Tout peut se transformer, avec bien entendu une imagination débordante, ce dont les deux artistes associés font montre, dans un dédalle d’idées originales ou saugrenues, qui transportent le visiteur dans un monde imaginaire, faits d’objets de rebus ou de trouvailles improbables, ceci dans une belle complicité. A voir le foule présente au vernissage, l’intérêt est notoire !
Selon Brigitte Colin, animatrice du CCPM : « Leurs œuvres dialoguent entre elles comme une danse. Elles se parlent sans mots, elles irradient par leur présence. Leur premier contact était une œuvre commune. Gaston a décidé de mettre en scène une vieille râpe à knöpfli de sa maman, il manquait quelque chose et il a demandé à Valérie de lui faire une tête. Tous deux sont des doux rêveurs même si leur métier est ou était plutôt rigoureux. Une manière de s’évader du quotidien ?
Gaston Sommer
Né en 1949, cet Ajoulot arrive à Moutier en 1970. De formation technique et enseignant en formation professionnelle durant vingt-trois ans, il prend la direction de l’école professionnelle technique et artisanale de Moutier durant dix-sept ans. Il est retraité depuis 2013. Il a participé à de nombreuses expositions collectives et une individuelle, dans ces mêmes locaux en 2017.
Il a choisi le titre de son expo, « #Lavoisier 2.0 » (chimiste et philosophe français qui fut guillotiné, en 2e partie du 18e siècle). Il fait sienne cette formule : « Rien ne se perd, rien ne se crée tout se récupère, tout se transforme ».
Selon lui, voir au-delà de la face visible des choses conduit le promeneur vers le rêve. C’est là que le morceau de bois devient bateau, que la feuille morte devient visage, la pièce de tôle corrodée devient broderie, ou que les clous rouillés deviennent petits soldats. Nombre de découvertes sont le fruit de l’observation de la nature, vivante ou morte. Encore faut-il savoir diriger son regard et la satisfaction d’amener l’objet trouvé à sa transformation envisagée. « Et sculpteur de nuage, quel beau métier, même s’il ne sert qu’à rêver », philosophie-t-il.
Valérie Stegmueller
De vingt ans la cadette de Gaston, elle est née et vit à Moutier. Petite, elle se souvient du temps passé dans la forêt près de chez elle, ou encore au bord du ruisseau de la Foule où elle avait trouvé de la terre glaise parfaite pour fabriquer de petits vases ou autres petits objets. Le début d’une aventure ! Forte de plusieurs expositions collectives, en 2022 elle fait sa première exposition personnelle à la Vieille Église de Courrendlin, suivie dans le même lieu en 2024 par une exposition commune : « Regards croisés entre trois sœurs », avec ses frangines Christelle et Natacha. « Gaia », déesse de la terre dans la mythologie grecque, est le nom choisi pour son passage à la galerie du même nom !
Pour elle, l’imagination, la création ont toujours fait partie de son monde intérieur. Pour ce qui est de son monde extérieur, elle est très sensible et attentive aux personnes qui l’entourent et à la nature.
Valérie crée des statuettes, de petits bustes ou de fragments de visage faits de terre, de bois, de verre, d’éclats de ferraille. Ces êtres hybrides ont chacun leurs propres expressions. Tantôt ils ont les yeux ouverts, tantôt clos, comme blottis dans monde un imaginaire. Chaque sculpture est animée d’une énergie particulière. Elles traduisent son intérêt pour le travail des matériaux bruts et pour leur art du modelage. En donnant libre cours à sa créativité elle donne corps à sa sensibilité. Le mot de la fin à Brigitte Colin : « Les princesses et les deux princes en grès de Valérie sont parés de bijoux de ferraille ou de pierre, leur donnant un port de tête altier. Les objets de rebus sont transformés avec une pointe d’humour par Gaston. Vous vous amuserez avec les titres choisis. »
Claude Gigandet