Actualités

Un ciel toujours très nuageux

Edition N°13 – 8 avril 2021

Selon le directeur de la CEP, Patrick Linder, les performances des entreprises se situent dans le même registre que celles des derniers mois en termes de résultats opérationnels. (photo rke-a)

Le baromètre industriel de la Chambre d’économie publique du Jura bernois (CEP) décrit le schéma attendu dans le secteur secondaire pour la mi-année 2021 et révèle le point d’orgue apposé sur les activités des entreprises régionales pour les prochains mois encore. 

Le baromètre industriel de la CEP met à jour de grandes tendances du secteur secondaire, domaine d’activité principal de la région occupant près d’un emploi sur deux. Agrégeant les anticipations des entreprises, cet outil prospectif de compréhension permet une analyse sectorielle s’appuyant sur les entrées de commandes, les résultats opérationnels, la capacité d’investissement et la projection du développement de l’entreprise dans l’année. Il met en lumière les tenants et aboutissants de l’industrie comprise comme un système interdépendant. Le volume d’affaires attendu pour les prochains mois est stable et correspond à celui qui était anticipé durant tout le deuxième semestre 2020 et le début de l’année 2021. Après l’étiage connu notamment par l’industrie de la précision à l’été 2020, les entrées de commandes se sont fixées à un niveau chroniquement bas qui semble se maintenir avec la prolongation de l’épidémie et les restrictions qui entravent le monde dans sa globalité. Une amélioration est cependant attendue par certaines petites entreprises actives dans des niches ou proposant des compétences spécifiques. 

Les entrées de commandes prévues devraient ainsi permettre aux entreprises de prolonger un fonctionnement à bas régime. Soutenue par un recours au chômage partiel dont le délai d’utilisation est arrêté, cette situation n’est ainsi pas durable. Elle engendre, de surcroit, des dommages dont les symptômes seront perceptibles dans les prochaines années, particulièrement pour ce qui concerne l’innovation, l’amélioration de la productivité et le champ de la digitalisation des activités. La relance de dynamiques industrielles vertueuses est directement inféodée à une reprise franche de l’économie mondiale et à des projections en matière de consommation, particulièrement dans le domaine du luxe (horlogerie) ou pour les biens manufacturés nécessitant des moyens de production. En termes de résultats opérationnels, les performances des entreprises se situent dans le même registre que celles des derniers mois alors que la profitabilité des activités industrielles s’avère modique pour des raisons préexistant à la pandémie de COVID-19 (force du franc, coût du travail, pression de la concurrence internationale sur les prix). 

Impact limité du télétravail et modèle hybride

Les entreprises ont été interrogées sur leur pratique du télétravail et invitées à partager un regard critique à son sujet tirant parti d’une expérience désormais considérable. Le travail à domicile s’est imposé comme une mesure immédiate du premier semi-confinement décrété en mars 2020. Gagnant une pleine notoriété, son potentiel, jusqu’alors peu exploité dans l’économie nationale, s’est vu légitimé par la prophylaxie de circonstance. Permettant la poursuite d’activités administratives uniquement, il a pourtant été initialement perçu par les commentateurs comme une réponse idéale, agile et contemporaine aux défis imposés par l’épidémie. Son application selon les domaines et dans la durée montre toutefois de sérieuses limites pour les entreprises suisses.

Dans une économie de production à haute valeur ajoutée technologique, comme c’est le cas pour l’industrie du Jura bernois, des fonctions peuvent être temporairement exercées à distance et d’autres ne le peuvent pas. La production, le montage, le contrôle, l’entretien ne peuvent s’opérer à domicile et requièrent présence physique, actions directes et interactions humaines. L’industrie suisse a donc une affinité très partielle avec le télétravail, indépendamment de la complexité des tâches et des savoirs mobilisés. De plus, la production de haut niveau et les projets complexes impliquent des interactions de personnes et de compétences de types administratives in situ. Les entreprises interrogées laissent postuler schématiquement qu’environ un à deux postes sur dix peuvent être concernés par du travail à distance. Cette proportion varie toutefois fortement selon les entreprises, leur taille et leur activité. (cp)

Selon le directeur de la CEP, Patrick Linder, les performances des entreprises se situent dans le même registre que celles des derniers mois en termes de résultats opérationnels. (photo rke-a)