Nouveau directeur artistique du café-théâtre Aux Planches (Les Breuleux), Vincent Kohler a parfaitement réussi son baptême du feu. Le gala d’inauguration organisé vendredi dernier en présence d’artistes éblouissants s’est traduit par un feu d’artifice scénique de toute beauté. En mêlant subtilement l’humour, la chanson et la danse, le boss a touché sa cible en plein cœur. Mais pouvait-il en aller autrement?
Sacré Vincent Kohler! Il saura décidément toujours nous épater. D’abord par ses propres prestations scéniques et ensuite par ses capacités à réunir la crème des artistes romands dans un endroit retiré au nom pas très engageant: Les Breuleux. Vendredi dernier, en débarquant Aux Planches, le public ne savait pas vraiment à quoi s’attendre, le voile sur le contenu de la soirée n’ayant jamais véritablement été levé. Le moins que l’on puisse écrire, c’est que la surprise valait le déplacement. Chaque passage sur scène équivalait à un moment magique, unique. Cette proximité que le magnifique café-théâtre Aux Planches offre entre les artistes et le public fait toute la différence. Décontraction rime avec communion. C’est un peu comme si le temps s’arrêtait. En contemplant ce feu d’artifice, on oublie tout, on se réconcilie avec une vie soudainement joyeuse, lumineuse. Bref, on savoure le moment présent avec délectation. Un peu comme si nous étions appelés à déguster un grand cru sans le moindre risque de déceler un goût de bouchon. Le décor étant planté, le moment est venu de donner une note aux artistes qui ont gratifié l’assistance de ce spectacle pétillant. Comme Jacques Martin à l’Ecole des fans – si chère à François Vorpe, le propriétaire du lieu – tout le monde a gagné. Même en essayant de se mettre dans la peau d’un chroniqueur aigri, impossible de pousser un coup de gueule. Il y a uniquement de la place pour des coups de cœur.
La Gilberte et l’Amstutz
Le duo entre le journaliste Pierre Aucaigne et l’acteur de films porno Vincent Kohler fut un véritable moment d’anthologie. Au même titre d’ailleurs que les danses de l’artiste guadeloupéenne installée à La Chaux-de-Fonds Laurence Sambin. Le soussigné payerait cher pour acquérir sa souplesse. Oui, je sais, il y a du boulot.
Venu tout spécialement de Sonceboz en 2CV, le Bel Hubert, qui donne même l’impression d’avoir fait un effort vestimentaire en enfilant une salopette rouge, a fait fondre le public d’émotion avec sa chanson «La Gilberte et l’Amstutz». Poétique, tendre, audacieux, truffé de jeux de mots bien pensés et dénués de toute vulgarité, ce titre est une petite merveille qui mériterait amplement d’obtenir les honneurs de nos radios régionales. Pianiste et comédienne hors norme, Sandrine Viglino maîtrise tous les paramètres avec l’aisance qui caractérise les artistes de référence. Son sketch sur le Valais a fait mouche. Comme chacune de ses interventions sur scène, d’ailleurs. Thierry Romanens a montré qu’il avait toujours la frite. Surtout quand il se met dans la peau de Jacques Brel. «Chanteur, musicien, comédien de théâtre, acteur de cinéma et de séries, humoriste, metteur en scène, chroniqueur pour Les Dicodeurs, et encore coach pour différents chanteurs ou groupes, son CV est une valse à mille temps», peut-on notamment lire sur le site Internet du journal du même nom. Chroniqueuse et animatrice radio, la Franc-Montagnarde Laura Chaignat a fait souffler un vent de fraîcheur apprécié dans la chaleur étouffante du café-théâtre. Son imitation de la chanteuse Véronique Sanson a bluffé le public. Son humour décapant aussi. Elle a tout d’une grande: le talent, l’intelligence, l’audace et le charme. Vous avez dit ravageuse?
Soliste virtuose de l’ensemble de jazz électrique Inside Out, le flûtiste Mathieu Schneider a donné un large aperçu de son bagage classique via des prouesses phénoménales que le public a salué par une véritable ovation. Pianiste, organiste et compositeur, Olivier Magarotto s’est lui aussi mis en évidence de brillante manière lors de ce gala d’inauguration. Avec Mathieu Schneider, cet artiste aux multiples facettes a accompagné Vincent Kohler dans «La bande à Révox», véritable ode aux grandes heures de la radio. Un spectacle où l’humour et la musique font bon ménage. Artiste expressive à l’humour piquant, La Castou n’a rien perdu de sa verve d’antan. Sa voix donne toujours le grand frisson et ses anecdotes sont récitées avec tellement d’authenticité qu’on ne s’en lasse jamais. Elle a parlé du lien étroit qui la liait à François Silvant qu’elle considérait comme un frère. Cette artiste au tempérament de feu a même osé prétendre que Tramelan était la banlieue de Saignelégier lors d’un spectacle donné récemment dans le cadre de la Fête jurassienne de musique dans la cité de Virgile Rossel. Là où il y de la gêne…
Olivier Odiet