Portraits

Renforcée par la douleur de l’épreuve

Edition N°1 - 13 janvier 2021

Virginie Grossniklaus : « Mes expériences de vie m’ont ouvert l’esprit sur plein de choses. » (photo cag)

Domiciliée à Saicourt avec sa famille depuis 2010, Virginie Grossniklaus (44 ans) n’a pas été épargnée par les épreuves douloureuses de la vie. Confrontée à des souffrances émotionnelles et physiques, l’ancienne conseillère municipale de Saicourt (de 2011 à 2018) livre un témoignage saisissant sans jamais chercher à s’apitoyer sur son sort.

« Je suis née à Saignelégier et j’ai vécu dans cette localité jusqu’à l’âge de 19 ans. Dans ma dernière année de scolarité, encouragée par ma maman à ne pas me former uniquement dans le but d’imiter d’autres jeunes, j’ai effectué des stages dans une boulangerie, dans la vente, chez un architecte et à l’hôpital de Saignelégier. A la fin de celui-ci, j’ai affirmé que je ne travaillerais jamais dans ce secteur ! Finalement, j’ai obtenu une place d’apprentissage à Saint-Imier. Au terme de quatre ans, j’ai obtenu un CFC de dessinatrice-électricienne. Je me déplaçais à Lausanne pour acquérir les connaissances théoriques. J’ai exercé ma profession pendant une vingtaine d’années. Progressivement, j’ai compris que je devais m’orienter dans un autre engagement. Une certaine monotonie s’était installée. Je me suis mariée à Yanis en 2000. En 2004, nous avons eu la douleur de perdre notre premier enfant. Zoé est née avec une malformation au cœur. Après deux semaines, elle est décédée. Cela a chamboulé bien des choses dans la vie de notre couple qui ne vivait pas cela de la même manière et pas au même rythme. Nous étions en décalage et nous avons dû apprendre à vivre dans ce contexte tout sauf évident. Noémie est née en 2006 et Sarah en 2010. En 2011, j’ai donné ma démission de dessinatrice, pour m’engager dans un emploi qui privilégiait l’humain.

Un virage professionnel

J’ai trouvé une place de travail à la cafétéria de la clinique à Bellelay. J’étais en contact avec le personnel soignant et des patients. J’y suis restée pendant 3 ans avant d’être engagée au home des Lovières, à Tramelan, dans un emploi similaire pendant moins d’une année. L’aspect médical m’attirait de plus en plus. En 2015, l’opportunité s’est présentée de travailler au SAMD, service d’aide et de maintien à domicile deTramelan. Il couvre le territoire de Tramelan/Mont-Tramelan et fournit aux personnes atteintes dans leur santé des prestations d’aide et de soins à domicile. J’ai alors suivi une formation d’auxiliaire de la Croix-Rouge.

Au début de 2020, un entretien d’évaluation a poussé la direction à me demander si j’étais disposée à me lancer dans un apprentissage d’assistante en soins et santé communautaire. Je suis donc une apprentie en formation raccourcie en raison des années de travail déjà accomplies. Pour la théorie, je me rends au ceff à Saint-Imier. En juin 2022 j’obtiendrai un CFC d’ASSC. Au sujet de l’année 2020 très particulière, j’ai dû, les premiers mois, m’habituer à vivre avec certains risques malgré les précautions obligatoires. J’avais peur de ramener le virus dans ma famille. A mi-novembre, le virus m’a atteint. J’ai dû vivre en isolement total au domicile familial pendant une dizaine de jours. Ce fut une expérience très pénible. Toute ma famille était en quarantaine. A la souffrance physique s’ajoutait la souffrance émotionnelle. Depuis ces jours d’enfermement, je me suis mise à la place des personnes âgées qui n’ont plus le droit de sortir. Mes expériences de vie m’ont ouvert l’esprit sur plein de choses. »

Récit recueilli par Charles-André Geiser

Virginie Grossniklaus : « Mes expériences de vie m’ont ouvert l’esprit sur plein de choses. » (photo cag)