Actualités

Un enrichissement réciproque

Edition N°47 – 22 décembre 2021

Les cours dispensés aux requérants s’inscrivent dans une dynamique qui colle parfaitement avec l’état d’esprit caractérisant Amitra. (photo ldd)

La commune de Tramelan a une longue tradition d’accueil, son centre d’hébergement collectif existant depuis plus de trente ans.

En 2015, au plus fort de la crise migratoire, le village avait répondu à cette problématique en ouvrant un hébergement d’urgence situé sous la patinoire. « Quel choc de voir une centaine de jeunes hommes placés en enfilade dans ces dortoirs ! Surtout, sans aucune occupation », explique Nathalie Mercier-Vaucher, co-fondatrice d’Amitra avec plusieurs citoyen-ne-s du village, dont Mathieu Chaignat, le président : « Il a vite été question de les sortir de ce souterrain en leur proposant différentes activités ». C’est ainsi que naquit l’équipe de foot IV du FCTT.

Après quelques mois, Amitra est formellement constituée de manière à gérer les dons et à coordonner ses actions. Pour Nathalie Mercier-Vaucher, « au départ, il n’était pas tellement question d’intégration, les requérants avaient surtout besoin de stabilité et de repos. » Par la suite, l’association a commencé à organiser des cours de français, bien conscients que l’intégration de ces jeunes serait facilitée par une connaissance de la langue. « Le but est de susciter de l’intérêt pour le français et pour cela, nul besoin d’être enseignant pour assurer ces leçons », assure Léonie Morf, membre du comité. Les bénévoles interviennent auprès de requérant-e-s titulaires du permis N, en attente d’une décision pour rester en Suisse. Ces derniers ne bénéficient pas de cours payés par le Canton ou la Confédération. « Permis F ou B en poche, ils intègrent des cours de français professionnels. »

Apprendre sur YouTube

L’exemple de Maruf Besharat, originaire d’Afghanistan est à ce titre impressionnant. Un peu timide, l’homme de 35 ans détaille son apprentissage de la langue : « J’ai débuté tout seul en regardant des vidéos sur YouTube. Ensuite, Amitra m’a soutenu durant quatre mois. » Aujourd’hui, Maruf bénéficie de cours professionnels. Il attend les résultats du test FIDE qui validera son niveau de français et lui ouvrira la porte à des formations professionnelles ou à un emploi.

Tenir correctement un stylo peut parfois s’apparenter à un défi

Irène Muller de Tavannes est bénévole. « Au début, j’ai soutenu un jeune homme pour ses devoirs. J’ai été bluffée par la qualité de son français. Il ne faisait aucune faute d’orthographe. »

Par la suite, on lui a confié deux hommes analphabètes, dont les familles ont été victimes des talibans. « Khalmohammed n’avait jamais rien écrit dans sa langue. J’ai beaucoup réfléchi avant d’accepter, mais l’expérience est enrichissante ! » Quand on ne part de rien, le simple fait de tenir correctement un stylo relève du défi. Sur sa pratique, la bénévole s’explique : « Sur mon téléphone, j’ai une application qui traduit du français au turc. Khalmohammed, qui comprend cette langue, traduit ce que je dis en farsi à son compatriote Nadjib. La collaboration est vraiment chouette. »

Recherche de bénévoles

Si l’association peut compter sur le soutien de plusieurs bénévoles, les besoins ne sont pas comblés de manière que chaque requérant-e puisse bénéficier de cinq heures de français par semaine. En outre, l’engagement peut prendre différentes formes. « Cela peut être des aides ponctuelles : révision d’examens, organiser une promenade ou transporter l’équipe de foot », rappelle Mathieu Chaignat. Enfin, depuis l’an dernier et grâce à l’association Save the Children, un appartement du centre d’accueil a été transformé en salle de jeux.

Là encore, Amitra recherche du monde afin d’animer des ateliers avec les enfants requérants.

Si participer à cette belle aventure vous tente, contactez Amitra : mathieu.chaignat@cip-tramelan.ch ou au 078 664 97 48.

Bruce Rennes

Les cours dispensés aux requérants s’inscrivent dans une dynamique qui colle parfaitement avec l’état d’esprit caractérisant Amitra. (photo ldd)