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L’aventure avec un petit « a »

Edition N°7 - 23 février 2022

« Sully » (à gauche) et Drake sont fins prêts à affronter tous les dangers pour dénicher le magot du siècle. (photo ldd)

Dans ce 5e épisode de notre série cinéma, nous vous emmenons aux quatre coins du globe en compagnie de chasseurs de trésors, héros ou presque du film « Uncharted ».

« Uncharted », késako ? Le nom ne vous dira peut-être rien. Les fans de jeux vidéo, eux, sauront certainement de quoi il est question en lisant le titre signifiant « inexploré » en bon vieux français.

« Uncharted » est donc une série de jeux dans lesquels le joueur incarne Nathan Drake, un aventurier amateur de trésors, casse-cou, un brin maladroit mais incollable en histoire. Véritable Indiana Jones du 21e siècle, il s’en va explorer des vestiges du passé flanqué d’acolytes douteux et se met à maintes reprises en danger à cause de pièges poussiéreux ou de méchants ultra-riches voulant eux aussi leur part du gâteau. L’adaptation au cinéma correspond pile-poil au matériel de base, à la différence près qu’il s’agit ici des origines du héros qui n’avaient été que survolées auparavant. On y suit un jeune Drake qui, aussi incongru que cela puisse sembler, gagne sa vie en préparant des cocktails dans un bar et en volant ses clients. Pas vraiment l’idée qu’on se ferait d’un aventurier bravant d’antiques dangers. Mais c’était sans compter sur Victor « Sully » Sullivan, escroc grande gueule, qui offre au jeune barman l’opportunité de sa vie : dénicher un fantastique magot planqué par le navigateur espagnol Magellan et retrouver au passage Sam, le frère disparu de Drake.

Passer du 10e au 7e art

« Uncharted » a beau être de base un jeu vidéo, il s’inspire énormément des codes du cinéma. On pourrait alors se dire qu’un passage dans les salles obscures relève de l’évidence puisque l’œuvre y a puisé sa force. Mais passer de la manette à la pellicule n’a rien d’un jeu d’enfant, comme l’ont prouvé les moult adaptations ratées de jeux vidéo au cours des dernières décennies.

« Uncharted » peut se vanter de se hisser en haut du panier, principalement grâce à un solide matériau de base mais aussi une exécution respectueuse et divertissante. En témoigne le casting de Tom Holland dans le rôle de Nathan Drake qui livre ici une interprétation dynamique et atta-chante du personnage. On peut en dire de même pour Mark Wahlberg qui incarne parfaitement le compagnon le plus fidèle de Drake.

L’alchimie entre les deux personnages fonctionne malgré le fossé les séparant : l’un est plein de bonne volonté tandis que l’autre est purement égoïste. A contrario, les méchants n’impressionnent pas. Un Espagnol véreux et sa comparse jouant avec un couteau karambit font davantage office de cases à cocher clichés que de véritables partis pris scénaristiques.

Un air de déjà-vu

Mais qu’en est-il de l’aventure en elle-même ? Malheureusement, c’est là que le bât commence à blesser. Si on a bien droit à quelques scènes d’exploration sympathiques, à une bagarre dans les airs et à un final complètement barré où des hélicoptères font voler des galions, le film reste assez chiche en action.

L’aventure est par ailleurs étrangement molle, nos héros ne se rendant que dans deux pays différents pour y trouver des indices. Pas franchement excitant, surtout lorsque l’on s’aperçoit que les énigmes qui faisaient le sel du jeu de base semblent ici bien trop faciles voire téléphonées. C’en est à un point où l’on aurait presque l’impression que Drake lit le scénario à la place d’une carte au trésor.

Les cinéphiles l’auront remarqué, tout ce que le film propose a déjà été mieux fait précédemment, la saga « Indiana Jones » en étant le meilleur exemple. Reste que « Uncharted » est un objet filmique correct et divertissant mais principalement adressé aux joueurs désireux de laisser leur manette de côté le temps de deux petites heures. Alors, on tente l’aventure ?

Louis Bögli

« Uncharted »

Réalisation : Ruben Fleischer

Durée : 1 h 56

Pays : USA

Note : 3/5

 

3 questions à …

Mourad Allaf, Coresponsable de la programmation du Cinéma Palace à Bévilard

Le cinéma d’aventure est-il devenu une rareté en salle ?

Non, au contraire. Je dirais même que c’est quelque chose qu’on revoit de plus en plus. Il est clair que les films de super-héros dominent actuellement l’industrie du cinéma, mais ce sont aussi en quelque sorte des œuvres d’aventure. J’aurais de la peine à les séparer de ce genre.

Les adaptations de jeux vidéo comme « Uncharted » en films sont-elles populaires ?

On en a déjà fait l’expérience en 2018 avec le film « Tomb Raider » qui est aussi inspiré d’un jeu d’aventure. Il avait très bien fonctionné dans notre salle. Une autre adaptation, « Assassin’s Creed », avait elle aussi reçu un accueil positif de nos spectateurs. En revanche, le film « Ready Player One » du réalisateur Steven Spielberg n’avait pas aussi bien fonctionné lors de sa sortie en 2018, ce qui est étrange car c’est une œuvre compilant de nombreux héros issus de plusieurs jeux vidéo.

Cinéma et jeux vidéo : un bon compromis ?

Oui, car comme on le voit dans tous les univers un peu concrets, que ce soit dans les jeux vidéo ou les films, on aime bien avoir ce qu’on appelle un univers étendu, quelque chose qui forme une continuité. C’est aussi un peu le cas avec la musique ou la bande dessinée. Le cinéma s’inscrit bien là-dedans, notamment car c’est un lieu de rencontre où les gens peuvent se retrouver. C’est quelque chose de positif.

(lb)

 

« Sully » (à gauche) et Drake sont fins prêts à affronter tous les dangers pour dénicher le magot du siècle. (photo ldd)