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Vaccins : entre espoir et interrogations

Edition N°48 – 23 décembre 2020

A ce jour, ce sont plus de 110 vaccins qui sont en cours de développement à travers le monde. La course à un produit performant est engagée au niveau mondial avec bien sûr des relents nationalistes. Voici donc un état des lieux quant aux vaccins les plus pertinents. L’association germano-américaine de Pfizer/BioNTech semble tenir la corde. Une étude de son efficacité est parue dans le New England Journal of Medecine en date du 10 décembre 2020. En second, la firme américaine Moderna, qui collabore avec Roche, mettant à disposition sa gamme de tests Elecsys, ainsi qu’avec Lonza qui produira le vaccin sur son site de Viège. Ces deux sociétés utilisent la méthode dite ARN messager visant à déclencher la production d’anticorps contre le Covid-19. Ces deux produits ont une efficacité de 95 %, ce qui est remarquable. En troisième position, l’alliance britannique AstraZeneca/Université d’Oxford propose un vaccin avec une efficacité de 70 %. Ensuite, viennent les Russes de l’institut d’Etat Gamaleïa et enfin les Chinois. Pour ces deux pays, on se doit de mesurer la réussite médicale à l’aune de la communication de ces régimes autoritaires. Pour la France, un retard considérable de la part de Sanofi quant à la sortie de leur « potion magique » a vu l’action chuter le 11 décembre 2020. Les médias français se sont ressaisis en un touchant cocorico, rappelant que le président de Moderna est un Français ! J’aimerais aimablement dire aux Gaulois qui nous lisent : chez vous, il n’y a pas que la fuite des capitaux, il y a aussi celle des cerveaux ! 

En ce qui concerne la vaccination proprement dite, les Russes ont beaucoup communiqué et en Europe, la Grande Bretagne s’est empressée de vacciner ses aînés en priorité, faisant de cette vaccination un événement largement médiatisé. Par cela, Boris Johnson voulait faire montre de l’efficace pragmatisme britannique face aux paperasseries de l’Union européenne qui sombre sous les règlements et ordonnances de tout genre. Le 14 décembre 2020, c’est la première patiente américaine, une infirmière new-yorkaise, à être vaccinée, information relayée par l’inévitable tweet de Donald Trump. 

Pour la Suisse, l’achat des vaccins est du ressort de la Confédération alors que les infrastructures de vaccination sont déléguées aux cantons qui attendent le feu vert de Swissmedic quant à la validation et la mise sur le marché des vaccins. Il reste cependant bien des interrogations quant à la conservation des vaccins à des températures de -70°, leurs effets secondaires et leur efficacité à l’épreuve du temps. Alors la Suisse, courageuse mais pas téméraire ? Pour Claire-Anne Siegrist, professeure de vaccinologie aux Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG), les vaccinations dans notre pays devraient commencer au début du printemps 2021. D’ici fin janvier 2021, de précieux renseignements seront collectés, permettant ainsi à l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) de décider sereinement à quel vaccin se vouer.