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A la table du Gibraltar

Edition N°4 - 2 février 2022

Thérèse Bueche à la louche. Un concept qui fait mouche. (photo Roland J. Keller)

C’est en octobre 2021, dans un commerce de proximité que j’ai rencontré Thérèse. Elle parlait de l’organisation de son vide-grenier prévu en fin de mois. J’ai voulu en savoir davantage.

Alerte octogénaire, pratiquant régulièrement le tennis, elle semble avoir fait sien le joli mot de Benoîte Groult: « La vieillesse est si longue qu’il ne faut pas la commencer trop tôt. » Originaire de Dornach (canton de Soleure), Thérèse vint à Court en 1958 et travailla à l’Hôtel de l’Ours. Elle aura ensuite un commerce de laines au centre de Court, car le tricot semble être pour elle un des moyens d’exprimer son esprit créatif. Aujourd’hui, Thérèse habite une ancienne ferme, dénommée le Stock, sise au N° 4, rue de la Cure, achetée autrefois par son beau-père, Robert Bueche. Cette belle bâtisse fut aussi, à la fin du XIXe siècle, un café que l’on appela le Gibraltar. Selon la tradition orale, ce nom vient du fait que les ouvriers qui construisirent la ligne ferroviaire jusqu’à Delémont étaient natifs de cet endroit. La ligne sera inaugurée le 17 février 1878.

La vie de cette femme de tête ne sera cependant pas un long fleuve tranquille. En 1997, son époux Jean-Robert Bueche sera victime d’un très grave accident qui le laissera paralysé. Elle suivra alors une formation auprès de la Croix-Rouge afin d’épauler les deux infirmières qui se relaient nuit et jour auprès de son mari. Ce dernier décédera en 2000.

Ecuries transformées en carnotzet

En 2007, Thérèse se lance dans d’importants travaux de transformation des dépendances de la ferme. Ainsi, les écuries seront transformées en carnotzet et divers locaux permettant, avec cuisine et sanitaires, de créer une entité indépendante pour recevoir et organiser des événements. Ces locaux seront utilisés ainsi que la grange pour ce premier vide-grenier en mode Covid-19 ! Il sera certainement organisé cette année et des précisions seront fournies en temps voulu d’ici le retour des beaux jours et selon l’évolution sanitaire.Venu en visiteur au vide-grenier, Thérèse m’a proposé de participer, quelques jours plus tard, au repas qu’elle organise dans le cadre des activités de Pro Senectute. J’avoue volontiers n’avoir pas regretté ma décision ! Bonne cuisinière, bien organisée et secondée par de fidèles amies, notre amphitryon nous proposa un menu délicieux dans un décor soigné avec des hôtes charmants. J’ai pris, ce jour-là, un coup de jeune, à 69 ans, entouré d’octogénaires et nonagénaires ! De nature altruiste et volontiers ouverte au bénévolat, Thérèse participe, depuis 2014, au programme d’activités de Pro Senectute et à réception de son flyer, je me suis inscrit au repas de fin janvier 2022 en venant avec un flacon de Cornalin 2018 à partager avec les autres convives. A midi tapante, tout le monde était là pour déguster le menu que voici : Soupe de potiron – Rôti de boeuf en daube – Purée de pommes de terre maison et sa garniture aux trois légumes – Crème brûlée décorée de framboises – Cafés et eaux-de-vie. Une fois encore, des participants sympathiques dont la doyenne de notre table, Marie-Madeleine, 90 ans, bon pied, bon oeil car venue en voiture et ses deux dauphins en âge, Jean-Pierre et Paul. Ensuite, l’après-midi se déroula avec parties de jass et jeux de société. Après mon interview, quand je quittais cette agréable compagnie, vers 17 h 30, les joueurs de cartes étaient encore en pleine partie.

Parmi les maux qu’engendre le Covid-19, les liens sociaux se sont distendus entre les classes d’âge et bien souvent des esprits pervers veulent dresser les générations les unes contre les autres. Les aînés doivent montrer l’exemple en s’inspirant de la devise de Pro Senectute : « Plus forts ensemble. » J’invite donc toutes nos lectrices et lecteurs seniors à trouver une date à leur choix et à venir à ce moment de partage. Pour celles et ceux à mobilité réduite, faites-vous accompagner par un proche mais venez ! Dernier détail, j’ai observé qu’aucun participant n’avait d’écouteurs dans ses oreilles et que pas un appel de portable n’a retentit durant ces agréables moments.            

  Pierre Chevrier

Thérèse Bueche à la louche. Un concept qui fait mouche. (photo Roland J. Keller)