Actualités, Portraits

Le Cheval Blanc tenait son cordon bleu…

Edition N°18 – 11 mai 2022

Eric Boegli devant un tableau de son père Fritz qui lui a transmis son amour de l’art. (photos ca)

Le huitième épisode de notre série consacrée à des personnalités de 65 ans et plus est dédié à Kik Boegli, bon vivant, féru d’art et sportif accompli.

Eric Boegli (dit le Kik) qui aujourd’hui vit à Courrendlin, est intimement lié à la vie économique et culturelle de Moutier et de la région. Il a tenu une guinguette à la première Braderie, a été vice-président de la Quinzaine Culturelle et dans sa galerie d’art, à Perrefitte, il a lancé plusieurs artistes connus aujourd’hui. Fan de sports nautiques, lui qui a participé au Derby de la Birse, il a troqué la pagaie contre la voile pour voguer en Méditerranée. Pendant plusieurs années, Eric a géré l’entreprise familiale de peinture et de construction, à Moutier, avant de reprendre le Cheval Blanc à Roches. Aujourd’hui, à 78 ans, il est toujours actif au Club Alpin Suisse (CAS), à la Confrérie des Loitche-Potches (dont il est un des membres fondateurs) et il est encore sculpteur à ses heures. Bref, une vie, ou plutôt plusieurs vies, bien remplies !

Entre cuisine et peinture

Né le 29 décembre 1943, Eric est le second d’une fratrie de quatre frères. Il fait un apprentissage de peintre en bâtiment dans l’entreprise familiale, rue de l’Ecluse à Moutier. Une entreprise florissante, dont il reprendra la direction quelques années plus tard avec un de ses frères. « Mon père, Fritz Boegli, était aussi un artiste peintre. Le rez-de-chaussée de la maison était aménagé en atelier où il donnait des cours de peinture. Tout gosse, je m’asseyais parmi ses élèves. » Un goût précoce pour les beaux-arts qui l’incitera à ouvrir la Galerie du Tilleul à Perrefitte en 1976. « J’ai exposé tous les peintres de la région. Pour beaucoup, comme Jean-René Moeschler, par exemple, c’était leur première exposition. »

Les parents d’Eric sont tous les deux des cordons bleus : « Ma mère était une excellente cuisinière et mon père, qui avait été chef de cuisine au mess des officiers pendant la guerre, était aussi un gastronome passionné. » Une passion que ses parents transmettent à leur fils. C’est ainsi qu’en 1970, il fonde avec des amis, la Confrérie des Loitche-Potches.

La Confrérie des Loitche-Potches

« Loitche potches », cela signifie « lèche louche » en patois. (Ceux qui lèchent le dos de la cuillère sont en général des gourmands !). Les Loitche Potches, c’est aussi le sobriquet donné aux habitants de Moutier. La Confrérie est un groupe d’une trentaine d’amis qui s’emploient à cultiver l’amitié, le soutien, la solidarité et la convivialité et qui se retrouvent une dizaine de fois par année autour d’un bon repas cuisiné par leurs soins. Ils sont bien connus à Moutier puisque chaque automne, ils organisent une vente de soupe dans la Vieille Ville. Ils lancent aussi des actions caritatives, telle, l’années dernière, la vente de foie gras de leur fabrication en faveur des Cartons du Cœur. C’est son amour de la bonne chère qui est
à l’origine du tournant radical qu’a pris le cours de la vie d’Eric Boegli.

Le Cheval Blanc à Roches

« Le contexte de l’artisanat ne me convenait plus. Mes deux filles étaient hors de coquille, en 1974, j’ai laissé les rênes de l’entreprise à mon frère. » A cinquante ans, un âge où beaucoup lorgnent déjà vers la retraite, il plaque tout pour reprendre le restaurant du Cheval Blanc à Roches. « J’y ai mis tout mon deuxième pilier, j’ai vendu ma maison en Valais, qui était la plus ancienne du village de Saillon et que j’avais complétement rénovée de mes mains. Et j’ai encore dû emprunter une grosse somme à un ami. » Il ajoute « Heureusement que ma femme Chantal était aussi motivée que moi. Dans la restauration, il faut être un couple uni pour que ça marche. » Eric aux fourneaux, Chantal en salle. Le succès est au rendez-vous. On vient de loin déguster la truite et les produits locaux mitonnés avec amour et servis avec affabilité. Et le travail est si prenant que du jour au lendemain il n’y a plus de sortie culturelle, plus de virée entre copains, même la Confrérie des Loitche-Potches est mise entre parenthèse. Et ça dure vingt-deux ans, vingt-deux ans de bonheur ! « J’ai fait beaucoup de sacrifices pour le Cheval Blanc, mais je ne le regrette pas une seconde », confie Eric Boegli. « Je faisais enfin ce que j’aimais et durant tout ce temps je me suis fait beaucoup d’amis. »

Une retraite bien méritée

A 72 ans, il prend (enfin) sa retraite. Et dans sa maison remplie des tableaux de tous ses amis peintres qui sont passés par la Galerie du Tilleul, Eric peut à nouveau reprendre les activités qu’il avait dû abandonner pendant l’intense période du Cheval Blanc. « Je ne m’ennuie jamais, j’ai repris le sport et la sculpture, mais à mon rythme. Et j’ai retrouvé avec plaisir la Confrérie des Loitche-Potches et mes réunions au Club Alpin Suisse. »

Claudine Assad

 

Eric Boegli devant un tableau de son père Fritz qui lui a transmis son amour de l’art. (photos ca)