Portraits

Un solide réseau de relations

Edition N°22 - 9 juin 2021

Disposant d’un solide réseau de relations dans la branche fromagère helvétique, Martin Siegenthaler exploitera chaque opportunité lui permettant de conquérir de nouveaux marchés et pays. (photo ldd)  

Gérant de l’Interprofession et de l’Association des fabricants de Tête de Moine depuis le 1er juin, Martin Siegenthaler travaillera dans la continuité de son prédécesseur Olivier Isler tout en apportant sa touche personnelle. Disposant d’un solide réseau de relations dans la branche fromagère helvétique, il possède le profil idéal pour poursuivre le développement d’un produit phare qui fait fort !

Grandir oui, mais sainement. Telle est la devise de Martin Siegenthaler que nous avons rencontré dans son bureau de Saint-Imier, un jour seulement après son entrée en fonction. Après avoir suivi un apprentissage de fromager, il a obtenu le titre d’agro-ingénieur HES en économie laitière à Zollikofen. Son travail de diplôme a été réalisé à Pristina (Kosovo) sur le thème de la rentabilité de la production fromagère. Au bénéfice d’un Executive Master of Business Administration (EMBA), Martin Siegenthaler a travaillé durant deux ans au sein de l’Interprofession Appenzell en tant que responsable qualité. Un poste de responsable des achats en Suisse centrale pour le Gruyère, le Vacherin fribourgeois et la Tête de Moine occupé pendant cinq ans lui a notamment permis de découvrir le Jura bernois.

Un poste taillé sur mesure

Avant d’être nommé gérant de l’Interprofession de la Tête de Moine, Martin Siegenthaler a assumé la fonction de responsable des achats de fromage au siège principal de Coop à Bâle durant plus de sept ans. Dans la course à la succession d’Olivier Isler, son tissu de connaissances dans le milieu s’est avéré déterminant. On ne prend pas grands risques en affirmant que ce poste était taillé pour lui. Même son origine suisse alémanique ne représente pas un handicap puisqu’il maîtrise plus que correctement la langue française : « J’ai effectué ma 2e et 3e année d’apprentissage dans le canton de Fribourg au Crèt-près-Semsales, un petit village entre Châtel-St-Denis et Bulle. Cela dit, ma marge de progression est encore importante, mais je n’ai pas prévu de suivre un cours de français pour l’instant, ma charge de travail étant déjà suffisamment lourde. » Entre le terrain et le bureau, Martin Siegenthaler tentera de trouver le bon équilibre. Il sait pertinemment que sa fonction nécessite d’être très attentif à l’évolution des marchés pour investir au bon moment, mais il doit également être à l’écoute des affineurs, des producteurs de lait et des fromagers.

Exportation : l’Allemagne et la France pointent en tête

Si Martin Siegenthaler a souhaité relever cet audacieux défi, c’est aussi parce qu’il connaît la valeur du produit : « Durant ces vingt dernières années, Olivier Isler a réussi à mettre la Tête de Moine sur les rails du succès et je ne vais pas chercher à tout révolutionner. La transition va donc se faire en douceur. Gérer une croissance n’est pas forcément une évidence et je vais m’atteler à développer le produit sur différents marchés. Le potentiel le plus important est indiscutablement les Etats-Unis. Le marché russe ? Je ne le connais pas encore très bien, mais la Tête de Moine y est déjà bien implantée. » Martin Siegenthaler rappelle que les deux pays leaders à l’exportation restent l’Allemagne et la France. On ne peut raisonnablement pas parler de la Tête de Moine sans évoquer l’introduction de la Girolle en 1981. Ses ventes ont progressé de 60 tonnes par an en moyenne.

Durant les dernières trente années, la production a plus que doublé, passant de 858 tonnes en 1990 à 2673 tonnes en 2020. « Notre objectif est de franchir le seuil des 3000 tonnes dans les prochaines années », signale Martin Siegenthaler qui va également consentir des efforts importants au niveau du marketing de terrain. Des démarches sont notamment en cours pour organiser des concours consommateurs en Allemagne, pour augmenter la distribution des rosettes préemballées qui ont particulièrement bien résisté à la crise sanitaire. Une promotion a également été réalisée sur les rosomat, proposés à des conditions préférentielles durant l’été. Destiné aux professionnels de la vente et de la restauration, c’est un outil robuste aux matériaux inoxydables. Idéal pour un usage quotidien et intensif.

Nullement effrayé par la pression

Annulée en 2020 et en 2021 pour les raisons que l’on sait, la Fête de la Tête de Moine est un événement que Martin Siegenthaler cherchera à développer : « Une manifestation de cette ampleur exige non seulement du temps, mais également des ressources. J’ai la chance de pouvoir m’appuyer sur une équipe expérimentée qui maîtrise parfaitement son affaire. » Habitué à travailler sous pression, le nouveau gérant de l’Interprofession de la Tête de Moine n’est pas du genre à se laisser désarçonner à la première contrariété venue. Il exploitera chaque opportunité lui permettant de conquérir de nouveaux marchés et pays en s’appuyant sur son expérience du commerce de détail et sur son réseau de relations. « L’idée, c’est de grandir sainement. En termes de quantité d’une part, mais également en prenant en compte d’autres paramètres importants comme la recherche de solutions écologiques ou la défense de la protection de la marque. »

Olivier Odiet

Disposant d’un solide réseau de relations dans la branche fromagère helvétique, Martin Siegenthaler exploitera chaque opportunité lui permettant de conquérir de nouveaux marchés et pays. (photo ldd)