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Une vie entre lamas et alpagas

Edition N°7 – 24 février 2021

Sylvie Leuenberger avec Chayo et Malta. (photos Claudine Assad)

Découvrez le huitième épisode de notre série intitulée Histoire d’A pour histoire d’Animaux, histoire d’Adoption, histoire d’Amour…

« Vous voulez faire une promenade avec les lamas? » La question surprend, les lamas, on a plutôt l’habitude de les voir dans un enclos. Mais par un beau soleil de février, malgré le froid de canard, Sylvie Leuenberger m’attend devant chez elle. Elle me tend la longe de Chayo, un grand lama tout blanc et tout duveteux et elle garde celle de Malta, un alpaga, plus petit, blanc et brun, au pelage encore plus doux. « Il faut marcher à côté ou devant. Si vous marchez derrière, vous risquez de recevoir un coup de pied », m’avertit Sylvie. Et c’est parti ! On avance au pas dans la neige au rythme balancé des camélidés qui vous regardent de leurs grands yeux noirs au bout de leurs longs cous. Est-ce que les lamas crachent ou c’est un mythe ? Sylvie sourit : « Vous n’avez rien à craindre avec Chayo. Lui, il ne crache pas. » Mais ce n’est pas un mythe : les lamas crachent quand ils sont fâchés et les alpagas aussi. « C’est un liquide vert et ça sent horriblement mauvais », précise-t-elle.

Coup de foudre à Animalia

Chayo et Malta font partie d’un petit troupeau comprenant huit têtes : un autre lama, Ophélia, et cinq autres alpagas : Téquila, Havana, California, Angie et Camélya, les trois dernières étant nées à Eschert. 

Rien ne prédestinait Sylvie à élever ces animaux originaires de la Cordillère des Andes. « Il y a une quinzaine d’années, je suis allée à Animalia à Lausanne pour voir les chiens et les chats. A l’entrée, il y avait des lamas et des alpagas. J’ai eu un véritable coup de foudre », raconte Sylvie. Elle se renseigne et suit une formation à la détention des lamas et des alpagas avant de se lancer. Dans un premier temps elle abrite son troupeau à Roches où vivaient ses parents. « Quand j’ai dit à mon père que je lui amènerais des lamas et des alpagas, il a failli avoir une attaque ! » Mais il se prend au jeu et suit deux cours de formation avec elle. « Nous avons passé de beaux moments, aux cours, et en nous occupant ensemble des animaux », se souvient-elle. Plus tard elle rapatrie toute sa petite tribu à Eschert pour l’avoir toujours sous les yeux.

Bergère, mère de famille et cheffe d’entreprise

Dès lors, Sylvie s’occupe seule de son troupeau, avec l’aide ponctuelle de sa plus jeune fille, Oriane, et de son amie Corinne. C’est un hobby prenant dans une vie déjà bien remplie. Elle est mère de trois enfants (aujourd’hui adultes) et seconde Yves, son mari, dans son entreprise de décolletage. En 2014, Yves est victime d’un AVC. Paralysé et ayant perdu l’usage de la parole, il devra rester en institution jusqu’à son décès en 2018. Côté entreprise, Sylvie épaule son fils Boris qui, à 23 ans, reprend la direction. Et tous les jours, elle se rend au chevet de son mari. « Une fois, nous avons même eu l’autorisation d’amener Chayo et California ». Le lama et l’alpaga se sont donc rendus au home à Bienne, ont pris l’ascenseur et sont entrés dans la chambre de son mari. « Cette visite lui a fait très plaisir. Nous l’avons vu sourire », confie Sylvie, encore émue à ce souvenir.

De véritables thérapeutes

Ces animaux sont de véritables thérapeutes, Sylvie en est convaincue. « C’est grâce à eux que j’ai pu m’en sortir malgré toutes les épreuves que j’ai vécues », confie-t-elle. Elle a suivi une formation de médiation animale et son rêve, c’est de se lancer dans cette voie. « Les lamas et les alpagas m’ont tellement donné, j’aimerais pouvoir transmettre ce que j’ai reçu à d’autres personnes qui en ont besoin : des personnes âgées dans des homes, des handicapés ou des personnes dépressives. » 

Claudine Assad

 

Sylvie Leuenberger avec Chayo et Malta. (photos Claudine Assad)