Actualités, Culture

En quête d’humour et d’aventure

Edition N°18 – 11 mai 2022

Loretta et Alan : des aventuriers en herbe pleins de ressources. (photo ldd)

Dans ce 10e épisode de notre série cinéma, nous nous plongeons dans une jungle étouffante, théâtre de la comédie d’aventure « Le Secret de la Cité perdue ».

Le syndrome de la page blanche est le poison des écrivains, et Loretta Sage ne dira pas le contraire. Cette auteure de romans d’aventure érotiques a toutes les peines du monde à boucler sa dernière œuvre littéraire. Manque d’inspiration ? Pas tout à fait car Loretta, ne supportant plus l’absence de son défunt mari, n’a plus la motivation d’écrire. Elle finit même par saboter involontairement la campagne promotionnelle organisée par son éditrice. Pour couronner le tout, l’auteure déprimée se fait kidnapper par un vilain milliardaire persuadé qu’elle l’aidera à trouver un trésor caché dans une cité perdue, Loretta ayant la capacité de traduire une langue ancienne et quasi inconnue. Mais c’était sans compter sur Alan, le mannequin benêt prenant la pose sur toutes les couvertures des romans de Loretta, qui décide d’aller la secourir. Le sauvetage finit par capoter et les deux héros maladroits doivent rejoindre la civilisation en traversant une jungle luxuriante et pleine de mystères.

Casting impuissant

Quel bonheur, quelle joie de revoir Sandra Bullock à l’écran, actrice se faisant hélas bien trop rare dans le paysage hollywoodien actuel.

Mais autant la joie est grande, autant l’on est rapidement déçu de constater que la belle ne brille franchement pas en termes de performance. Mono-expressive au possible, l’actrice parvient à arracher quelques rires aux spectateurs mais ne fait aucun effort.

D’ailleurs, le film ne sert pas ses intérêts en lui donnant un rôle plat dont l’unique but semble être de se pavaner maladroitement dans la jungle vêtue d’une combinaison moulante et pailletée.

Les autres personnages ne sont pas en reste : Channing Tatum tente une performance comique convaincante mais laisse tout tomber à la moitié de l’intrigue tandis que Daniel Radcliffe fait pitié à voir dans son rôle de méchant furibond. Le seul à s’en tirer n’est autre que ce bon vieux Brad Pitt qui vole toutes les scènes où il pointe le bout de son nez. Mais c’était sans compter sur les scénaristes qui ont décidé de se débarrasser de lui trop rapidement pour nous offrir le reste du film qui produit plus de grincements de dents que de rires.

Pensé comme étant une comédie, « Le Secret de la Cité perdue » est étrangement radin en humour. Hormis quelques situations rocambolesques que vivent les personnages, le film est bien trop timide et ne saisit jamais toutes les opportunités qui se présentent à lui.

La jungle est immense et pleine de possibilités comiques. Pourquoi donc ne pas pleinement en profiter ? Encore plus tragique, l’aspect aventureux du film est lui aussi très mal exploité. On nous ressert une énième histoire de temple perdu que les personnages finiront par trouver grâce à la magie du hasard. Les mystères sont résolus bien trop facilement, et quand le climax arrive, on ne peut qu’être amusé par la morale que « Le Secret de la Cité perdue » nous lance à la figure : le plus grand des trésors n’est ni de l’or ni des pierres précieuses, c’est l’amour. De l’amour, l’équipe du film aurait dû en garder pour elle car cette œuvre semble avoir été conçue sans aucune passion ni même imagination. A l’image de son titre vu et revu, ce film prouve une fois encore que Hollywood ferait mieux de se remuer un minimum les méninges plutôt que de recycler stérilement les œuvres qui avaient fait sa gloire d’antan.

Louis Bögli

« Le Secret de la Cité perdue »
Réalisation : Aaron et Adam Nee.
Durée : 1 h 52
Pays : USA.
Note : 2/5

 

3 questions à … Françoise Girardin,
responsable de la programmation
du Cinématographe

Diffuser des comédies telles que « Le Secret de la Cité perdue » représente-t-il une valeur sûre pour votre cinéma ?

C’est une comédie d’aventure grand public, donc pour nous ça ne se discute même pas. Par les temps qui courent, les gens ont besoin de souffler et ce film est selon moi une bonne bouffée d’air frais même s’il vaut mieux le regarder d’un œil pas trop critique.

Cette comédie débarque dans les salles quasiment en même temps que le colosse « Qu’est-ce qu’on a tous fait au bon Dieu ? » Le film a-t-il une chance face à un tel concurrent ?

Je ne pense pas que le combat soit perdu d’avance car il ne s’agit pas tout à fait du même public. « Le Secret de la Cité perdue » est plutôt adressé à des familles ou à des jeunes entre 12 et 14 ans. C’est un genre plus frais que celui de « Qu’est-ce qu’on a tous fait au bon Dieu ? » Les deux films ne se font pas de l’ombre et se complètent même plutôt bien.

Combiner la comédie avec un genre comme l’aventure, par exemple : une bonne idée ?

Cela peut être un défi, voire un risque. Lorsque la comédie est mal faite ou mal jouée, ça tombe rapidement dans le grotesque. Mais grâce aux très bons acteurs du film « Le Secret de la Cité perdue », l’ensemble fonctionne plutôt bien. (lb)

Loretta et Alan : des aventuriers en herbe pleins de ressources. (photo ldd)