Malgré plusieurs rebondissements lors de ces dernières années, les grandes orgues de la collégiale St-Germain sont prêtes à résonner après les différents travaux de relevage et d’extension. Deux concerts exceptionnels y seront joués pour l’inauguration. Le vendredi 22 novembre 2019, on accueillera l’orchestre de la ville de Berne avec Antonio Garcia en soliste et le samedi 7 mars 2020, Olivier Latry, organiste titulaire de Notre-Dame de Paris. Précisons que l’instrument prévôtois est le plus puissant de l’Arc jurassien avec huit jeux ajoutés et ses 3800 tuyaux. Les travaux auront coûté plus d’un demi-million de francs.
En 1961, une rénovation draconienne de la collégiale a été menée et on y a installé les fameuses orgues dont on va inaugurer l’extension prochainement. Tout le répertoire digne de cet instrument pourra y être joué et nombre de musiciens régionaux et d’amateurs de cet instrument se réjouissent de venir l’essayer. On se souvient des différentes péripéties qui avaient vu l’organiste titulaire et porteur du projet de rénovation, Chritoph-Maria Moosmann, être démis de ses fonctions en 2017 par le conseil de paroisse à la suite de divergences, et les travaux furent stoppés. Etant donné que c’était lui qui présidait l’association pour les grandes orgues de la collégiale, il démissionna de son poste et fut remplacé par Marc Jeannerat qui eut la lourde tâche de mener à bien les travaux jusqu’à la fin, en juillet 2019. C’est lui, associé à Marcelle Forster, vice-présidente, qui a convoqué un point presse. Il a précisé que «cet événement est une notion de partage et de rassemblement pour la population dans ce lieu symbolique et qu’il est important de croire que le côté durable de la culture surpasse les difficultés politiques auxquelles la ville est confrontée».
Antonio Garcia
Le vendredi 22 novembre à 19 heures aura lieu le premier concert composé de trois concertos pour orgue et orchestre avec l’orchestre de la ville de Berne, sous la direction de Philippe Bach, avec comme soliste Antonio Garcia. Des œuvres de Barber, Poulenc et Rheinberger seront interprétées. Antonio Garcia a fait ses premiers pas en musique avec l’accordéon, puis s’est engagé dans la pratique de l’orgue en étudiant au conservatoire de Lausanne, à l’université des arts de Berlin. Il est au bénéfice de diplômes d’études supérieures musicales et d’enseignement, et d’un master d’interprétation. Il s’est produit dans de nombreuses églises et a participé à diverses créations. Après avoir passé deux ans aux Pays-Bas et à Hambourg, il est de retour en Suisse et est l’organiste titulaire de l’église française de Berne, de l’Abbatiale de Bellelay et du Kultur-Casino de Berne.
Olivier Latry
C’est une pointure mondiale de l’orgue qui sera présent le samedi 7 mars 2020 à la collégiale. Organiste titulaire de Notre-Dame de Paris, Olivier Latry, né en 1962, est un organiste, professeur d’orgue, concertiste et improvisateur français. C’est en 1985, à l’âge de 23 ans, qu’il devient par concours, l’un des quatre co-titulaires des grandes orgues de Notre-Dame de Paris. Il mène une intense carrière de concertiste: il s’est produit à ce jour dans plus de quarante pays sur les cinq continents et est récipiendaire de nombreux prix. A la suite de sa prestation à la collégiale prévôtoise, une collecte sera organisée en faveur de la reconstruction de la cathédrale dernièrement incendiée.
Concerts gratuits
Ces concerts offerts à la population ont un certain prix bien entendu. Ils ont été rendus possible grâce à la Fondation Claude et Giuliana qui les a soutenus à hauteur de 50’000 francs, qui a apprécié le côté rassembleur de l’événement. L’extension des orgues a été réalisée par la firme Kuhn de Männedorf, manufacture d’orgues. Les communes de Moutier, Delémont, des bourgeoisies de Moutier et Grandval, le CJB, les fondations AIB, Accordeos, Claude et Giuliana ainsi que le canton du Jura ont mis la main au porte-monnaie. Précisons encore que les câblages électriques et électroniques ont été remis à neuf. Il faut savoir aussi que les 3800 tuyaux que compte l’orgue doivent être accordés séparément.
Lieu de culture
On pourrait se poser la question de savoir pourquoi une telle dépense a été effectuée pour un projet que certains qualifient d’élitiste. Cette forme d’investissement représente, selon les responsables, une espèce de valeur ajoutée pour la collégiale, la ville et sa culture, à l’instar des opéras qui ont été rendus accessible au travers de Stand’été. La collégiale doit avoir une vocation culturelle et non seulement être un lieu dédié à la pratique religieuse, ce qui est aussi le vœu des donateurs. Quant à la programmation future, aussi bien Marcelle Forster que Marc Jeannerat désirent passer la main à la suite des nombreux faits accomplis qui ont marqué l’aventure de ce relevage des grandes orgues. Avis aux amateurs.
Claude Gigandet