Physiothérapeute sur le site de Saint-Imier de l’Hôpital du Jura bernois depuis 2008, Paula Tanner (ARC) a réussi l’exploit d’être élue au Conseil municipal de Saint-Imier sans jamais avoir baigné dans la politique auparavant. En charge du dicastère action sociale, cette mère de trois enfants en bas âge arrive parfaitement à concilier ses nombreuses activités grâce à une organisation sans faille et un mari très compréhensif.
Non, Paula Tanner n’est pas l’épouse du maire de Saint-Imier, mais sa cousine. En revanche, elle appartient au même parti, l’Alternative régionale et communale (ARC). Fruit d’un beau mélange culturel, cette femme pétillante aux origines angolaises a effectué toutes ses études au Portugal avant d’arriver en Suisse en 2008. Elle s’est portée candidate à l’Exécutif de Saint-Imier en 2018 sans jamais avoir goûté à la politique. Ses chances de décrocher un fauteuil semblaient minces, mais sa profession de physiothérapeute (60%) sur le site de Saint-Imier de l’HJB lui a permis de côtoyer tellement de monde depuis 2008 que tous les pronostics ont été déjoués. Sa brillante élection démontre qu’une cote de popularité en politique peut s’acquérir par d’autres canaux, en l’occurrence la voie professionnelle. Depuis le 1er janvier 2019, Paula Tanner dirige le dicastère action sociale qui englobe la jeunesse et la santé en plus du social. «Ce département me va comme un gant», confie-t-elle. «Comme les anciens ne l’ont pas revendiqué, je me suis empressée de saisir cette opportunité. Je me sens très à l’aise dans mon dicastère car le social m’a toujours intéressé au plus haut point, contrairement à des domaines plus techniques comme l’urbanisme ou les bâtiments, par exemple.»
Reine de l’organisation
En plus d’assumer la présidence des commissions sociale, jeunesse et santé, Paula Tanner représente la Municipalité de Saint-Imier au conseil de fondation La Pelouse (organisme préscolaire et parascolaire) au Home Hébron ainsi qu’au conseil de fondation Plein Soleil (colonie d’habitations pour personnes âgées ou invalides). Elle siège également au sein du conseil d’administration de l’entreprise Crescentia SA, active dans le secteur «activités de contrôle et analyses techniques». C’est le maire Patrick Tanner qui occupe la fonction de président. On peut légitimement se demander comment Paula Tanner s’y prend pour assumer à la fois ses fonctions de mère de famille, de physiothérapeute et de conseillère municipale sans jamais montrer le moindre signe de surmenage: «C’est une question d’organisation», explique-t-elle. «J’arrive parfaitement à boucler mes journées sans devoir me coucher après 22 heures.» Et notre interlocutrice d’ajouter: «Je ne me serais jamais engagée dans cette aventure sans l’accord de mon mari. Il travaille à 50% et si je dois m’absenter pour la commune, en journée ou le soir, c’est lui qui prend le relais. C’est l’avantage d’avoir un travail croisé.»
Craintes rapidement dissipées
Malgré son inexpérience politique, Paula Tanner n’a éprouvé aucun problème d’intégration au sein du Conseil municipal de Saint-Imier qui œuvre dans un esprit de collégialité exemplaire: «Ce saut dans l’inconnu ne s’est pas fait sans une certaine appréhension, mais mes craintes se sont rapidement dissipées», poursuit-elle. «Nous ne sommes évidemment pas toujours d’accord, mais les décisions se prennent dans le respect de chacun et le verdict est toujours accepté sans déceler la moindre tension. En clair, nous travaillons dans un but constructif en laissant la politique partisane de côté.» Parmi les principaux dossiers qui monopolisent l’attention des membres de l’Exécutif, on citera la mise en place du système des bons de garde, qui entrera en vigueur en août prochain, ainsi que la viabilisation du Plateau-de-la-Gare dont le crédit de 858’000 francs a déjà franchi l’écueil du Conseil général. Ce montant permettra de remplacer les réseaux souterrains. D’autres étapes suivront. La métamorphose de ce quartier comprend notamment la construction de la nouvelle Migros et l’implantation d’un établissement hôtelier de 44 chambres, soit le plus grand du Jura bernois. Ce projet permettra de combler une importante lacune au niveau de l’offre hôtelière.
L’opération «caddies KDO»
Défendant bec et ongles les valeurs de l’échange et du partage, Paula Tanner ne cache pas qu’elle est allergique au concept Black Friday et à la surconsommation qui en découle. Pour prendre le contre-pied de cette frénésie d’achat liée à des «pseudo-rabais» qui ne sont pas véritablement accessibles aux familles défavorisées, l’élue d’Alternative régionale et communale est l’instigatrice du projet «caddies KDO». Dès le 18 novembre dernier, la population de Saint-Imier a pu déposer dans des caddies – de manière anonyme – jouets, livres, jeux de société, puzzles, trottinettes, DVD, etc. neufs ou en parfait état. Cette démarche a duré deux semaines. Une semaine supplémentaire a été nécessaire pour le tri et le rangement des différents cadeaux récoltés gratuitement durant la quatrième semaine. Cette action de solidarité qui a rendu de nombreux enfants heureux à Noël a connu un succès inespéré pour le plus grand plaisir de Paula Tanner. Pour l’heure, il est encore trop tôt pour affirmer que la physiothérapeute de Saint-Imier briguera un nouveau mandat à l’Exécutif aux prochaines élections municipales, mais cette riche expérience lui donne entière satisfaction: «Pour l’instant, je ne conçois pas de m’impliquer en politique à un autre échelon que celui de la commune. Mon moteur, c’est la proximité. Je suis à l’écoute des besoins de la population et je m’efforce d’y répondre dans la mesure de mes possibilités. Sachant que tous les paramètres ne peuvent pas encore être maîtrisés à ce jour pour décider si je serai candidate à ma propre succession, je préfère entretenir le mystère pour l’instant. Je pèserai le pour et le contre en temps voulu», conclut Paula Tanner, non sans préciser qu’elle a pour habitude de s’engager dans la durée. Et si c’était déjà un élément de réponse révélateur?
Olivier Odiet