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Grandval vu par un prof

Edition N°4 - 2 février 2022

Alain Saunier dans son jardin où il observe et photographie de nombreuses espèces d’oiseaux régionaux. (photo lb)

Né le 16 avril 1938, Alain Saunier n’a pas toujours vécu dans la commune de Grandval. Mais son métier d’enseignant et sa passion débordante pour l’ornithologie et la nature l’ont convaincu : il y vit avec sa femme depuis plus de soixante ans. Le Gravallon se remémore pour nous l’évolution scolaire du village ainsi que la nature qui l’entoure.

La vieille école 

Lorsque l’on demande à Alain Saunier qu’est-ce qui a l’a poussé à venir vivre à Grandval, le retraité répond simplement « le hasard ». Alain Saunier a passé toute son enfance dans le village de Reconvilier où il a effectué une partie de sa scolarité. Le reste, il l’a achevé à Moutier où il est parti vivre à l’âge de 18 ans. « On m’a sorti des études six mois plus tôt en raison d’un manque d’enseignants, notamment à Grandval », explique Alain Saunier avant d’ajouter qu’il n’y avait à ce moment-là que des remplaçants. Selon ses propres mots, le jeune Prévôtois s’est retrouvé catapulté à Grandval, petit village bernois qu’il ne connaissait que vaguement. C’était en 1958. On lui attribue cinq classes, composées d’écoliers tous issus de la même commune. En ces temps, les écoles fonctionnaient individuellement selon les villages: « C’était presque sectaire », déclare Alain Saunier avec humour. Tel un gourou de l’enseignement, il donnait presque toutes les matières, la plupart dans une salle de classe faisant aussi office de local de concert pour la fanfare. « Il y avait au fond une petite scène que j’ai par la suite transformée en salle de travaux manuels »,  se rappelle l’enseignant retraité. À l’époque, les élèves devaient souvent mettre les mains à la pâte, en s’occupant par exemple d’un grand fourneau qui chauffait la classe. On devait alors l’entretenir et l’alimenter en bois pour que les écoliers ne grelottent pas en hiver. « J’aimais mes élèves. En revanche je ne sais pas si eux m’aimaient. J’étais sévère et exigeant », rigole le retraité.  Lorsque le syndicat scolaire du Grand Val est créé en 1984, réunissant les écoles environnantes, Alain Saunier s’est retrouvé à enseigner une année à Corcelles, puis une année à Eschert, et ainsi de suite jusqu’à sa retraite en 1998 après quarante années de loyaux services.

Un village stable

Hormis les rénovations de l’école et le développement d’un nouveau quartier, Alain Saunier avoue ne pas avoir remarqué de grands changements dans le village, si ce n’est la disparition de l’unique bistro. « Il était directement lié à l’école car les personnes qui venaient boire un café venait parfois nous rendre visite », explique le retraité, avant d’ajouter : « Je ne suis pas un pilier de bistro, sa disparition ne m’a donc pas gêné. » S’en suivront courant 2000 l’arrêt de l’épicerie Vis-à-vis (dit Chez Schläffli pour les connaisseurs) puis la fermeture du bureau de poste. On notera aussi la construction d’une usine (aujourd’hui fermée) située dans les hauteurs de Grandval, projet qui avait à l’époque consterné l’enseignant retraité avant qu’il ne se mette à en rire : « Les personnes qui ont construit l’usine pensaient qu’elle pourrait se retrouver à côté d’une potentielle autoroute et qu’ils feraient ainsi des affaires. » Ce n’est un secret pour personne : jusqu’à présent, aucune autoroute ne traverse le Cornet.

La nature au premier plan

S’intéressant peu à la vie à Grandval et à sa politique, Alain Saunier s’est toujours tourné de préférence du côté des forêts enjolivant le Cornet. « J’étais écolo avant l’heure, et certains ne le supportaient pas. Je ne me suis donc jamais vraiment intégré au village. » Mais à force d’observer et de photographier la nature, Alain Saunier a pu constater que cette dernière n’a pas évolué en bien dans la vallée. « Avant, les chevreuils descendaient, j’avais même des lièvres dans mon jardin. Maintenant il n’y a plus rien car on fauche trop », regrette le retraité. Mais qu’à cela ne tienne, Alain Saunier a rejoint une équipe scientifique dont l’objectif est de protéger les trésors naturels du Raimeux, la montagne qu’il chérit tant. La réserve forestière du Raimeux est officiellement inaugurée en septembre 2005. Sans être un parc régional où tout est interdit, l’action permet de protéger 6 km de nature avec succès : « Il n’y a quasiment plus d’exploitation de bois de Moutier à Corcelles, ça devient donc une forêt riche en biodiversité, car sauvage. »

Entretemps, Alain Saunier continue de participer aux travaux d’entretien de la réserve forestière et est un membre actif du club d’ornithologie de Moutier. Avec une telle implication dans la protection de l’environnement, quel avenir Alain Saunier imaginerait-il pour son village de près de 400 habitants ? Ni plus ni moins que sa fusion avec les autres communes du Cornet, projet refusé en 2017. « Le Grand-Val, j’aimerais bien que ça se fasse, mais je n’y croirai pas tant que les mentalités n’auront pas changé. »

(lb)

Alain Saunier dans son jardin où il observe et photographie de nombreuses espèces d’oiseaux régionaux. (photo lb)