On a suivi ces dernières années les péripéties du téléski du Grand Val, cher aux habitants de la région. Après moult péripéties, le verdict est tombé : le téléski du Grand Val SA est en liquidation. Une grande vente publique de son patrimoine est prévue le 9 avril 2022 directement à la buvette de 10 h à 16 h. Du matériel, parfois neuf, ou usagé mais en bon état sera présenté à l’attention des restaurateurs, sociétés, particuliers, etc.
C’est une triste page pour les amateurs de ski ou de randonnée qui se tourne avec la mort définitive des installations et de la buvette de ce téléski, marquée par de belles heures passées là-haut qui ont laissé des souvenirs inoubliables aux sportifs, visiteurs ou amateurs de jass de la région. Côté ski, il était de bon ton de dire que si tu savais skier à Grandval, tu pouvais skier partout. Et combien de gamelles se sont prises au départ de l’installation sur le raidillon du départ ! Les pistes aussi étaient appréciées par tous soit avec leurs faibles déclivités, leurs pentes moyennes ou « béquets » abrupts.
Un peu d’histoire
Les skieurs n’ont pas attendu l’ouverture du téléski du Grand Val, en 1967, pour dévaler les pentes de notre région dès le début du siècle passé. En1914, le ski-club de Bâle achète un terrain à Graitery pour y construire une cabane, puis jettera son dévolu sur la chaîne du Moron. C’est par trains spéciaux entiers que des cohortes de Bâlois, ainsi que des skieurs locaux, montaient à pied et redescendaient les pentes de la région, notamment du côté de Perrefitte, en y laissant parfois des traces malheureuses à l’instar du lieu-dit « cimetière des Bâlois ». Ce fut aussi l’émergence de nombreux ski-clubs locaux. Celui de Moutier avait par ailleurs construit un tremplin de saut à Graitery en 1933, et un chalet huit ans plus tard.
Naissance du téléski
Au milieu des années 1960, les manifestations et concours se multiplient et on déplorait l’absence de téléski. On remarqua que le Mont-Rambert et le lieu-dit Mortes-Roches jouissait d’un enneigement favorable. Un groupe de personnes motivées, sous la houlette de Charly Wisard, estimait que l’économie était au beau fixe et rêvait d’une véritable station d’hiver, avec télésiège et hôtel sur la crête, un peu comme aux Savagnières. Le projet fut redimensionné, une souscription lancée et la société du téléski fut fondée avec un capital social de 200’000 fr. La bourgeoisie, propriétaire des terrains, accorda un droit de superficie et cautionna la construction de chemins et de parkings. Une concession pour le transport professionnel de personnes de la gare de Moutier au départ du téléski fut accordée. Il y aura jusqu’à huit courses par jour, de la jeep à cinq places au bus à trente-quatre places ! Gros succès ! La construction d’une buvette fut également agrémentée par la commune de Grandval en 1969. Elle sera ensuite déplacée.
Heurs et malheurs
Les saisons se suivaient et ne se ressemblaient pas suivant l’enneigement. Les installations connurent des heurs et malheurs. Des éléments durent être changés, des pièces remplacées, des structures modernisées. Puis ce fut la tuile ! En 2009, on apprenait que le câble ne répondait plus aux normes et compromettait le fonctionnement des installations et la sécurité des skieurs. Il fallait trouver 62’000 fr. que bien sûr la société n’avait pas. C’était sans compter sur une équipe de passionnés qui prit les choses en main en vendant symboliquement des mètres de câble auprès de la population, des entreprises et collectivités publiques. C’est ainsi que plus du double de la somme fut récolté, assurant l’avenir du téléski pour au moins trente ans ! Peut-être…
On renouvela aussi le conseil d’administration qui passa de quatre à onze personnes. Une équipe de bénévoles rajeunie, motivée et bien étoffée fut aussi créée. Elle organisa des manifestations et activités qui redonnèrent un bon coup de jeune au Mont-Rambert. Une mention particulière devait encore être adressée au regretté Raymond Forster qui, pendant plus de cinquante ans, fut l’âme et le « moteur » du téléski.
Point final
Mais il fallait encore tenir compte du réchauffement climatique qui mit quasiment un terme aux ambitions des nouvelles forces vives. 2018-2019 fut la dernière saison de fonctionnement du téléski avec seulement douze jours d’ouverture. Face aux difficultés financières et à la vétusté des installations, il fallut envisager la mise en liquidation de la société. En plus, en 2020, la bourgeoisie renonça à renouveler le droit de superficie, malgré un sursaut d’orgueil des actionnaires et des bénévoles qui échafaudèrent d’autres solutions d’utilisation ou activités estivales de l’endroit. Il faudra encore créer un fond de démantèlement des installations.
Vente publique
Triste fin d’une belle aventure de cinquante-cinq ans qui sera corroborée par la vente publique des biens de la société du Téléski du Grand Val, et peut-être des affaires à faire pour certains amateurs. Restaurateurs, sociétés, particuliers ou autres intéressés pourront acquérir ces biens, dont du matériel d’exploitation et de la buvette. Certains articles sont neufs, d’autres usagés mais fonctionnels. Citons entre autres dans le gros matériel : cheminée chauffante, grandes casseroles, machine à café de restaurant, steamer, lave-vaisselle de restaurant, hotte de cuisine, chauffe-assiettes, brûleur à gaz, potagers à gaz et électriques, friteuse double, meuble métallique, congélateurs, frigos, TV écran plat, grand meuble avec tiroirs frigorifiques, perceuses à colonnes, établis, coffre-fort, bacs de 100 litres, barre de slide pour snow-parc, etc.
Petit matériel : vaisselle, marmites et ustensiles de cuisine, couvertures militaires, literie, outils, tables et chaises, etc., ou pour les nostalgiques quelques arbalètes !
Claude Gigandet
Vente publique du matériel
du téléski du Grand Val : samedi 9 avril 2022,
de 10 h à 16 h à la buvette.