A l’heure actuelle, les écoles sont confrontées à de nombreuses problématiques psychosociales délicates à traiter mais ô combien importantes à considérer. Le défi réside dans le fait de sensibiliser les jeunes à ces questions sans que ces dernières ne déclenchent de polémiques. Il est primordial d’aborder cela dans un cadre sécure et bienveillant afin de transmettre toutes les notions nécessaires à la compréhension de ces phénomènes et à leur résolution.
A l’école secondaire de Malleray, c’est tout ce qui a trait à la prévention contre le sexisme qui a pris une place prépondérante en cette fin d’année scolaire. Un projet d’établissement a vu le jour grâce à l’initiative « sauvage » d’un groupe de filles de 11e année. Exaspérées par les remarques et les attitudes déplacées de certains élèves de l’école, ces adolescentes sont montées au créneau. Un beau matin, elles ont couvert les murs de l’école d’affiches aux slogans percutants pour dénoncer le harcèlement dont elles étaient victimes. Elles reproduisent mot à mot toutes les injures dont elles sont abreuvées pour mettre en lumière leur réalité. Le facteur déclencheur de cette opération de grande envergure a été le ras-le-bol et le sentiment d’impuissance face à la montée du phénomène « Depuis le mois de janvier, ça n’arrêtait pas : un groupe de garçons nous insultait », confie Samanta, 16 ans.
Recadrage de la direction
Des mots crus sur tous les murs de l’école, ça ne pouvait pas passer. Néanmoins, conscients du problème et désireux d’y remédier, la direction et le corps enseignant ont choisi de réagir de manière constructive plutôt que de sévir. Les filles ont dû retirer leurs affiches sauvages et un groupe de travail a été formé. Les filles et deux enseignantes, Dominique Joliat et Laura Da Fonseca, se sont rencontrées à plusieurs reprises hors de l’horaire scolaire pour mettre sur pied une vaste opération de sensibilisation aux problèmes de discrimination, de harcèlement et de sexisme. L’initiative devient un projet d’établissement pour tous les élèves de l’école. « L’impulsion a été donnée par les élèves et nous avons recadré leur action pour qu’elle soit compatible avec les objectifs scolaires », explique le directeur, Manuel Leonardi.
Le lundi 14 juin, de nouvelles affiches tout aussi impactantes mais plus adéquates sont créées et placardées sur les murs de l’école. Les deux enseignantes préparent une leçon de formation générale sur ces trois thématiques. Ce sont toutes les classes de l’école qui bénéficient de cette sensibilisation au même moment. Les conséquences sur les victimes, le rôle de chacun dans ce genre de problématiques ainsi que les aspects légaux sont présentés. Une discussion commune permet divers échanges, partages et un flyer est distribué à tous les élèves pour leur expliquer comment réagir si l’on est victime ou témoin de telles dérives. Bilan de l’opération : tout le monde semble satisfait. « C’est une bonne idée, surtout pour ceux qui sont concernés », confie Colin, élève de 10e année. « Oui, maintenant ça devrait s’arrêter », renchérit son camarade Nicolas. La Direction et le corps enseignant tiennent à féliciter l’initiative de ces filles qui ont fait preuve de courage pour faire passer leur message et de persévérance pour aller jusqu’au bout de leur projet.
(cp)