Pour remplacer Daniel Wettstein parti à la retraite, Thierry Dominicé officie depuis le 1er janvier dernier dans le Par8 en tant que nouveau pasteur de la Paroisse réformée de Haute-Birse. Portrait d’un Genevois de 48 ans habitant Muri bei Bern, marié, quatre enfants, qui s’est forgé une vie spirituelle pragmatique, gratifiée de sagesse et d’empathie.
« J’ai toujours été attiré par la théologie. » Mais Thierry Dominicé n’est pas encore tout à fait plongé dans la liturgie lorsqu’il obtient en 1998 son Master en Relations internationales. Très engagé dans le scoutisme et dans le monde associatif, le jeune adulte vaque à d’autres occupations en parallèle à ses études. « Concrètement, j’ai voulu voir ce qu’est la réalité du terrain pour être en contact avec des enfants et adolescents de la rue d’Amérique centrale », relève le pasteur qui passe alors un an comme éducateur bénévole dans un refuge au Guatemala, puis au Honduras. Cela a-t-il forgé votre foi ? « Je dirais que ça décape ! C’est violent de voir des gamins de 10 à 12 ans qui ont des problèmes d’alcool, qui sniffent des solvants, qui se droguent, qui se prostituent à peine pubères. Là, j’étais dans le côté sombre de l’humanité », considère-t-il. Une expérience qui le transforme : « C’était extraordinaire. J’encadrais des activités où, finalement, j’ai beaucoup plus reçu que donné. » Quelle lumière leur avez-vous apportée ? « Je leur donnais confiance pour qu’ils progressent et qu’ils reprennent le fil afin de les motiver peu à peu à découvrir leurs ressources pour s’en sortir. »
Des Diaconesses à Médecins du Monde
Une autre expérience, encore plus pragmatique, emmène Thierry Dominicé à Versailles pour un séjour dans la Communauté des Diaconesses de Reuilly. Avec un aide, il s’occupe de l’entretien des lieux comme menuisier, peintre et jardinier. Il partage son temps entre ses études et la vie liturgique de la communauté. En marge de ses deux diplômes, un Bachelor et un Master en Théologie obtenus à l’Université de Genève, le pasteur cumule de nombreuses autres activités : chef de projet à Médecins du Monde, administrateur à Médecins sans Frontières et Vétérinaires sans Frontières. Il a même touché aux finances de l’Ecole nationale des Ponts et chaussées de Paris.
Une activité à 90%
Conforté par ses expériences et ses études universitaires, Thierry Dominicé entame en 2019 son stage pastoral dans le Par8, à Bévilard, avant de devenir, l’année dernière, pasteur de l’Église réformée Berne-Jura-Soleure. Après le départ à la retraite de Daniel Wettstein, le Par8 l’engage dès le 1er janvier 2021 à la Paroisse réformée de Haute-Birse. Une activité à 90% dont il peut s’enrichir : « Epaulé par une centaine de bénévoles, je vaque aux occupations les plus variées : le catéchisme pour les enfants, les activités pour les personnes âgées, les fêtes de paroisse et autres. » En somme, vous êtes le chef d’orchestre de la paroisse ? « Presque, car les bénévoles sont pleinement impliqués dans la bonne marche des activités de la paroisse. »
Message d’espérance
En ces temps troublés, que vous évoque la pandémie actuelle ? « Elle est révélatrice de la vulnérabilité de l’humanité. On était dans une forme de fuite en avant, pour aller toujours plus loin, toujours plus vite, toujours plus haut. Cela nous interpelle et nous fait réfléchir. » Dieu a-t-il voulu nous donner une leçon ? « Non, je ne crois pas à cette vision où cela serait une forme de punition. Cela ne fait qu’augmenter notre angoisse et notre culpabilité. Il faut plutôt se demander en quoi nous mettons notre confiance. » Une autre voie pour s’en sortir…
Roland J. Keller