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« Je suis étonné d’arriver à 98 ans ! »

Edition N°17 – 4 mai 2022

Gérard Leisi devant son imposante bibliothèque. (photo oo)

Nullement épargné dans sa santé, Gérard Leisi fêtera son 98e anniversaire en septembre prochain, ce qui ne manque pas de susciter son étonnement. Rencontré à son domicile de Bévilard aux côtés de son neveu Marc-René, l’ancien caissier municipal de Bévilard impressionne par sa mémoire sans faille. Il retrace ses souvenirs d’enfance avec clarté et clairvoyance. Rencontre cordiale avec un homme animé d’une grande positivité en toute circonstance et qui se balade encore chaque jour au village, en cas de beau de temps, avec son déambulateur.   

Notre rubrique « Clin d’œil au passé » a pour vocation de placer le soussigné sur le chemin de personnalités charismatiques. C’est le cas de Gérard Leisi, né en septembre 1924. Pour éviter toute confusion lors de notre entretien, il a convié son neveu Marc-René à la discussion et nous remercions ce dernier d’avoir accepté cette invitation. L’ancien caissier municipal de Bévilard occupe un appartement dans le bâtiment de l’administration municipale de Valbirse. C’est donc depuis cet endroit inspirant que Gérard Leisi est revenu sur les faits marquants d’une vie bien remplie. Après avoir suivi l’école primaire de Bévilard, il a fréquenté l’école complémentaire du même village, à défaut d’avoir embrassé un apprentissage. De 1950 à 1951, Gérard Leisi à travaillé au sein de l’usine Schaublin, plus précisément au « contrôle des pièces terminées », comme il se plait à le relever. Ce militant syndicaliste s’est ensuite vu offrir l’opportunité d’occuper la fonction d’employé propagandiste à la FOMH à Tavannes, de 1951 à 1961. Une riche expérience qui lui a servi de rampe de lancement puisque sa carrière professionnelle s’est poursuivie à la FOMH de Tavannes toujours, mais en tant que secrétaire administratif cette fois.

La passion des chiffres

Né sous une bonne étoile, Gérard Leisi a accédé au poste de caissier municipal de Bévilard alors qu’il ne disposait pas des diplômes requis : « J’ignore aujourd’hui encore pourquoi les décideurs de l’époque ont porté leur choix sur mon dossier », explique-t-il avec la modestie qui le caractérise. Son cahier des charges englobait différentes tâches dont la caisse, l’AVS, la tenue du registre des valeurs officielles, l’assurance immobilière et les impôts : « C’était l’époque où les contribuables venaient encore payer leurs impôts, état et commune confondus, au bureau municipal », confie-t-il. Passionné par les chiffres, Gérard Leisi a retrouvé un document qui vaut son pesant d’or : « En 1967, le bilan de la commune atteignait 3 millions et 118 francs pour 5’471’000 francs en 1986. Dans le même laps de temps, les comptes ont passé d’un million et demi à près de 4 millions. En 1967, la quotité d’impôt qui s’élevait à 1,7 rapportait 1’283’000 francs. En 1986, avec une quotité fixée à 2,2, le montant indiquait 2’980’000 francs. Durant les deux décennies passées au poste de caissier municipal, Gérard Leisi fut le témoin de nombreuses réalisations dont la construction du bâtiment du Centre, de celle de la piscine de l’Orval ainsi que les travaux d’adduction d’eau effectués par SECTA. Il se souvient également du déménagement du bureau municipal en automne 1974 des locaux de l’école au bâtiment du Centre. Gérard Leisi a pris une retraite anticipée à l’âge de 63 ans pour des raisons de santé et a ainsi échappé de justesse à l’ère de l’informatique.

Oui au scoutisme, non au sport

Invité à retracer ses souvenirs de jeunesse, Gérard Leisi explique, en préambule, qu’il n’y avait pas beaucoup de distractions si ce n’est des matchs de foot et des séances de cinéma. Le 1er janvier 1944, Gérard Leisi se rendait justement au ciné de Reconvilier avec des amis lorsqu’un avion de chasse suisse a descendu un avion allemand qui s’est écrasé sur le flanc de Moron, au Petit-Champoz, en face du stand de tir. Si le sport n’a jamais vraiment attiré Gérard Leisi, le scoutisme, en revanche, a pris une place importante dans sa vie sociale. Il a notamment occupé la fonction de responsable de troupe (section Malleray-Bévilard). Gérard Leisi est également passionné par la lecture. Il suffit de voir son imposante bibliothèque pour s’en convaincre. Témoin privilégié du développement industriel de Malleray-Bévilard, qui s’est principalement traduit par l’essor de la mécanique et du décolletage, Gérard Leisi se souvient également de l’époque où le village de Bévilard comptait un magasin de vêtements, deux cordonneries, deux boulangeries, une boucherie et deux magasins d’alimentation (Consommation et Coop) ainsi qu’une société de laiterie. « Quand j’étais gamin, les agriculteurs du village étaient scindés en deux catégories : les grands avec des vaches et des chevaux et les petits, uniquement avec des vaches », signale-t-il.

Parmi les nombreuses activités qui ont rythmé sa vie, on citera son mandat de conseiller municipal de Bévilard (deux périodes), sa fonction de secrétaire de la Fédération socialiste du district de Moutier ainsi que celle d’administrateur de la copropriété du bâtiment du Centre. Aujourd’hui diminué dans sa mobilité, Gérard Leisi se déplace en déambulateur et se balade chaque jour, en cas de beau temps, dans la commune de Valbirse, conversant au hasard d’une rencontre avec les rares personnes qui composent encore son cercle d’amis. Bonne continuation, Gérard…

Olivier Odiet 

 

Gérard Leisi devant son imposante bibliothèque. (photo oo)