Actualités, Portraits

« Ma vie ne me laisse aucun regret ! »

Edition N°18 – 11 mai 2022

Homme de terre et de tête, Daniel Gerber explore des pistes qui ne conduisent pas à la monotonie. (photo oo)

Agriculteur retraité du domaine Les petites Fraises, aux Reussilles, Daniel Gerber a toujours joué sur plusieurs tableaux, mêlant le travail de la terre avec des tâches de secrétariat durant plusieurs décennies. Il a également siégé au Conseil municipal (sept ans) et au Conseil général (seize ans) de Tramelan avec deux présidences à la clé. Né en 1943, ce fils d’agriculteur-pasteur se nourrit énormément de lecture et les discussions familiales autour de la théologie n’ont jamais manqué d’intensité. Il évoque ses souvenirs de jeunesse sans aucune nostalgie, conscient que ce n’est pas en regardant dans le rétroviseur qu’il est possible de faire de l’avance. Rencontre avec un amoureux de la nature appréciant tout particulièrement de flirter au quotidien avec le cadre verdoyant des Reussilles.

« Ces sacrés paysans, ils n’ont pas de peine à causer, mais quand il s’agit d’écrire, c’est une autre histoire », glisse amicalement Daniel Gerber, dont les aptitudes administratives l’ont tout naturellement conduit dans des tâches de secrétariat effectuées en parallèle à son métier d’agriculteur. Du rôle de teneur de registre du syndicat bovin à celui de secrétaire de la société de fromagerie en passant par l’assurance du bétail, la présidence du comité de construction de la fromagerie des Reussilles ou encore la présidence du Conseil de fondation de la fiduciaire agricole du Jura bernois (Segeca), dont le siège est à Loveresse, Daniel Gerber a toujours honoré ses mandats avec une grande compétence.

Parcours politique insolite

Dans un milieu où les « gratte-papier » se font plutôt rare, sa faculté de rédiger lui a ouvert des portes auxquelles il n’a pas frappé par hasard. En effet, l’ami Daniel a toujours porté un vif intérêt à chacune de ses fonctions. En tant qu’agriculteur, il s’est tout naturellement tourné vers l’UDC sans jamais goûter à la soupe servie par l’aile zurichoise : « Je me suis toujours distancé de ce populisme car il n’entre pas du tout dans mes convictions. Même si son message semblait plus nuancé, l’UDC bernoise s’est quand même retrouvée dans l’aspiration des Zurichois, ce que je regrette. Si je devais encore faire de la politique active aujourd’hui, je me sentirais plus proche des Verts, c’est une évidence », explique-t-il. Se limitant à l’échelon communal, son parcours politique est assez insolite puisqu’il a d’abord siégé durant deux législatures au Conseil général avant de diriger le dicastère des écoles à l’Exécutif pendant sept ans et de revenir au législatif pour deux périodes de quatre ans.

Dans les années 1950-1960, Daniel Gerber se souvient que Les Reussilles comptaient encore une douzaine d’agriculteurs alors qu’ils ne sont plus que trois aujourd’hui. La Poste et la Coop ont également disparu du paysage, mais en comparaison à d’autres villages, le sort des Reussilles est plutôt favorable, le commerce et l’artisanat local proposant une attractivité qui fait des envieux. L’implantation de nouveaux quartiers comme la Rue des Ecureuils ou le Chemin des Gretions, par exemple, symbolise à merveille un développement propice à l’arrivée de nouveaux habitants dont le degré d’exigence toujours plus élevé en matière de qualité de vie justifie pleinement leur choix.

Le service militaire lui permet de découvrir la Suisse 

Issu d’une famille de cinq enfants (quatre garçons, une fille), Daniel Gerber dispose d’un riche bagage scolaire (écoles primaire Les Reussilles, école allemande La Pâturate et école privée à Montfaucon). Diplômé des écoles d’agriculture de Courtemelon et Tavannes, il a découvert la Suisse, à l’exception du Tessin, grâce au service militaire (troupes du train). Avant de travailler au sein de l’exploitation familiale Les petites Fraises, Daniel Gerber a effectué un stage d’agriculteur à Chiètres. Il garde également un excellent souvenir de l’expérience vécue dans de nombreux pays (Tunisie, Afrique du Nord, Ethiopie) en tant qu’accompagnant de transport de bétail (génisses et chèvres). Il a rejoint cette organisation spécialisée grâce à une connaissance qui était déjà engagée dans cette aventure peu banale. Il faut dire que Daniel Gerber n’a jamais véritablement été attiré par la facilité. Il aime relever des défis, explorer des pistes qui ne conduisent pas à la monotonie. Ce fils de pasteur de l’église mennonite voue une passion sans borne pour la théologie et son goût pour la lecture et la philosophie lui a permis d’acquérir des connaissances s’avérant très précieuses pour se frayer un chemin tellement bien balisé qu’il n’éprouve aucune difficulté à cerner lucidement la complexité de l’existence.

Si Daniel Gerber était doté d’une baguette magique, le souhait qu’il voudrait exaucer pour Les Reussilles se situe au niveau du climat, pas seulement environnemental, mais économique aussi. Toujours très intéressé à l’évolution du monde agricole, Daniel Gerber n’hésite pas à donner, de temps à autres, de petits coups de main à son fils et son épouse, exploitants du domaine Les petites Fraises. Tous deux ingénieurs agronomes, ce couple a toutes les cartes en main pour assurer avec brio la pérennité d’un site qui a pris de l’ampleur au fil des années. Signe que les générations se suivent et que le travail bien fait perdure. « Ma vie est très intéressante, mouvementée et ne me laisse aucun regret », conclut Daniel Gerber qui occupe notamment sa retraite en veillant sur ses huit petits-enfants avec un sens du dévouement jamais pris en défaut. Les balades au cœur de la nature généreuse qui caractérise Les Reussilles figurent aussi sur la liste de ses nombreuses activités. Mais où va-t-il donc puiser toute cette énergie ?        

Olivier Odiet

 

Homme de terre et de tête, Daniel Gerber explore des pistes qui ne conduisent pas à la monotonie. (photo oo)