Actualités, Vie associative

Quête humanitaire au-delà du déminage

Edition N° 4 – 31 janvier 2024

Revêtant une dimension humanitaire cruciale, le déminage est parfaitement maîtrisé par l’équipe de Digger. (photos ldd)

Fondée en 2004 par Frédéric Guerne, un ingénieur en électronique passionné, la fondation a rapidement évolué pour devenir un acteur clé dans la lutte contre les mines antipersonnel. « Notre mission va bien au-delà du « simple » déminage. Il s’agit de redonner espoir et sécurité à des communautés entières », affirme Frédéric Guerne.

Entre innovation et persévérance

Frédéric Guerne, grâce à son équipe qui fait preuve d’un dévouement à toute épreuve, a initié le développement d’engins blindés télécommandés, révolutionnant le processus de déminage. Ces machines, comme le DIGGER D-250, ont démontré une efficacité remarquable, traitant jusqu’à 1800 mètres carrés par heure, une performance significativement supérieure au déminage manuel. « Chaque mètre carré que nous déminons est un pas de plus vers un avenir plus sûr pour ceux qui vivent dans des zones particulièrement risquées », souligne Frédéric Guerne.

En plus de son travail sur le terrain, la Fondation Digger s’est engagée dans la sensibilisation et l’éducation à travers son espace interactif Expo-Digger. Frédéric Guerne relève d’ailleurs à ce sujet : « Nous voulons que les gens comprennent les défis et les impacts de notre travail. Expo-Digger est une fenêtre sur les réalités du déminage et l’importance de l’action humanitaire. »

Demande d’un ami d’enfance honorée

Si Frédéric Guerne se montre toujours intarissable au sujet de sa fondation, il estime que la plupart des gens la connaissent et prévoit d’élargir le champ de discussion lors de la conférence du jeudi 1er février organisée par la Société jurassienne d’Emulation, en abordant les défis humanitaires globaux. « En règle générale, ce n’est plus moi qui participe à de tels moments d’échanges publics, nous avons des conférenciers bénévoles qui accomplissent parfaitement cette mission. Mais comme c’est un ami d’enfance, Bertrand Perrin, qui m’a sollicité, j’ai eu envie d’honorer sa demande. Je crois que j’envisage cette conférence davantage comme une discussion, et j’espère que le public aura des questions. J’aimerais pouvoir leur expliquer les défis constants auxquels nous faisons face en tant qu’organisation à but non lucratif. Trouver un équilibre entre nos objectifs humanitaires et nos ressources est une tâche ardue », confie-t-il. En effet, le déminage, au-delà de son aspect technique, revêt une dimension humanitaire cruciale. Les mines terrestres, vestiges silencieux mais mortels de conflits passés, continuent de menacer la vie et le bien-être des populations civiles longtemps après la fin des hostilités. Les enjeux humanitaires du déminage se déploient sur plusieurs fronts.

L’enjeu le plus immédiat du déminage est la prévention des accidents. Les mines antipersonnel ne distinguent pas entre un soldat en temps de guerre et un enfant jouant des années après la fin du conflit. Chaque mine retirée représente potentiellement une vie sauvée ou une blessure grave évitée. Les mines empêchent en outre l’accès à des terres autrement productives, affectant l’agriculture et la sécurité alimentaire. 

Le déminage permet de restituer ces terres aux communautés, favorisant ainsi le développement économique et la réduction de la pauvreté.

Locaux agrandis

En somme, le déminage ne concerne pas seulement l’élimination d’un danger physique ; il s’agit d’une action profondément humanitaire visant à protéger et à améliorer la qualité de vie des individus et des communautés touchées par les conflits. C’est un travail qui exige non seulement une expertise technique, mais aussi une compréhension profonde des besoins et des souffrances humaines. Un travail pour lequel la Fondation Digger investit toutes ses ressources, et s’engage corps et âme. Mais la production actuelle de machines de déminage de cette dernière est nettement insuffisante face aux zones à déminer. La fondation a donc décidé d’agrandir ses locaux pour encore mieux répondre à la demande. L’expansion récente des locaux de la fondation, financée en partie par la collecte de fonds de 40’000 CHF organisée par Qoqa, et largement soutenue par la commune de Tavannes, permettra à Digger d’augmenter sa production annuelle. Frédéric Guerne estime que sa fondation pourra produire entre cinq et sept machines par année. « Nous n’avons pas encore forcément de commandes pour ces machines, mais la demande est là, notamment en Ukraine, et il est vraiment urgent d’agir », conclut-il.

Céline Latscha

 

La conférence « Digger en terrains minés : des réalités du terrain aux difficultés politiques » de Frédéric Guerne, directeur de la Fondation Digger, aura lieu jeudi 1er février à 18 h 30 au Restaurant du Marché à La Neuveville. L’entrée est libre. 

Revêtant une dimension humanitaire cruciale, le déminage est parfaitement maîtrisé par l’équipe de Digger. (photos ldd)