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Elle déploie ses ailes dans le bénévolat

Edition N°10- 16 mars 2022

Madelon Blanchard a créé et gère le site dédié à la Petite Gilberte de Courgenay. (photos ca)

Le quatrième épisode de notre série consacrée à des personnalités âgées de 65 ans et plus est dédiée à Madelon Blanchard, bénévole pétillante et volubile.

Madelon Blanchard est un modèle de charme et de vitalité. « Je n’ai jamais capitulé et je n’ai jamais raté quelque chose que j’ai commencé », affirme-t-elle. Elle qui fêtera ses 80 ans le 4 mai prochain, elle en a pourtant commencé (et réussi) des choses ! C’est un livre qu’il faudrait écrire pour tout raconter ! Pourtant ses aventures, ce n’est pas en sillonnant le monde qu’elle les a vécues (et qu’elle continue à les vivre), mais chez nous, entre l’Ajoie, Bienne et Sornetan. Et malgré une vie professionnelle bien remplie, c’est dans le bénévolat qu’elle a vécu ses plus belles et ses plus palpitantes réussites.

Une vie dédiée aux chevaux

« Je suis née dans une ferme à Bonfol. On a toujours eu des chevaux de trait. » Près de vingts ans plus tard, à Bienne, alors qu’elle est employée à la Direction d’arrondissement des téléphones, elle rencontre son mari qui est dans la cavalerie. Et c’est là qu’elle se découvre une véritable passion pour les chevaux et l’équitation. Quand son mari est libéré de ses obligations militaires et veut rendre son cheval, elle ne peut imaginer une vie sans monture. Elle décide de retrouver un travail pour pouvoir s’offrir son premier demi-sang : ce sera Chantilly. « A la naissance de notre fille, j’avais arrêté de travailler. Mais elle allait commencer l’école. C’était le bon moment. » Elle est engagée au Journal du Jura en 1974 et c’est là qu’elle va œuvrer jusqu’à sa retraite en 2004. En parallèle à son emploi, elle mène une véritable carrière de bénévole : secrétaire de la Société de cavalerie de la vallée de Tavannes, du jury du Concours hippique de Tavannes et du jury de nombreux concours d’attelages. Elle qui a participé à la construction du manège de Tavannes, elle organise pendant dix ans les Noëls au manège, mettant en scène des contes qui se jouent en costume et à cheval, accompagnés de musique. Elle fonde aussi un groupe musical de clairons à cheval et lance l’Association romande des samaritains pour chevaux.

Une retraite hyperactive

Quand sonne l’heure de la retraite, en 2004, ce n’est pas pour se reposer. Elle est très vite sollicitée par Promotion Bellelay (aujourd’hui Maison de la Tête de Moine), qui tente de se reconstruire après la faillite de la Fondation Bellelay. « J’ai commencé avec 2 francs. Quand je suis partie, après quatre ans de bénévolat, il y avait 30’000 francs en caisse. » Il faut dire que Madelon n’a pas lésiné sur le travail. Elle est au four et au moulin : c’est elle qui gère les réservations, fait la cuisine, accueille les vacanciers et qui remeuble même le bâtiment laissé complétement vide après la faillite. Son à-propos et son bagout n’y sont pas pour rien dans l’afflux des touristes. « Un jour, une classe arrive en avance parce qu’il pleuvait. J’étais en train de ranger après le départ d’un autre groupe. Le moniteur me demande : « Où se trouve la salle de jeux ? » « Il n’y a pas de salle de jeux ici, mais on a des balais et des sacs poubelle si vous voulez m’aider. » Tout le monde s’y est mis dans la bonne humeur et tout le monde était content ! » raconte Madelon. Dans la foulée, elle renoue avec la mise en scène et monte une grande fresque historique avec une soixantaine de comédiens amateurs pour célébrer le centenaire de la Fondation du Syndicat chevalin de Bellelay et environs. Puis un autre spectacle grandiose à l’occasion des Olympiades du fromage : 1000 ans en 10 tableaux : « J’ai dû faire énormément de recherches historiques. J’ai taillé les habits avec une couturière. Pour le chanoine, j’ai emprunté la chasuble du curé de Boncourt… »

Le chemin du Pasteur Frêne et la Petite Gilberte

Ce sont aussi des recherches historiques qui la font redécouvrir l’existence d’un ancien chemin entre Châtelat et Sornetan. Elle qui partage sa vie entre Bienne et Sornetan où, pendant des décennies, elle a gardé ses chevaux (« j’en ai eu jusqu’en 2012 et je ne les ai jamais mis en pension ! »), elle veut réhabiliter ce chemin, idéal pour les promenades équestres. Et c’est un long combat autant politique que financier. Mais elle parvient à convaincre les autorités des communes concernées, à obtenir des subventions et des appuis politiques, et même à faire engager des chômeurs pour faire une partie du travail. C’est elle aussi qui se charge de rédiger le panneau placé en début de parcours, qui relate l’histoire du chemin.

Passionnée d’histoire et toujours très attachée à son Ajoie natale, elle réagit au quart de tour quand elle voit dans le journal une annonce de recherche de fonds pour une fresque à peindre sur le mur de la maison familiale de la Petite Gilberte de Courgenay, construite par Gustave Montavon. Quand elle prend contact avec Olivier Clory, il lui avoue que plus encore que d’argent il aurait besoin d’une secrétaire-caissière pour son association. Sans hésiter, elle se lance dans ce nouveau défi, contribue à récolter les quelque 20’000 francs nécessaires, à lever les oppositions et même à organiser une magnifique inauguration en 2017. Avec musique et chevaux, bien sûr ! Aujourd’hui, c’est toujours la Petite Gilberte qui occupe son temps puisque c’est Madelon qui a créé et qui gère le site www.gilbertedecourgenay.ch .

Quel est le secret de votre vitalité et de votre succès ? « Il faut avoir une bonne santé. Mon capital santé, je l’ai fait pendant la guerre. Mon père a vécu jusqu’à 101 ans ! Et puis, pour réussir, il faut avoir du plaisir à ce que l’on fait, c’est la recette du succès ! »

Claudine Assad

 

Madelon Blanchard a créé et gère le site dédié à la Petite Gilberte de Courgenay. (photos ca)