Manifestations

Tramlabulle a vécu et bien vécu

Edition N°36 - 2 octobre 2019

Nicolas Sjöstedt (Jo) et Yvan Sjöstedt (Ted), deux frères et deux potes pour la même passion. (photos Roland J. Keller)

Des séances de dédicaces, aux ateliers de dessins, en passant par des concerts, la réalité virtuelle ou encore six expositions de planches de BD, Tramlabulle a connu un succès dingue. Près de 5000 personnes ont déambulé durant trois jours sur le site du CIP, ce dernier week-end, lors de ce festival international, 23e du nom, lequel a accueilli une quarantaine d’artistes. De France, de Belgique et du Kosovo.

«Noir, c’est noir, il n’y a plus d’espoir…» Non, ce n’est pas l’histoire tirée d’un tube de Johnny Hallyday, mais l’évocation d’un titre de bande dessinée : «Comment ne pas se perdre dans le noir ?». Nicolas Sjöstedt
(alias Jo, également responsable des Editions du Roc à Saint-Imier) au dessin et Yvan Sjöstedt (alias Ted) au scénario, témoignent à leur manière des incertitudes du quotidien. Certes, ils sont mordus de noirceurs, mais veulent gribouiller la réalité et la coucher sur le papier. Et pas sur smartphone. N’y a-t-il pas une connotation négative dans votre manière de dépeindre le noir ? «Mais non ! Le noir a le droit d’avoir de l’humour. Et de toute façon, les pensées obscures sont en devenir. Par nos dessins, on veut surtout perpétuer l’âme d’André Franquin (Marsipulami de la série Spirou & Fantasio)», confie Jo.

Du « pays des loups » à Tramelan

Les deux frères, se plaisent dans les hauteurs neuchâteloises, « au pays des loups », comme ils disent. Jo et Ted, à l’instar d’une quarantaine d’autres artistes, sont venus conquérir Tramelan, « au pays du bon temps » et présenter leurs BD, dont « Le Farinet » parut chez Pierre-Marcel Favre. Les deux compères ont dévoilé leurs œuvres au pied de l’entrée principale en présence, sur la même tablée, des dessinateurs bien connus que sont : Pitch Comment, Vincent l’Épée et Bénédicte. Mais, qu’est-ce qui est si lourd dans «C’est du lourd ! » ? «Il s’agit d’une sélection de dessins pour les dix ans de Vigousse ! Les plus lourds… quoi !», plaisante la Genevoise, caricaturiste au quotidien « 24 Heures ».

«Crigou» est toujours là

Plus loin, dans l’un des couloirs étroits et un peu moins fréquentés du festival, l’ami « Crigou » tient discrètement son stand. Alors, que devient Christian Voirol après s’être lancé dans la BD il y a huit ans ? « Ah, ce n’est pas facile de vivre de ce métier, mais j’y crois encore. Je suis là », confie le Tavannois, qui, comme Manu, son personnage autobiographique tiennent le coup de crayon. Julien Cachemaille des Éditions de la Chaussette, n’a lui pas caché ses intentions. En créant Flink et Frida, deux ados des années 89, il s’est fait connaître via sa plateforme participative Tipeee (avec trois «e ») basée sur le principe du pourboire en ligne. Les internautes peuvent ainsi soutenir les dessinateurs ou créateurs en leur donnant le coup de pouce salvateur.

Vol en dragon… virtuel

Outre ses six expositions, Tramlabulle a aussi offert aux enfants (mais aussi aux grands) de plonger dans le monde virtuel. Un vol sur le dos d’un dragon, une tournée en carrousel, une balade dans les montagnes russes ou des jeux interactifs. «Les enfants ne peuvent pas piloter comme en simulateur, mais simplement sentir leurs mouvements. Ils se laissent conduire en quelque sorte», explique Simon Mabika de la société Virtual4U.
Un festival qui a su conquérir son monde.

Roland J. Keller

Nicolas Sjöstedt (Jo) et Yvan Sjöstedt (Ted), deux frères et deux potes pour la même passion. (photos Roland J. Keller)