Sport

«Un titre ne se planifie pas!»

Edition N°4 - 29 janvier 2020

Olivier Anken: «Je n’ai pas vu mes enfants grandir, mais seulement dormir.» (photo oo)

Gardien mythique ayant remporté les trois titres acquis par le HC Bienne jusqu’à ce jour (1978, 1981, 1983), Olivier Anken porte un jugement élogieux sur la politique menée par le club depuis quelques années. 

Professionnel avant l’heure. Jeudi dernier, Olivier Anken s’est aimablement prêté au jeu de l’interview à son domicile de Péry. Pour retracer les moments forts de sa carrière, d’une part et évoquer le parcours réalisé cette saison par son équipe de cœur, d’autre part.

Né le 10 février 1957 à Morges, Olivier Anken a seulement connu deux clubs dans sa carrière, soit Forward Morges et Bienne. «J’ai reçu quelques propositions, mais comme je me sentais bien à Bienne, je n’ai jamais cédé au chant des sirènes. Financièrement, un changement d’air aurait probablement été plus intéressant pour moi, mais courir après l’argent n’est pas forcément un gage de sécurité non plus», explique-t-il. Avec trois titres de champion de Suisse, 153 sélections en équipe nationale et une participation aux Jeux Olympiques de Caglary en 1988, le palmarès d’Olivier Anken impose le respect. Mais au fait, avait-il un secret pour tenir aussi longtemps au sommet de la hiérarchie? «Oui, bien sûr. Lequel? Je me conduisais déjà comme un pro alors que c’était encore l’époque du hockey amateur. Je donnais tout pour mon sport. J’avais mes rituels et je me préparais comme un dingue. Pour mon entourage, ça ne devait pas être facile de me supporter car je pouvais être très désagréable. Et puis, je n’étais pas beaucoup à la maison. Je n’ai pas vu mes enfants grandir, mais seulement dormir. En fait, je dois le 50% de la réussite de ma carrière à mon épouse Maria. Si elle avait voulu me garder à la maison, je n’aurais pas connu cette trajectoire. C’est un peu comme Roger Federer avec Mirka.»

Bloqué sur le parking à Davos. Parmi les nombreux moments épiques survenus dans la carrière d’Olivier Anken, il y a un souvenir qui revient avec insistance dans les discussions: sa participation improbable à la finale de la Coupe Spengler avec Lugano. «J’ai appris le matin même que je devais remplacer Christophe Wahl, blessé le soir avant lors de la série des penalties. C’est un copain qui m’a conduit. On est parti à 9h de la maison. Avant d’arriver à Davos, on s’est retrouvé derrière le chasse-neige sans pouvoir le dépasser. Les minutes ne m’ont jamais paru aussi longues. Et pour couronner le tout, les personnes du service de sécurité ne voulaient pas me laisser entrer dans le parking. Un vrai cauchemar. J’ai fait mon entrée sur la glace après 5 minutes de jeu. C’est le gardien Didier Tosi qui m’a laissé sa place.» Quelle histoire, mes amis!

La force de la stabilité. Seul joueur du HC Bienne ayant son maillot retiré, Olivier Anken est resté très attaché à ce club sans pour autant se montrer envahissant: «Je ne suis pas quelqu’un qui impose ses idées, mais si on me demande de donner un coup de main, je suis toujours partant», signale-t-il. Pratiquement présent à tous les matches de la 1re équipe dans les tribunes de la Tissot Arena, Olivier Anken salue le travail effectué par le comité ces dernières années: «Les dirigeants bâtissent quelque chose de solide en ratissant large dans la région pour recruter les jeunes talents. Ce n’est donc pas un hasard si le travail réalisé au niveau du mouvement juniors porte ses fruits. J’apprécie cette politique de la patience, de la sagesse, de la stabilité et de la continuité. Que les résultats soient bons ou pas, le comité ne cède jamais à la panique et continue de témoigner sa confiance à l’équipe en place», poursuit Olivier Anken. «Après un début de championnat très prometteur, l’équipe a connu une baisse de régime. Le fait de chasser trois lièvres à la fois, soit le championnat, la Champions Hockey League et la Coupe a engendré une certaine fatigue, mais Bienne n’est jamais déclassé par ses adversaires. Je ne suis pas inquiet outre mesure par les résultats actuels de l’équipe. L’ennui, c’est que la barre se rapproche. Et au lieu de lorgner devant, il faut se préoccuper de ce qui se passe derrière. S’agissant d’un futur titre de champion de Suisse, je ne me risquerai pas à donner un pronostic sur son échéance car c’est quelque chose qui ne se planifie pas. J’ignore si l’équipe est mûre cette saison, mais je serais heureux d’assister à un tel scénario pour deux piliers sur le départ, soit Mathieu Tschantré et Jonas Hiller. Ils mériteraient tellement de terminer leur carrière en apothéose.»

Olivier Odiet 

Olivier Anken: «Je n’ai pas vu mes enfants grandir, mais seulement dormir.» (photo oo)