Actualités

Bientôt 90 ans et toujours plein d’allant

Edition N°26 – 6 juillet 2022

Elisabeth et Vincent partagent la passion du jardinage. (photos ca)

Le onzième épisode de notre série consacrée à des personnalités de 65 ans et plus est dédié à Elisabeth et Vincent Juillerat, de Moutier. Un couple dynamique qui, à près de 90 ans, défie les années sans jamais goûter à la monotonie.  

« Ils sont extraordinaires. Il faut les rencontrer ! » s’exclame une de leurs voisines : « Vincent Juillerat a près de 90 ans, mais c’est un bricoleur hors pair. Tous les gens du quartier de Champs-Forts vont chez lui quand ils ont des problèmes avec leur vélo. Sa femme, Elisabeth, qui doit avoir à peu près son âge, n’est pas en reste. Elle est toujours à l’œuvre dans son immense jardin potager. » 

Le bricolage et le jardinage, ce ne sont pourtant qu’une toute petite partie des nombreuses occupations des Juillerat, qui ont été très actifs tout au long de leur vie.

Mécanicien et passionné de moto

Vincent, qui est né à Delémont le 16 août 1932, a fait un apprentissage de mécanicien à la Von Roll à Delémont, a accompli son service militaire comme tambour dans la Fanfare militaire et a joué dans de nombreuses fanfares de la région. C’est aussi un tireur hors pair. « Adolescent, je vivais à Soyhières. Là on venait frapper à votre porte pour vous emmener de gré ou de force au stand de tir. Puis j’y ai pris goût et au premier concours auquel je me suis présenté j’ai gagné la médaille ! » La première d’une longue série, toutes exposées au mur de la salle à manger. Jeune homme, c’est aussi un passionné de moto. Il roule une Condor Racer et c’est par un heureux hasard qu’il rencontre sa future épouse. « Avec un copain, nous voulions nous rendre au concours de motocross de Courfaivre, mais notre moto a un peu dérapé sur la route et nous avons décidé d’aller plutôt aux Emibois à la fête du village. » 

Une enfance à la ferme

Elisabeth, elle, est née aux Emibois le 24 avril 1934. Benjamine d’une fratrie de huit enfants, elle a grandi dans la ferme de ses parents et y a travaillé jusqu’à ses 18 ans. Après le retour de son frère de l’école de recrues, elle est engagée dans un atelier d’horlogerie aux Breuleux. Mais elle aime les travaux de la ferme, la cuisine, la couture, le tricot…et danser. Quand Vincent l’invite, à la fête du village, elle accepte. C’est le début d’une longue histoire. 

A Champs-Forts depuis plus de soixante ans

Cinq ans plus tard, en 1960, Ils se marient et viennent habiter à Moutier où Vincent vient d’être engagé comme mécanicien à la Tornos. Après la naissance du premier de leurs trois enfants, ils emménagent à Champs-Forts et vivent depuis plus de soixante ans dans le même appartement : « On y est toujours resté. Ici on est dans la verdure », explique Vincent. « A l’époque, le loyer se montait à 90 francs par mois, on chauffait au bois et il était obligatoire de cultiver le lopin de jardin qui nous était attribué. » 

Au fil des années, le chauffage a été changé, la cuisine et la salle de bain refaites (et le loyer augmenté !) et de moins en moins de locataires ont eu envie de jardiner. Pour le bonheur d’Elisabeth qui a repris plusieurs parcelles et qui cultive aujourd’hui encore un vaste jardin potager où elle passe une grande partie de ses journées. Quant à Vincent, qui partage sa passion pour le jardinage, il élève des lapins, en haut du jardin, à l’orée de la forêt.

« Le boulot pour toi, c’est l’argent de poche »

Jusqu’à ces dernières années, Vincent élevait aussi des moutons et il était chauffeur de taxi. Tout en continuant à jouer du tambour. « Quand on me téléphonait pour jouer dans un cortège, je n’ai jamais dit non. » Il a même parfois fait le parcours à double : « Si deux fanfares manquaient de tambour on plaçait la première en début de cortège et la deuxième à la fin et moi je faisais le parcours deux fois. » Toujours employé à la Tornos, dans les années 1970, il est nommé moniteur des apprentis. Il a formé des générations de mécaniciens et il est connu comme le loup blanc dans toute la région : « Partout où je vais, je retrouve de mes anciens pommeaux ! » Mais il a tellement d’autres activés en parallèle que ses collègues de travail le taquinent : « Le boulot pour toi, c’est l’argent de poche ! » Si bien que quand les commandes se font rares, à la fin des années 1990, et que la direction de la Tornos convoque les plus âgés, pour les avertir qu’ils doivent se préparer à une retraite anticipée, il n’a pas peur de s’ennuyer : « J’étais heureux. Mais finalement je ne suis parti à la retraite que quelques mois avant mes 65 ans. »

Du vélo et de la trigonométrie

Aujourd’hui, en plus du jardin et des lapins, Vincent fait encore de la randonnée pédestre et du vélo : « Pas du vélo électrique, ça c’est pour les retraités !» précise-t-il. Et quand il fait trop mauvais temps pour bricoler à l’extérieur, il s’assied à son bureau et plutôt que de faire mots croisés ou des jeux de sudoku, il s’attelle à résoudre des problèmes de trigonométrie ! Et Elisabeth, elle ne s’ennuie jamais avec un mari tellement occupé ? « Non, jamais. J’ai toujours assez à faire à la maison et au jardin », confie-t-elle en souriant : « Et puis il y a les petits-enfants et les arrière-petits-enfants ! »

Claudine Assad

 

Elisabeth et Vincent partagent la passion du jardinage. (photos ca)