Portraits

Un siècle sépare Théo de Marguerite

Edition N°16 - 25 avril 2019

Les générations réunies: Marguerite Wisard; Jeannette, sa fille; Nathalie, sa petite-fille et Jonathan, son arrière-petit-fils. Manque sur la photo: le jeune Théo, fils de Jonathan. (photo ps)

La famille Wisard de Corcelles a la particularité de compter cinq générations. Marguerite Wisard a en effet un arrière-arrière-petit-fils qui se prénomme Théo. Rencontre avec cette famille formidable qui bat tous les records.

Vous êtes à la recherche du secret de la longévité? Marguerite Wisard a peut-être une petite idée sur la question puisqu’elle soufflera ses cent bougies en juillet prochain. Elle est née à Raimeux en 1919. Et sa famille a la particularité de compter cinq générations. Son arrière-arrière-petit-fils Théo fêtera son premier anniversaire en juillet également. Un siècle sépare donc Théo de Marguerite.

Née dans les champs

Marguerite est née dans les champs et c’est peut-être cela qui lui a porté bonheur. En effet, sa mère était occupée à faire les foins lorsque qu’elle a pointé le bout de son nez. Marguerite a fréquenté l’école obligatoire à Crémines, où elle se rendait à pied chaque jour, qu’il neige, qu’il pleuve ou qu’il vente. Puis à 18 ans, elle s’est mise à travailler comme sommelière dans divers établissements de la région: «Ce métier n’était pas facile, car on était presque traité comme des servantes. On pelait les patates, nettoyait la cuisine, servait la clientèle. On ne recevait pas un salaire fixe comme aujourd’hui. Ce sont les clients qui nous laissaient quelque-chose selon leur bon vouloir», se souvient-elle. A 26 ans, elle se marie avec un garçon du village: Marcel Wisard et s’installe à Corcelles. Elle a eu deux enfants: André et Jeannette. Jeannette, qui est âgée aujourd’hui de 73 ans, est partie du côté de Porrentruy, où elle vit actuellement avec son mari. Son fils André, aujourd’hui décédé, est resté dans la région. Il a eu une fille, Nathalie. Cette dernière a deux enfants, dont un garçon prénommé Jonathan. Et Jonathan, qui habite à Court, est l’heureux papa de Théo. Si vous avez bien suivi jusqu’à présent, vous avez compté les cinq générations!

La coquetterie lui tient à cœur 

Lorsqu’on questionne Marguerite sur sa vie bien remplie, elle ne garde en tête que les bons moments, même si aux dires de sa famille, sa jeunesse n’a pas été aisée: «J’ai eu une belle vie. J’aimais me promener dans la nature, seule, loin du bruit, et confectionner de jolis bouquets de fleurs des champs. J’aimais également beaucoup la couture. Je constituais mes robes et des manteaux pour les enfants.» De cette époque, Marguerite a bel et bien gardé le goût pour le style puisqu’elle nous accueille dans une robe à carreaux très élégante qui lui sied parfaitement. Une jolie croix en or orne son cou. «J’aime m’apprêter et être bien mise. J’ai la chance d’être en forme et de pouvoir encore prendre soin de moi sans l’aide des autres», nous avoue-t-elle.

Un secret bien gardé

Bien décidée à percer son secret, je la questionne sur son filtre de jouvence. «Je buvais chaque jour un petit verre de gentiane. Attention, je ne suis pas alcoolique et ne buvais pas d’autre alcool mais la gentiane, j’ai toujours aimé», m’explique Marguerite. Depuis qu’elle prend des médicaments, cette super mamie a malheureusement dû renoncer à ce petit plaisir. A tous les amateurs de gentiane, voici peut-être une piste à creuser… Marguerite attribue également sa longévité à sa famille qui est très unie et soudée. Elle a toujours été très proche de ses enfants et de ses petits-enfants comme le confirme Jonathan Ast, son arrière-petit-fils: «Mes proches sont souvent impressionnés de constater que j’ai une arrière-grand-mère. Mais pour moi, c’est naturel car elle a toujours fait partie de ma vie. Elle m’a beaucoup gardé quand j’étais petit et compte énormément pour moi.» La mère de Jonathan, Nathalie Ast, qui exploite aujourd’hui le restaurant l’Etrier d’Argent à Corcelles, partage le même avis: «Je suis très heureuse et reconnaissante d’avoir encore ma grand-mère en santé et de compter une si grande famille.» Jeannette Holz nous explique que la famille se retrouve régulièrement pour partager un repas tous ensemble: «La spécialité familiale c’est la choucroute. Et il nous tient à cœur de se voir régulièrement. Il est vrai qu’avec ces cinq générations cela fait du monde à table.»

Depuis trois ans, Marguerite a pris ses quartiers à l’Hôpital de Moutier. Elle s’y sent très bien et apprécie sa chambre: «J’aime ce lieu, car j’ai la vue sur la forêt qui me rappelle ma jeunesse.»

Pascale Stehlin 

Les générations réunies: Marguerite Wisard; Jeannette, sa fille; Nathalie, sa petite-fille et Jonathan, son arrière-petit-fils. Manque sur la photo: le jeune Théo, fils de Jonathan. (photo ps)