Portraits

«Au début, j’ai dû m’accrocher!»

Edition N°31 - 28 août 2019

Isabelle Moeschler: «J’ai toujours été socialiste de cœur, mais je ne l’étalais pas sur la place publique.» (photo oo)

Conseillère municipale à La Neuveville en charge du dicastère de l’instruction et de la jeunesse, Isabelle Moeschler précise qu’à ses débuts elle n’était pas du tout préparée à affronter l’ambiance volcanique et délétère qui régnait à l’Exécutif. Aujourd’hui, les tensions ont disparu et les débats se tiennent dans un climat serein et cordial, mais certaines situations restent délicates à gérer dans cette fonction absorbante qu’elle mène en parallèle à sa profession d’avocate indépendante.

A l’exception de l’UDC, tant les partis de gauche que ceux de droite ont courtisé Isabelle Moeschler pour qu’elle figure sur leur liste. Alors qu’elle avait toujours refusé de céder au chant des sirènes, c’est finalement le PS qui l’a fait craquer: «J’ai toujours été socialiste de cœur, mais je ne l’étalais pas sur la place publique», confie-t-elle. Entrée au Conseil municipal de La Neuveville en 2010 en remplacement de Jean Stoepfer qui a démissionné au milieu de la législature, Isabelle Moeschler n’a pas commencé sa carrière politique dans un contexte idéal: «L’ambiance était volcanique, délétère. Au point de me dire: «qu’est-ce que je fais là.» J’ai vraiment dû m’accrocher pour résister au choc. Fort heureusement, ce scénario appartient au passé. Aujourd’hui, il règne une ambiance sereine et cordiale au sein de l’Exécutif, même si nous ne partageons pas toujours les mêmes avis.» Et notre interlocutrice d’ajouter: «Vous savez, ce n’est pas toujours gratifiant d’œuvrer au sein d’un Exécutif. Je dois parfois faire face à des situations auxquelles je ne suis pas préparée. Mais c’est une bonne expérience car je me renforce, je me blinde, je m’affirme. En tant qu’avocate indépendante, je dois aussi me battre, mais je suis moins exposé que dans la vie politique où les élus doivent rendre des comptes aux électeurs. C’est donc une situation incomparable.» 

Quand l’école va, tout va… 

En charge du dicastère de l’instruction et de la jeunesse, Isabelle Moeschler préside la commission de l’école primaire et du collège du district. Déléguée à l’EJC, elle coiffe également la casquette de responsable du Centre animation jeunesse. Mais au fait, qu’est-ce qui la passionne le plus dans sa fonction de conseillère municipale?

«Le contact avec les gens, les partenaires scolaires. C’est très intéressant d’assurer le lien entre une Municipalité et le corps enseignant sachant que leur système de fonctionnement est totalement différent. Dans une ville ou un village, les écoles sont primordiales car elles contribuent aussi à faire venir des familles. C’est donc une grosse pierre à l’édifice d’une commune. Pour l’instant, La Neuveville n’est pas menacée par des fermetures de classes, mais il faut toujours rester sur ses gardes». 

A La Neuveville, les prochaines élections municipales sont fixées à la fin de l’année 2020. Comme Isabelle Moeschler a ouvert son propre bureau d’avocate cette année, elle n’envisage pas de briguer un nouveau mandat à l’Exécutif: «Je vais donner la priorité à mon activité professionnelle», explique-t-elle. «Bien sûr, cela me laissera un goût d’inachevé en pensant aux projets en cours de réalisation, mais si je voulais aller au bout de tout, je ne m’arrêterais jamais. Et puis, c’est plutôt positif de laisser la place à la relève. Cela apporte de l’énergie fraîche.» 

Pas une cité dortoir, mais… 

Connaissant La Neuveville comme le fond de sa poche pour y avoir toujours vécu, excepté un passage à Genève (ville où elle a obtenu son brevet d’avocate) et à Yvonand, Isabelle Moeschler n’est pas empruntée au moment d’énumérer les trois principaux atouts de la localité: «Le lac, la vie culturelle et sportive ainsi que le confort de vie», signale-t-elle. Dans ce magnifique décor, elle doit malheureusement déplorer une ombre au tableau, le commerce local: «Coop et Migros se trouvent aux extrémités de la ville. Et la présence de ces deux «géants» fait souffrir les petits commerçants. D’ailleurs, si j’étais en possession d’une baguette magique, je transformerais toute la vieille ville en zone piétonne pour y mettre plein de petits commerces. Cela lui donnerait un cachet supplémentaire.» Le fait que La Neuveville ne dispose plus de terrain constructible éveille les craintes d’Isabelle Moeschler qui redoute de s’acheminer gentiment vers le scénario d’une cité dortoir: «Pour l’heure, ce n’est pas le cas, mais les loyers sont chers et La Neuveville accueille plutôt des retraités que des familles. Or, j’ai le sentiment qu’il faudrait privilégier la location par rapport à l’acquisition.» 

De nature curieuse, joyeuse et râleuse, pour reprendre ses propres termes, Isabelle Moeschler met toute son énergie dans son activité professionnelle et celle de conseillère municipale ce qui réduit considérablement le temps consacré à ses plages de loisirs: «Je pratique la marche, ici et ailleurs. Les vacances? Comme je viens de débuter une activité professionnelle indépendante, je suis contrainte d’y tourner le dos pour l’instant», conclut Isabelle Moeschler, qui saura assurément se rattraper en temps voulu… 

Olivier Odiet 

Isabelle Moeschler: «J’ai toujours été socialiste de cœur, mais je ne l’étalais pas sur la place publique.» (photo oo)