Préparez-vous à faire un bond dans le passé avec ce 24e épisode de notre série cinéma. Le film « 65 – La Terre d’avant » présente l’affrontement ultime entre l’Homme et les féroces dinosaures qui peuplaient auparavant notre planète. Ça va saigner.
Pas de chance pour Mills. Alors qu’il traversait tranquillement l’espace infini, ce pilote humain venant d’une autre galaxie tombe sur un champ d’astéroïdes qui réduisent rapidement son vaisseau de transport en charpie. L’engin se crashe sur une planète primitive et marécageuse que nous connaissons très bien : la Terre. Sauf que Mills a très mal choisi son moment pour atterrir sur la planète bleue puisqu’il se trouve à l’ère du crétacé, 65 millions d’années avant que l’Homme ne domine le monde.
La surface terrestre est alors infestée d’immondes dinosaures dont la plupart sont avides de chair fraîche. Mills n’a pas le choix : il doit parcourir ce monde hostile pour atteindre une capsule de secours qui pourrait sauver sa vie et celle de Koa, une fillette rescapée du crash. Mais le temps presse. L’astéroïde responsable de l’extinction des dinosaures approche. Et les prédateurs ont faim…
Débile mais efficace
Non vous ne rêvez pas : « 65 – La Terre d’avant » est bien un gros film budgétisé à 45 millions de dollars et non pas un long-métrage foireux produit à la va-vite et diffusé directement à la télévision. Ici, les moyens mis à disposition contrastent étrangement avec la stupide simplicité du synopsis. Le long-métrage n’est rien de plus qu’un film de monstres se déroulant durant la préhistoire et n’a nulle autre prétention. En ce sens, l’œuvre réussit tout ce qu’elle entreprend. Perdus dans de somptueux décors naturels, allant de forêts éparses à zones à geyser, les protagonistes vont de danger en danger, affrontant des dinosaures plus moches les uns que les autres. Car oui, en dépit d’effets spéciaux d’excellente facture, les créatures ne sont pas là pour refléter la réalité paléontologique mais bien pour faire peur. Ils attaquent en bande dans une forêt brumeuse, guettent sournoisement au fond d’une caverne ou piquent un sprint à quatre pattes pour se goinfrer du héros. Des moments ultra efficaces qui font parfois même sursauter. Les paléontologues crieront à l’outrage, mais les impies prendront certainement leur pied devant ce carnage préhistorique où le fusil futuriste devient le meilleur ami de l’Homme.
Un héros, un vrai
Perdu dans cet univers angoissant, Adam Driver porte à lui seul tout le film. L’acteur livre ici une performance correcte et présente une jolie alchimie avec Ariana Greenblatt, sa jeune compagne d’écran. Une belle relation père-fille se crée entre ces deux personnes grâce à des scènes basiques mais suffisamment touchantes pour qu’elles puissent trouver leur place dans le long-métrage.
Hormis le côté humain, c’est aussi une impressionnante physicalité qu’Adam Driver met ici en avant. Armé de son équipement du futur et de sa débrouillardise, il se frotte à moult dangers qui lui valent de sales blessures, allant de la simple morsure au déboîtement de bras. Un héros certes fort mais présentant aussi une certaine faiblesse. La preuve : à peine arrivé sur la planète, il est au bord de la crise de panique. Une touche de réalisme franchement bienvenue pour une œuvre qui semblait sur le papier complètement absurde. Alors certes on n’est de loin pas sur un grand film révolutionnant le genre, mais assez divertissant pour ne pas s’ennuyer une minute.
Des œuvres pareilles se font relativement rares de nos jours, et elles méritent qu’on y prête parfois un peu d’attention. Après tout, ce n’est pas tous les jours que des tyrannosaures mettent en pièces un vaisseau spatial sous une pluie de météorites.
Louis Bögli
« 65 – La Terre d’avant »
Réalisation : Scott Beck
et Bryan Woods
Durée : 1 h 33
Pays : USA
Note : 3.5/5
Le saviez-vous ?
Un amour durable !
On connaît tous les célèbres dinosaures du cultissime « Jurassic Park », sorti en 1993. Pourtant, même si le film a donné un nouveau souffle à la mode des géants préhistoriques, ces derniers occupaient le paysage cinématographique depuis bien longtemps. L’une des plus anciennes apparitions date de 1914 avec « Gertie le dinosaure », film d’animation comique et enfantin. La suite est un peu moins sympathique puisque les dinosaures sont peu à peu traités comme des monstres. D’abord sous la forme de crocodiles ou iguanes pitoyablement grimés en bêtes préhistoriques dans « Un million d’années avant J.C. », sorti en 1940. Heureusement, cette méthode douteuse n’est pas utilisée partout. En témoigne le célèbre « Le Monde perdu » de 1925, récit d’aventure surtout connu pour ses monstres en stop motion. Cette méthode d’animation qui consiste à prendre des photos de figurines de manière à obtenir du mouvement sera très utilisée par le maître en la matière, Ray Harryhausen. Génie absolu, il donnera vie à des dinosaures certes incorrects mais assez crédibles pour captiver les spectateurs. La version de 1966 de « Un million d’années avant J.C. » est bien sûr la référence du genre, avec ses femmes des cavernes se faisant kidnapper par des reptiles volants. Viendront encore les films d’horreur « Carnosaur » cherchant à capitaliser sur le succès de « Jurassic Park » avant que les choses finissent par se stabiliser. Enfin, ça c’était avant « 65 – La Terre d’avant ».
(lb)