Portraits

Un amour inconditionnel

Edition N°43 - 18 novembre 2020

Naty Danz et sa fille Simone: une complicité à toute épreuve. (photo ps)

La Courtisane Naty Danz a une petite fille atteinte de trisomie 21. Malgré les nombreux découragements du corps médical, elle a choisi de donner une chance à cet enfant. Poignant témoignage.

Naty Danz est connue dans notre région pour ses doigts de fée et sa grande gentillesse envers ses clients. Couturière, elle tient en effet depuis dix ans le magasin « L’atelier chez Naty », situé en face de l’ancien magasin Manor à Moutier. Toutefois, bien qu’elle maîtrise clairement ce sujet, ce n’est pas sur ce thème qu’elle a souhaité témoigner dans nos colonnes. Mais plutôt sur une dure épreuve qu’elle a traversée avec sa famille.

Pour cela, il faut remonter quelque peu en arrière. Naty a eu un premier enfant, prénommé Samuel et âgé aujourd’hui de 4 ans. Désireuse de lui donner un frère ou une sœur, Naty et son mari Joël ont attendu longtemps une deuxième grossesse, qui a tardé à venir.

Finalement, le miracle tant souhaité se produisit. Pourtant pour Naty, le bonheur a été de courte durée. Lors d’un contrôle chez son gynécologue à l’issue de ses trois mois de grossesse, il lui annonce que son enfant risque d’être atteint de trisomie 21. Cette anomalie génétique du chromosome 21 se traduit par un retard cognitif associé à des modifications morphologiques particulières. Le gynécologue lui conseille de réaliser une amniocentèse pour confirmer ce diagnostic. Naty Danz sort de cette consultation complètement bouleversée: « Mon cœur a éclaté en morceaux. J’ai été envahie par une immense tristesse et par la peur. »

Dans les semaines qui suivent, Naty et son mari Joël doivent faire face à un dilemme atroce : garder ou non leur enfant pourtant si désiré. Selon les statistiques du CHUV, qui possède une division spécialisée en génétique, 90 % des femmes décident d’avorter lorsque le diagnostic prénatal révèle que le fœtus est atteint de trisomie 21.

Et ce constat, Naty Danz l’a expérimenté. Elle a en effet eu l’impression qu’elle n’avait pas le choix: « Le corps médical m’a clairement recommandé de mettre fin à ma grossesse. Aucune autre option ne m’a été proposée comme si rien d’autre n’était envisageable. » Pourtant Naty ne se laisse pas influencer et décide avec son mari de donner une chance à cet enfant. Sa grossesse n’a pas été simple : fatigue, doutes, craintes et incertitude. Mais grâce à sa détermination et à sa foi, Naty fait face. En avril 2019, Simone vient au monde. « Mes peurs se sont évanouies. Je ne voyais plus que ma fille, un être plein de vie qui me comblait », relève Naty.

Mais après la naissance de sa fille, d’autres défis attendent encore la Courtisane : « Le regard des gens est très pesant. Certains se moquent de ma fille et la pointent du doigt. » Profondément touchée par la bassesse et le manque d’empathie de certaines personnes, Naty prend sur elle et tente de se constituer une carapace même si elle souffre. « Un jour, j’ai eu comme un déclic. J’ai mis un mur entre ces personnes malveillantes et moi. Et peu à peu, je parviens à les ignorer. »

Une famille en or

Naty a la chance d’être bien entourée. Sa belle-famille l’a soutenue tout au long de cette épreuve et garde régulièrement Simone. Ainsi, Naty a pu continuer à travailler malgré sa situation. « Mon travail me passionne et il me paraissait important de garder cet espace pour moi. C’est aussi une manière de se ressourcer, de voir autre chose, de prendre du recul. »

Aujourd’hui, Simone a 1 an et demi. Elle marche en s’appuyant sur son petit chariot et se porte très bien. Elle est suivie par une professionnelle du Service éducatif itinérant (SEI), qui se rend à domicile pour accompagner son développement et prodiguer des conseils aux parents. Pour faire au mieux, Naty a également cherché des personnes qui traversaient cette même épreuve. Elle a ainsi rencontré Louise, qui a aussi une fille atteinte de trisomie : « Le fait de pouvoir échanger avec cette amie m’a beaucoup aidé. J’ai compris que c’était possible et je me sens enfin soutenue dans mon choix si critiqué par d’autres. » Cette expérience aussi difficile soit-elle a été très enrichissante pour Naty. « Aujourd’hui, j’essaie de pas trop penser à l’avenir. Je vis un jour à la fois et je profite de cet amour inconditionnel que m’offre Simone. » Si la Courtisane a souhaité témoigner, c’est pour encourager d’autres familles, qui seraient confrontées au même défi, à se laisser guider par leur propre choix. « Faire un choix à contre-courant et l’assumer m’a apporté beaucoup. Je me sens plus forte aujourd’hui et plus altruiste. Si c’était à refaire, je referais exactement le même choix car chaque être vivant à une immense richesse à offrir et je le constate chaque jour grâce à Simone. »

Pascale Stehlin

Naty Danz et sa fille Simone: une complicité à toute épreuve. (photo ps)