Chauffeur de taxi basé à la gare de Moutier depuis 2012, Eric Christen estime que c’est un endroit où il fait bon travailler. Et même lorsqu’il aura définitivement tourné le dos au métier, il y retournera pour dire bonjour aux personnes avec lesquelles il a tissé des liens durant toutes ses années. Quoi de plus normal pour un chauffeur de taxi que de vouloir garder le contact ?
Connu comme le loup blanc pour avoir roulé sa bosse dans les quatre coins de notre région, Eric Christen est actuellement domicilié à Rebeuvelier. Si cet électricien de formation semble toujours être au courant de tout, c’est simplement parce qu’il est de nature curieuse. Une curiosité saine, rassurez-vous. Lorsque nous lui avons demandé le regard qu’il portait sur le quartier de la gare, à Moutier, sa réponse a fusé : « L’ambiance est assez semblable à celle du centre-ville. Les gens sont sympas, mais quand on vient de l’extérieur, il faut quand même un petit moment avant de briser la glace », relève-t-il avec la malice qui le caractérise.
Ne pas se fier aux apparences
Comme chaque gare qui se respecte, on y trouve aussi son lot de personnes situées en marge de la société à la recherche de contact et de réconfort pour rompre une certaine solitude : « Vous savez, je ne me permettrai jamais d’avoir une connotation négative sur quelqu’un qui peut préalablement sembler bizarre, car derrière la marginalité se cachent souvent des trésors d’humanité », explique-t-il. Récemment, la gare de Moutier a défrayé la chronique, une personne âgée ayant été projetée au sol avant de se faire voler sa montre par des malfrats. Cela veut-il dire que notre chauffeur de taxi ne se sent pas en sécurité à sa place de stationnement ? « Ce triste et regrettable fait divers peut arriver n’importe où ; il ne faut donc pas en faire une généralité. En ce qui me concerne, je me sens davantage en sécurité à la gare de Moutier qu’à celle de Bienne ou de Delémont, par exemple. Et puis, lorsque j’ai déjà vécu une mauvaise expérience avec un client, je refuse tout simplement de le faire monter à bord pour une nouvelle course. »
Tailler une bavette à la buvette
Depuis qu’il coiffe la casquette de chauffeur de taxi à Moutier, soit décembre 2012, Eric Christen a considérablement agrandi son cercle de connaissances. Parfois, il arrive même que la relation de confiance qui s’instaure avec un client se transforme en une solide amitié. Une chose est certaine, notre chauffeur de taxi ne tirera pas un trait sur le quartier de la gare à Moutier lorsqu’il jouira d’une retraite bien méritée : « Je repasserai toujours par ce quartier pour tailler une bavette à la buvette ! » s’exclame-t-il. « Remarquez, ce constat n’est pas seulement valable pour la gare, mais également pour le centre-ville dans lequel je me sens aussi très à l’aise. » Il y a des gens comme ça. Leur bonne humeur contagieuse attire immédiatement la sympathie des gens. C’est son cas. Il est cool et n’a pas d’état d’âme, Eric. Un brave gars, quoi !
Olivier Odiet