la Municipalité de Moutier pour laquelle le bureau sd ingénierie travaillait sous la forme de mandats. Lorsqu’il a remplacé Jean-Louis Aubry au poste de chef des travaux publics, l’aspect technique de sa tâche a pu être appréhendé avec une certaine aisance. « En fait, ce sont surtout les procédures administratives que j’ai dû intégrer », signale-t-il. Si Fabrice Zavagnin ne traîne jamais la savate lorsqu’il se rend à son travail, c’est tout simplement parce que la diversité du travail le passionne. Non, ce n’est pas demain qu’il se sentira menacé par la routine : « Cette fonction offre une variété de tâches inouïe. Je m’occupe à la fois des routes, des rivières, des sentiers pédestres, des déchets, des canalisations, de vérifier les factures visées, etc. » 

Le travail bien fait passe par un large panel de métiers manuels

A Moutier, le service des travaux publics emploie quatorze personnes ainsi qu’un apprenti agent d’exploitation. « Au service de la voirie, il est important de pouvoir s’appuyer sur des personnes issues de différents corps de métier pour répondre à tous les besoins. Peintre, bûcheron, charpentier, serrurier, mécanicien, maçon : le panel de professions manuelles est complet. » Suite à une réorganisation interne entrée en vigueur le 1er janvier dernier, le secteur des jardiniers a été affecté au service des bâtiments, bien que certaines tâches se rapportent toujours aux travaux publics. 

En novembre 2022, la Municipalité de Moutier a présenté son nouveau camion 100 % électrique pour le ramassage des poubelles sur le stand des Services industriels dans le cadre de Moutier Expo. Selon Fabrice Zavagnin, ce choix a été opéré en toute connaissance de cause, des comparatifs et des essais de plusieurs jours dans des conditions de travail réelles ayant été effectués : « Pour remplacer l’ancien véhicule, trois pistes de motorisations différentes ont été examinées : thermique, hybride ou électrique. Après avoir rapidement exclu la variante hybride qui n’a pas été concluante, il fallait trancher entre le thermique et l’électrique. Une analyse fouillée présentant les avantages et les désavantages de ces deux motorisations a montré que le choix de l’électrique n’était pas plus coûteux en se projetant sur une durée de dix ans et c’est sur cette base-là que le Conseil municipal a finalement opéré son choix. Sans le moindre regret puisque ce camion 100 % électrique donne entière satisfaction à nos collaborateurs. »

C’est bien connu : il n’existe aucune entreprise du domaine privé ou public qui ne se retrouve pas un jour ou l’autre confrontée à un casse-tête. Au service des travaux publics de Moutier, c’est au niveau de la gestion des déchets qu’il se situe. « Il y a quelques années, on mettait tout dans un sac et on n’en parlait plus. Aujourd’hui, c’est un domaine qui prend de plus en plus d’importance », relève-t-il. Entre le verre par couleur, l’aluminium et fer blanc, les bouteilles en PET, les capsules Nespresso, les huiles usées et les textiles, le tri des déchets à déposer dans des points de récolte est quelque chose de contraignant qui donne inévitablement lieu à certains problèmes, tous les citoyens ne plaçant pas l’acte civique au centre de leurs priorités : « Dans le domaine des déchets, les incivilités sont grandissantes ! » s’exclame Fabrice Zavagnin. « Nous devons de plus en plus jouer à la police. En effet, la problématique des déchets sauvages ne se règle pas en deux coups de cuiller à pot. C’est quelque chose de très difficile à gérer puisqu’il suffit de voir deux ou trois sacs qui traînent pour donner l’impression d’une ville sale. Le plus rageant, dans tout ça, c’est que ces incivilités sont provoquées par une toute petite minorité de gens. »   

Entretien des routes : modestie de mise par la force des choses

Invité à se prononcer sur les répercussions de la situation financière précaire de la ville de Moutier sur le service des travaux publics, Fabrice Zavagnin ne botte pas en touche : « Vous savez, ce n’est pas quelque chose de nouveau pour nous. Cela fait déjà quelque temps que les personnes qui partent à la retraite ne sont pas remplacées. Donc comme le travail doit se faire avec des bras en moins, il est évident que nous ne pouvons plus assurer le même nombre d’interventions que par le passé dans certaines tâches comme l’entretien du bord des routes, par exemple. » Et notre interlocuteur d’ajouter : « S’agissant de l’entretien des routes, nous avons toujours été assez modestes à Moutier. L’objectif, c’est qu’elles tiennent le plus longtemps possibles aux coûts les plus minimes. » 

Marié et père de deux filles adultes, Fabrice Zavagnin n’est pas mécontent d’avoir pu fermer la parenthèse liée à son statut de pendulaire : « Durant de nombreuses années, j’ai avalé beaucoup de kilomètres en voiture et en train pour me rendre à mon travail. Le fait de pouvoir exercer sa profession là où on habite est quelque chose d’hyper agréable que j’apprécie à sa juste valeur. » 

Olivier Odiet     

Fabrice Zavagnin : un chef de service pointilleux, jovial et persévérant. (photo oo)