Par les temps qui courent, le réflexe interjurassien en prend pour son grade, le départ de Moutier dans le canton du Jura étant à l’origine de cette discorde. La directrice du CAAJ Danielle Ackermann n’entre pas dans ce jeu-là et précise d’emblée que les centres de formation technique du Jura bernois et du canton du Jura, soit le ceff industrie, le CAAJ (JB), le CEPIM et la DIVTEC (JU), ont décidé de créer un village technique ensemble au Salon interjurassien de la formation sur une surface de 270m2.
Esprit d’ouverture exemplaire
« Nous plaçons les jeunes au centre de nos priorités », confie-t-elle. « Le fait de vouloir nous réunir sur un seul et unique stand est un signal fort lancé aux instances politiques pour qu’elles comprennent que nous aimons travailler ensemble. » En clair, le réflexe interjurassien pour les centres de formation technique du Jura bernois et du canton du Jura n’est pas remis en cause, bien au contraire. Le fait de les retrouver sur les stands No 19 et 20 au Forum de l’Arc à Moutier du 28 février au 3 mars met en exergue un esprit d’ouverture exemplaire visant à démontrer qu’il ne faut pas mélanger l’avenir des jeunes avec la politique. La présidence du village technique est assurée par un binôme formé de Claude Maitre et Tino Cocco, respectivement directeurs de la DIVTEC et du ceff industrie. Quarante métiers techniques seront présentés par le biais de démonstrations et d’animations, dont un jeu de fléchettes. Les plus performants auront la possibilité de faire voler des petits drones dans un espace spécialement aménagé à cet effet. Les écoliers se verront offrir l’opportunité de s’inscrire à un stage découverte. L’éventualité de décrocher un contrat d’apprentissage pour la rentrée d’août est aussi envisageable, les entreprises éprouvant des difficultés à recruter des apprenti-e-s. Constat, faut-il le rappeler, qui n’est pas uniquement valable pour les métiers techniques.
« On ne se rend plus à la mine ! »
« Pour recruter des jeunes, on observe une envie de lancer des opérations séduction dans tous les secteurs professionnels », renchérit Danielle Ackermann. « Dans l’industrie, nous pourrions sans autres former le triple des effectifs actuels. C’est une situation inquiétante. » Les préoccupations sont d’autant plus justifiées que la technologie a fait un bond spectaculaire ces dernières années. Il est donc indispensable de pouvoir trouver de la main-d’œuvre qualifiée pour répondre aux exigences d’un milieu toujours plus pointu, plus précis, plus compliqué. « Dans notre argumentation promotionnelle, c’est aussi notre devoir de rendre les parents attentifs au fait que les métiers de l’industrie ont connu une évolution fulgurante. On ne se rend plus à la mine ! C’est propre, lumineux, l’odeur de l’huile est inexistante. On est entré dans un autre monde ! » confie la directrice du CAAJ.
Le regret de Danielle Ackermann
Initiatrice des fameux speed datings, Danielle Ackermann profite de nos colonnes pour lancer un clin d’œil à #bepog, dont la mission consiste à donner envie aux jeunes de s’orienter vers les métiers techniques et de contribuer au maintien de l’industrie dans l’Arc jurassien. Pour rappel, le Salon de la formation interjurassien compte une septantaine de stands sur une surface de 9’000 m2 pour découvrir plus de 200 métiers et formations. Du mercredi au vendredi, le Salon accueillera les élèves des classes de 9e et de 10e Harmos des écoles secondaires du canton du Jura et de la partie francophone du canton de Berne (trente écoles, 5’500 élèves, 200 enseignant-e-s). Les élèves ont la possibilité de préparer leur visite en téléchargeant l’application du Salon 2024 via un code QR. Ils auront ainsi tout loisir de trouver rapidement les stands des métiers de leur choix. Danielle Ackermann regrette que cet accompagnement scolaire ne soit pas ouvert aux élèves de 11H sachant que tous n’ont pas la chance d’avoir décroché une place d’apprentissage ou de formation pour la rentrée d’août 2024. Reste à savoir si son appel sera entendu un jour. Il est permis de rêver…
Olivier Odiet