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Vibrant hommage à Marguerite Gobat

Edition N°27 – 13 juillet 2022

De gauche à droite : Barbara Ruf, Sylviane Messerli, Qëndresa Koqinaj Coçaj et Jeanine Vorpe. (photo pn)

Vendredi 1er juillet, la Municipalité de Tramelan rendait hommage à une figure méconnue du pacifisme, une dame au parcours singulier, Marguerite Gobat. 

Si on connaît Charles-Albert Gobat, lauréat du deuxième Prix Nobel de la paix de l’histoire reçu conjointement avec Elie Ducommun en 1902, on connaît moins le parcours de sa fille Marguerite, elle aussi une personnalité de la région, une pionnière du pacifisme. Dont la statue érigée en son honneur a été dévoilée le vendredi 1er juillet en fin d’après-midi.

Tout un symbole

Un moment hautement symbolique en cette période où le grondement des canons retentit à nouveau en Europe. Qëndresa Koqinaj Coçaj, conseillère municipale, a relevé dans son allocution l’importance du message et de l’engagement de Marguerite Gobat pour la paix. Un message malheureusement encore d’actualité en regard du conflit ukrainien monstrueux et sans limites que la Municipalité tente dans la mesure de ses moyens d’atténuer en accueillant des réfugiés. La statue érigée en l’honneur de Marguerite Gobat ne pouvait trouver meilleur emplacement. Situé à mi-distance entre la rue Albert-Gobat et la rue de la Paix, ce lieu est probablement le plus fréquenté par la population de Tramelan. 

Fille de…

« A quel moment une femme ne sera plus définie en fonction de sa situation matrimoniale ou filiale ? », s’interroge Sylviane Messerli, directrice de Mémoires d’Ici à qui revenait la tâche d’évoquer la vie de Marguerite Gobat et de s’interroger en ce 21e siècle s’il n’est pas temps de présenter des personnalités féminines pour ce qu’elles sont où ce qu’elles font.

Née en 1870, Marguerite perd sa maman à l’âge de 18 ans. C’est elle qui prend soin de ses frères et sœurs et accompagnera son père comme secrétaire jusqu’à son décès. Elle se retrouve seule à 44 ans. Si on ne peut parler de vie sacrifiée, elle fut pour le moins subordonnée à celle de son père décédé en 1914. Jusqu’à son décès en 1937, elle consacra sa vie à la cause du pacifisme. En 1915, elle fonde avec trente-cinq autres femmes l’Union mondiale de la femme pour la concorde internationale. 

La même année, avec la Zurichoise Klara Honegger, elle fonde également la section suisse de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté. Pédagogue, journaliste, féministe, traductrice et pacifiste suisse, elle s’est engagée tout au long de sa vie dans ces mouvements pour la promotion des femmes, pour la paix et l’éducation. Dans ce dernier domaine d’activité, elle a installé et dirigé un home pour enfants à Macolin.

Une femme courageuse

Mme Barbara Ruf, cheffe du Bureau cantonal de l’égalité entre la femme et l’homme et membre du Réseau égalité Berne francophone en cette année anniversaire des 50 ans du droit de vote, s’est dite particulièrement heureuse d’honorer une femme exceptionnelle à l’histoire peu connue. Demander à quelqu’un de citer un homme célèbre et vous obtenez immédiatement plusieurs noms, mais la même question concernant une femme obtient une réponse moins rapide. Marguerite Gobat était une femme courageuse qui a osé prendre sa place dans la société. Elle a lutté sa vie durant pour l’égalité, la justice et la paix. Son histoire et son parcours de vie est passionnant. Elle a su braver les obstacles et les stéréotypes encore trop présents aujourd’hui. Mme Ruf conclut son allocution en invitant les femmes à croire en leurs capacités et à ne pas les sous-estimer.

C’est à Jeanine Vorpe, descendante d’une sœur d’Albert Gobat qu’est revenu le privilège de dévoiler la statue de Marguerite Gobat au dos de laquelle on peut lire un bref historique et trouver d’autres renseignements à l’aide d’un QR code.

Patrice Neuenschwander

De gauche à droite : Barbara Ruf, Sylviane Messerli, Qëndresa Koqinaj Coçaj et Jeanine Vorpe. (photo pn)