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Le combat prend des allures de boucherie

Edition N°14 – 13 avril 2023

Bonne chance aux assassins lancés aux trousses de John Wick (à gauche) : il ne se laisse pas facilement tuer. (photo ldd)

Le 25e épisode de notre série cinéma s’annonce… saignant. Dans « John Wick : Chapitre 4 », l’assassin du même nom sème le chaos sur son chemin en transformant en passoire tous ses infortunés ennemis. Au bout de ce combat spectaculaire, la liberté. Peut-être. 

En termes de cinéma d’action, les cinéphiles vétérans connaissent le militaire John Rambo ou le flic John McClane. Mais les plus jeunes ont découvert en 2014 un nouveau héros prompt à la baston qui deviendra rapidement un personnage culte dans la pop culture. Un autre John, John Wick. Mais qui est-il ? Assassin de profession, notre héros interprété par Keanu Reeves décide de se ranger lui et ses armes pour mener la vie normale que nous montrait le premier film. Mais un malheur n’arrivant jamais seul, sa femme succombe à une maladie et le chiot offert par cette dernière se fait tuer lors d’un cambriolage. Cet incident va réveiller la bête qui sommeille en John et l’obliger à redevenir l’assassin qu’il était : le Baba Yaga, ou Croquemitaine en français. 

Dans « John Wick : Chapitre 4 », l’inarrêtable machine à tuer doit faire face à un obstacle toujours plus insurmontable : la Table. Une organisation criminelle mondiale que John a trahi dans les films précédents et qui cherche à le faire mourir depuis. Une opportunité inespérée s’offre cependant à l’assassin qui, grâce à elle, pourrait bien trouver sa rédemption. Mais l’infect Marquis de Gramont, fraîchement mandaté par la Table, a bien l’intention de lui compliquer la tâche. 

Ames sensibles s’abstenir 

N’entrez pas dans la salle obscure en vous attendant à une œuvre constructive : dans la quatrième aventure de John Wick, les coups de feu sont plus nombreux que les mots. Surgissant en vagues, les malheureux assassins pensant pouvoir faire la peau du Croquemitaine finissent pour la plupart avec un trou dans la tête ou, pour les plus chanceux, subissent une glorieuse déculottée à coups de nunchakus ou de voitures. L’acteur Keanu Reeves loupe rarement sa cible et fait preuve d’une combativité spectaculaire et inébranlable. Car oui, malgré les contre-attaques, le personnage de John Wick se relève toujours et semble tout simplement indestructible. Grandement aidé par son costume rembourré au kevlar, l’assassin enchaîne les scènes d’action démentielles, défiant la logique pour le plus grand plaisir des spectateurs assistant à ce spectacle de gladiateurs. Une belle générosité bien répartie dans un film relativement long mais jamais ennuyeux, chaque moment de bravoure réalisant l’exploit de surpasser le précédent. 

Un univers riche 

Le fond du film est certes passable, mais la forme l’est bien moins. Chaque plan bénéficie d’une esthétique soignée et belle à regarder, même durant les plus bourrins des combats. L’œuvre est entrecoupée par de somptueux décors souvent éclairés par une sublime lumière orange, symbolisant à la fois le lever d’un nouveau jour mais aussi la colère bouillonnant à l’intérieur du héros. Ajoutons à cela des lieux de tournages bien exploités, allant de Morocco à Paris, en passant par New York et Berlin. Pourquoi tant d’endroits ? Parce que John va de continent et continent pour trouver des individus et des lieux liés à la redoutable Table. En résulte un univers vaste et crédible qui ne cesse d’être étendu à chaque nouvelle suite de la saga (lire encadré). Chaque nouvelle destination amène d’ailleurs l’assassin à affronter des adversaires toujours plus tordus : M. Personne, un traqueur borné accompagné de son fidèle chien, Caine, un samouraï aveugle, ou encore Kila, un Berlinois rieur et enveloppé mais redoutable au combat rapproché. 

Malgré ses presque trois heures, « John Wick : Chapitre 4 » ne perd jamais son souffle et est un moment plaisant à passer au cinéma. Si l’on met de côté l’aspect jouissif de ses combats, il est même possible de ressentir par moments une douce mélancolie générée par John et son destin chaotique. En fin de compte, une brute restera toujours humaine, même le Croquemitaine. 

Louis Bögli 

John Wick : Chapitre 4
Réalisation : Chad Stahelski
Durée : 2 h 49
Pays : USA
Note : 4.5/5 

 

La création d’une franchise

Suite au succès surprise du premier film John Wick, les producteurs n’ont pas tardé à chercher comment surfer sur la vague pour se remplir les poches. Une aubaine pour eux : la première aventure de l’assassin présentait un monde nouveau où les tueurs à gages suivent un code particulier régi par un ordre mystérieux et implacable. Il y avait franchement de quoi faire une franchise. Trois suites généreuses sont donc déjà sorties, et c’est loin d’être terminé, autant sur le petit que le grand écran. L’univers John Wick va être plus profondément exploré avec la série télévisée « The Continental », racontant les origines de l’hôtel du même nom présent dans les quatre films. Prévue pour 2023, elle devrait être suivie ou précédée par « Ballerina », long-métrage suivant une danseuse de ballet qui n’est autre qu’une assassine réclamant vengeance. Rien de bien étonnant dans le paysage cinématographique actuel où tout est désormais dérivé en franchises interminables. Mais avec John Wick, les choses s’annoncent un poil plus excitantes et explosives. (lb) 

Bonne chance aux assassins lancés aux trousses de John Wick (à gauche) : il ne se laisse pas facilement tuer. (photo ldd)