Actualités

Sorcellerie : des chiffres effrayants

Edition N°20 – 25 mai 2022

Mémoires d’Ici conserve un témoin exceptionnel de l’immense chasse aux sorcières qui s’est abattue sur l’Europe du XVIIe siècle : un volume contenant les liasses de soixante-sept procès pour faits de sorcellerie instruits et jugés sur la Montagne de Diesse entre 1611 et 1667. Sylviane Messerli, directrice de Mémoires d’Ici, centre de recherche et de documentation du Jura bernois, présentera ce recueil lors d’une soirée le jeudi 5 mai au CIP à Tramelan. 

Les confessions des cinquante-six femmes et onze hommes, transcrites dans leur forme définitive par les greffiers de justice, étaient relues à la personne accusée au moment du jugement pour que celle-ci les confesse publiquement. Les chiffres effraient : sur un bassin de population estimé à 850 personnes, quatorze sont condamnées en 1611, douze en 1616, six en 1617… Les confessions mêmes dévoilent les actes reprochés aux accusés. Une première rencontre avec le diable, souvent dans un endroit isolé, a lieu dans un moment fragile de l’existence. Soumis à son nouveau maître, le sorcier reçoit de la graisse et du pusset qui lui permettront de tuer gens et bêtes.

Querelles de voisinage résolues 

Les formulations stéréotypées des procès font comprendre que le recours à l’accusation de sorcellerie a permis de résoudre des querelles de voisinage, de mettre à l’écart des pauvres bougres et des marginaux, de supprimer des femmes venues des villages extérieurs. A sa manière, dans un siècle parsemé de disettes et d’épidémies et dont les connaissances médicales étaient rudimentaires, l’accusation a parfois fourni une réponse à l’âpreté du quotidien et au mystère de la maladie et de la mort. On sait que la sentence qui condamne ces femmes et ces hommes à être brûlés précise que leurs cendres seront dispersées aux quatre vents afin que d’eux ne soit plus de mémoire. Aujourd’hui, paradoxalement, les procès qui disent leur condamnation sont ceux qui conservent leur mémoire.  

(cp)

Cycle de conférences « Sorcières et procès », jeudi 2 juin (19 h 30) au CIP à Tramelan. Entrée libre – collecte. La conférence a lieu dans le cadre du cycle organisé par la commune de Tramelan, la société jurassienne d’Emulation et le CIP.