Actualités

Remédier à un problème de surcoût

Edition N°47 – 21 décembre 2022

Ingrid Tolotti lors de la conférence de presse du 15 décembre donnée par l’ABDIPE à Valbirse pour sensibiliser les autorités cantonales et la population sur le problème des surcoûts des tarifs de garde. (photo rke)

Face aux surcoûts prévisibles des tarifs de garde des crèches suite à une nouvelle ordonnance cantonale, l’Association bernoise francophone des directions des institutions de la petite enfance (ABDIPE) monte au front pour demander davantage de soutien financier de la part du canton.

Entrée en vigueur en août dernier, la nouvelle Ordonnance sur les programmes de soutien à l’enfance, à la jeunesse et à la famille (OEJF) est saluée par les professionnels de la région. Cette directive propose un changement d’organe de surveillance au niveau cantonal, des exigences de sécurité, des surfaces minimales en mètres carrés ainsi que des normes d’encadrement de personnel qualifié. En bref, il s’agit d’établir des conditions claires de travail dans les crèches jusqu’à un niveau de formation équitable où les stagiaires ne peuvent par exemple pas être comptés dans le personnel qualifié.

Déficit structurel

Cependant, ces nouvelles exigences impliquent un lourd impact financier sur les structures d’accueil qui doivent désormais engager du personnel qualifié. Ces mesures font exploser les budgets des masses salariales et les institutions font face à un déficit structurel. Ces charges ne sont à l’heure actuelle pas couvertes par les systèmes de « bons de garde », autrement dit une sorte de subvention. « Pour remédier à ce problème de surcoût, les crèches devront augmenter leurs tarifs, ce qui pénalisera surtout les personnes à faible capacité financière », estime Ingrid Tolotti, présidente de l’ABDIPE et directrice de la crèche Les 4 Saisons à Reconvilier. Et ce fameux bon est limité à 100 francs par jour, respectivement 150 francs pour la prise en charge d’enfants de moins de 12 mois. Or, calculette en main, si le tarif journalier passe de 107 à 120 francs, après déduction du bon, les parents devront payer au minimum 20 francs… par jour ! « C’est un montant bien plus élevé que la contribution minimale journalière de 7 francs quotidiens fixé à l’article 58 de l’OEFJ », ajoute Ingrid Tolotti. 

Vers un « bon de garde » supérieur

Alors, que faire ? Demander aux parents des enfants de passer à la caisse, et cela ne convient pas à l’ABDIPE ou requérir un soutien financier cantonal plus conséquent. L’association Jura bernois. Bienne (jb.b) propose que le canton rehausse le montant maximum du « bon de garde » de 100 à 120 francs par jour, respectivement 170 francs pour enfants de moins de 12 mois. Bien que financée principalement par le canton, cette mesure serait aussi prise en charge en partie par les communes étant donné qu’une franchise sur les bons de garde, payée par les communes, reste à charges de celles-ci.

Interpellation d’Hervé Gullotti

Une interpellation au Grand Conseil a été déposée par le député socialiste tramelot Hervé Gullotti pour sensibiliser le canton à cette problématique. « Avec cette nouvelle ordonnance, la libération qui est proposée paralyse l’équilibre entre vie de famille et vie professionnelle au lieu de la faciliter. En effet, les institutions privées et publiques vont être contraintes d’engager du personnel professionnel et donc de répercuter les coûts de ces engagements soit sur les familles soit sur leurs propres finances. Je souhaite vivement que notre démarche soit entendue par le canton. » De toute évidence, il faudra une bonne dose de patience et d’espoir avant de voir cette requête aboutir.

Roland J. Keller

Ingrid Tolotti lors de la conférence de presse du 15 décembre donnée par l’ABDIPE à Valbirse pour sensibiliser les autorités cantonales et la population sur le problème des surcoûts des tarifs de garde. (photo rke)