Le réalisateur-producteur-artisan Claude Stadelmann vient de terminer un film documentaire sur le thème du zébu. Cet ouvrage cinématographique vise à mettre en valeur l’authenticité des activités malgaches en relation avec la présence du bovidé domestique. Une restitution et une synthèse à travers des images et des sons tournés sans artifice, grâce à la spontanéité et l’improvisation du cinéaste delémontain.
On le connaît depuis des lustres. Il incarne la sagesse du «7e Art» et le coup d’œil avisé du cinéaste. Avec une quarantaine de films à son actif, dont une douzaine de longs métrages, Claude Stadelmann vient de terminer son dernier ouvrage «Omby, Madagascar et le zébu». Le zébu ? C’est cet animal emblématique, précieux et indispensable à la survie de la Grande île. Le Delémontain offre ainsi un documentaire qui raconte la vie des Malgaches au rythme de la transhumance d’un troupeau.
Une terre bardée de rouge et de rhum
Madagascar, le réalisateur jurassien la connaît comme sa poche puisqu’il s’y est déjà rendu une centaine de fois en quarante ans d’activité cinématographie. Cette île qui s’étend sur plus de 1500 km du nord au sud et environ 480 km d’est en ouest, compte environ 25 millions d’habitants. Un pays où l’instabilité politique entraîne l’insécurité, où la corruption creuse les inégalités, où le taux de pauvreté peine à reculer. La jeunesse (les moins de 25 ans représentent plus de la moitié de la population active) se retrouve en majorité sans travail, souvent sans ressources.
N’empêche. Claude Stadelmann l’aime cette terre rougeâtre où le rhum est la boisson préférée de son peuple centre-africain. «L’élevage de zébus a été et reste toujours une richesse unique dans le pays; dans certaines régions, les Malgaches placent tout leur argent dans les troupeaux. C’est leur banque ! », relève-t-il.
Intimité et spontanéité
Au nom de l’authenticité, le film privilégie l’approche intime et la spontanéité. Les moyens modestes – humains et techniques – du tournage, mis à disposition pour la réalisation du film, participent de cette volonté. Une matière riche, mais livrée d’une manière brute, brute de décoffrage… Dans cette optique, la production, légère et entièrement assumée par les protagonistes et un parrainage de partenaires privés, revendique ce choix. «Le désir et la passion sourient aux maladresses de prises de vue et de son !», charrie Claude Stadelmann. Alors, toujours l’œil derrière la grosse caméra d’antan en 35 mm ? «Non, plus maintenant. Nous utilisons des appareils numériques professionnels de qualité et nous développons nos films sur un ordinateur.» Si, avec l’expérience, Claude Stadelmann apprivoise la chaîne de fabrication d’un film de A à Z, il confie le côté technique et son matériel aux cinq jeunes malgaches qu’il a engagés pour ce documentaire tourné entre 2013 et 2016 à raison d’une dizaine de jours de tournage par année. L’ingrédient de l’intrigue ? «C’est ma sensibilité qui m’aide à percevoir au mieux la partie cachée des personnes et des lieux. Quant à la forme, je privilégie l’improvisation, le contraste et la spontanéité. Mais attention, je peux aussi être critique dans un sens comme dans l’autre, ce qu’on verra très rarement dans un autre reportage. »
Un film sur la vanille
Plein de ressources, Claude Stadelmann affiche une ambition mesurée. Quel est le secret de votre enthousiasme ? «Cela reste un secret ! (Rires) J’aime dire les choses telles qu’elles sont et tant que j’ai l’énergie pour le faire, je le ferai.» D’ailleurs, le Delémontain a encore de beaux projets dans son escarcelle. A 74 ans, il prévoit de réaliser un film sur la vanille (la vraie, celle qu’on aime humecter) et une fiction sur l’adaptation du livre de Daniel de Roulet qui s’intitule «Les dix petits anarchistes.» Un autre registre que le Jurassien maîtrise avec autant de talent. «Cela évoque l’histoire, au milieu du 19e siècle, de dix femmes parties de Saint-Imier pour essayer d’aller s’installer, peut-être en Pentagonie, une communauté anti-autoritaire.»
Un réalisateur somme toute éclectique… et toujours aussi authentique.
Roland J. Keller
Sorties dans le Jura et le Jura bernois
• Mercredi 24 juin (première suisse, 20h30), dimanche 28 juin (18h) et mardi 30 juin (18h), Porrentruy au Cinémajoie.
• Dès jeudi 25 juin, Le Noirmont à Cinélucarne.
• Dès vendredi 26 juin, Delémont à Cinémont.
• Dès mardi 30 juin, Tramelan au Cinématographe.
• Dès vendredi 3 juillet, Les Breuleux au Cinémalux.
• Dès samedi 4 juillet, Moutier au Cinoche.
• Dès mardi 7 juillet, La Neuveville au Cine2520.
D’autres séances sont prévues en juillet et août à Bienne (Rex), Neuchâtel (Apollo), La Chaux-de-Fonds (Le Scala), Fribourg (Rex) et autres villes de Suisse romande.