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Regard avisé sur l’histoire villageoise

Edition N°14 - 13 avril 2022

Olivier Guerne : « Je ne porte pas un regard nostalgique sur le passé tavannois, mais je n’hésite pas à me nourrir de tous mes joyeux souvenirs. » (photo oo)

Tavannois dans l’âme, Olivier Guerne n’est pas emprunté au moment de retracer l’historique d’un village qu’il ne quitterait pour rien au monde. Sa faculté d’analyse est d’autant plus pertinente qu’il s’est plongé dans les archives pour réaliser, avec Yves Diacon, une plaquette éditée dans le cadre du 1150e anniversaire de la commune de Tavannes, en 2016. Portrait d’une personnalité malicieuse et enjouée. 

Féru d’histoire, de théâtre et de musique, Olivier Guerne cumule les passions avec une facilité déconcertante. Aujourd’hui retraité, l’ancien secrétaire municipal de Tavannes était l’homme tout désigné pour narrer l’évolution du village des Coqs qui, selon lui, n’a pas laissé trop de plumes dans la traversée des années, gérée avec compétence autant par les autorités municipales que bourgeoises. Cette maîtrise n’est sans doute pas étrangère à l’image reluisante que véhicule le village, grandement épargné par les affres du démantèlement que d’autres localités ont dû subir. « Nous avons notamment perdu Manor, je vous l’accorde mais, sincèrement, je n’ai pas le sentiment que Tavannes ressemble à une cité-dortoir. Au contraire, son commerce local, son tissu économique et sa vie associative respirent la vitalité. L’implantation de nouveaux quartiers ces dernières années apporte également des forces vives au village, même si l’on observe inévitablement des variations au niveau des efforts consentis en matière d’intégration. » On ne peut raisonnablement pas passer la Fête des Saisons sous silence lorsqu’on lance un clin d’œil au passé tavannois. C’est d’ailleurs cet événement que l’ami Olivier a choisi pour désigner son souvenir d’enfance le plus marquant : « A l’âge de 6 ans, je défilais déjà sur un char. Il faut dire qu’à l’époque, la Fête des Saisons déchaînait les passions à un degré nettement plus élevé qu’aujourd’hui. Les fleurs étaient livrées en grande quantité depuis la Hollande par camion. Les enfants avaient pour mission de les piquer sur les chars. Je me souviens aussi que Mme Hof-
stetter nous recrutait à la salle de paroisse où nous enfilions de magnifiques costumes. En 1975, la Fête des Saisons a été annulée. La faute à qui ? A la Question jurassienne, pardi ! Nous en étions encore aux années de braise… »

L’artillerie lourde

Prenant un malin plaisir à compulser des notes et autres documents retraçant l’histoire de Tavannes, Olivier Guerne a rejoint le comité ad hoc formé dans le cadre du 1150e anniversaire de la commune de Tavannes, en 2016. Avec Yves Diacon, il s’est attelé à la réalisation de la plaquette intitulée « Tavannes 866-2016, 1150 ans d’histoire ». « Ce travail a fait l’objet de recherches minutieuses depuis 866 », confie-t-il. « Evêché de Bâle, Etat de Berne, traité de combourgeoisie : nous avons sorti l’artillerie lourde. » Vers la fin du XIXe siècle, le village agricole de Tavannes a opéré une mue mémorable avec l’essor de l’industrie horlogère et la construction du bâtiment de Tavannes Watch Co, sur un terrain de la bourgeoisie. Cette entreprise dirigée par Henri Frédéric Sandoz a compté jusqu’à 1200 employés et produit près de 4000 montres par jour avant de devenir Cyma Watch Co. Des sous-traitants sont venus se greffer sur ce géant de l’horlogerie ce qui déboucha naturellement sur une diversification des secteurs (mécanique, taillage, outillage, machines, galvanoplastie, polissage du bois, etc.) « Je ne porte pas un regard nostalgique sur le passé tavannois, mais je n’hésite pas à me nourrir de tous mes joyeux souvenirs », relève Olivier Guerne. Son regard sur l’avenir de Tavannes n’est surtout pas alarmiste car il reste persuadé que les bonnes dispositions entrevues ces dernières années avec l’implantation de la zone industrielle de Malvaux, l’usine Tavadec, le bâtiment administratif de la rue du Quai, ne resteront pas sans lendemain. Ses craintes s’orientent plutôt en direction de la vie associative, le Covid n’ayant qu’accentué les difficultés rencontrées par les sociétés au niveau du renouvellement des troupes : « Le fait de tendre de plus en plus vers l’individualisme n’est pas un signal très rassurant pour l’avenir de nos sociétés. Ce sont toujours les mêmes qui s’attellent au montage et au démontage des guinguettes à la Fête des Saisons ou lors d’autres manifestations. » Il est bien placé pour le savoir, lui qui s’implique depuis plusieurs décennies au sein de la fanfare du village – GénéraSon – et de la troupe Les Tréteaux d’Orval au Théâtre de l’Atelier, à Reconvilier. Sa création remonte à quarante ans et les quatre fondateurs, soit Isabelle Frêne, Olivier Guerne, Manuel Boukhris et Pierre Bühler sont toujours sur le pont. Ils concoctent un spectacle de derrière les fagots pour cet automne. Des détails ? Olivier Guerne n’ayant pas voulu vendre la mèche, il faut simplement prendre votre mal en patience. Comme nous d’ailleurs…

Olivier Odiet 

Olivier Guerne : « Je ne porte pas un regard nostalgique sur le passé tavannois, mais je n’hésite pas à me nourrir de tous mes joyeux souvenirs. » (photo oo)